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Voyage à Batna Poésie et austérité des Aurès
Publié dans Batna Info le 23 - 10 - 2009


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De Batna, Amar Naït Messaoud
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Un cours d'eau coupe la ville en deux : il s'agit de Oued El Gourzi, qui va se déverser à Sebkhat Ezzemoul, une dépression située à 17 km avant Aïn M'lila. Oued El Gourzi ne reçoit pas uniquement les eaux de la montagne, mais malheureusement, il recueille tous les détritus, les eaux usées et des objets hétéroclites de la ville. Pourtant, Batna est une belle et charmante ville habitée par plus de 200 000 habitants.
Telle que nous l'avions laissée il y a trois ans au cours d'un voyage où il nous a été permis d'aller dans les profondeurs de ses villages perchés sur les monts acérés des Aurès, Batna a assurément changé. Et pas toujours en bien. En tout cas, des masses imposantes de béton barrent maintenant le champ visuel qui, naguère, ouvrait la vue sur la verdure périurbaine et sur les faubourgs rattachés par de fluettes venelles au centre de la ville. L'exemple le plus frappant en la matière est certainement le boulevard inaugurant la Route nationale Batna-Khenchela. Entre le ‘'Parc à fourrages'', quartier faisant la jonction du cœur battant de la ville à la sortie Est, et les immeubles constituant l'hôpital Touhami-Benflis et la résidence universitaire, tout un cortège de villas, garages, magasins et restaurants ferment l'aile gauche de la route au point qu'il est impossible de trouver un espace libre rompant cette morose monotonie. La seule curiosité est sans aucun doute cette fébrilité peu commune s'emparant des femmes et des hommes devant l'établissement hospitalier de statut universitaire. Le nombre de cas d'urgences (blessés, intoxiqués, suicidés) signalés au portail de cet établissement crée un mouvement extraordinaire de véhicules et de personnes. À cette cohue affairée, s'ajoutent les étudiants et étudiantes venant de la ruelle perpendiculaire abritant la clinique Ibn-Sina. À cet endroit précis, se concentrent tous les prestataires de services en informatique (cybercafés, saisie, photocopie), en téléphonie (taxiphone, services fax) et les marchands de produits alimentaires et fruits de luxe destinés aux visiteurs de malades à l'hôpital. Ici, il ne faut pas vous étonner qu'on vous cède une bouteille d'eau minérale de marque ‘'Batna'' pour 40 DA ou des oranges Thomson pour 140 DA. Le bus venant de Tazoul (ex-Lambèse) déverse des dizaines de voyageurs devant le portail de l'hôpital. Et c'est à ce moment-là qu'une jeune femme, légèrement voilée et portant un tatouage chaoui sur son menton proéminent, crie à tue-tête : «Où est mon portable ? On me l'a chipé à la descente du bus. C'est lui ; celui qui me guettait depuis presque une demi-heure, qui porte une kachabia noire, qui l'a pris. J'en suis certaine». Une accompagnatrice essaye de la calmer en lui faisant remarquer qu'elle a mal fait de poser son appareil de façon très apparente sur son sac à main, sac qu'elle tenait dans son giron. Et puis, lui rappelle-t-elle, le temps de la visite des malades est arrivé et que cela ne sert à rien de poursuivre un fantôme. «C'est sûr que maintenant il est déjà arrivé au ‘'Parc à fourrages'' ; il faudra passer tout à l'heure, à la sortie de la visite, au commissariat de police et au point de vente de Djezzy pour déclarer la perte de l'appareil». Le phénomène du téléphone portable a gagné les campagnes les plus reculées des Aurès. Pour preuve, tous les voyageurs qui descendent des bus venant d'Arris, de Teniet El Abed ou de Timgad, ont l'appareil accroché à l'oreille pour annoncer à leurs proches qu'ils sont arrivés au chef-lieu de wilaya. L'autre changement intervenu au cours de ces dernières années, c'est la délocalisation de la gare routière. Alors qu'auparavant elle trônait au centre-ville en créant un extraordinaire engorgement, cette station vient d'être déplacée à la sortie Sud (vers Aïn Touta et Biskra). Il est vrai que pour y aller à partir du centre-ville, il faut impérativement prendre le bus des transports urbains ou bien un taxi. La distance est d'environ 4 km. Par rapport aux points les plus extrêmes de la ville, la gare se situe à 6 ou 7 km. Ce qui est gagné en calme et en fluidité en ville est compensé négativement par l'éloignement. Qu'à cela ne tienne, les habitants semblent accepter ce petit sacrifice qui semble donner à la ville de nouvelles dimensions. À partir du carrefour du ‘'Parc à fourrages'' (les bus signalent en arabe sur leurs pare-brises ‘'Barkafouradj''), deux larges avenues se séparent vers l'Ouest. L'une aboutit au cœur grouillant de la ville, l'autre rejoint l'université L'Hadj-Lakhdar et la caserne de l'ANP.
Ici, une vieille muraille se dresse parallèlement à la voie. C'est probablement le vestige d'une construction coloniale datant du 19e siècle. A midi, une marée humaine envahit cette partie de la ville. Il s'agit des étudiants, des flâneurs et des dragueurs, en plus de ceux qui font habituellement leurs emplettes dans les ruelles perpendiculaires qui comptent plusieurs petits marchés informels. La masse des passants avance lentement dans le sens de la Grande Poste, sise à l'angle de deux grands boulevards. Là, les gens, tous en commençant à se disperser, créent de nouveaux regroupements dont la majorité finissent aux allées Ben Boulaïd, un pittoresque et rare coin de tranquillité à Batna. Les cafés et les magasins luxueux de ce quartier sont alignés sur deux couloirs séparés par une rue d'une largeur de presque 40 m. Au milieu de cette largeur, sont dressés des arbres en double rangées envoyant leur ombrage sur la totalité de la voie. Les meilleures terrasses de café se trouvent ici. Les couples et les solitaires y trouvent toute la quiétude voulue. Le quartier se trouve abrité des vents de sable connus ici pour leur fréquence- on est à la porte du désert-, comme il échappe aux torrides rayons du soleil par une présence imposante de houppiers d'arbres dont l'ombre porte très loin.
Une ville tentaculaire et cosmopolite
En abordant la wilaya de Batna par le Nord-Ouest, c'est à une immense plaine que nous avons affaire, territoire séparant Batna de Sétif. Le seul obstacle à la vue, ce sont ces pics des monts de Merouana que nous mettons plus d'une heure à approcher de près. Après la sortie d'El Eulma (ex-Saint-Arnaud), nous quittons la RN 5 en direction du Sud-Est. À partir des Chotts de Hammam S'Khouna, nous apercevons déjà les monts acérés des Aurès. Nous traversons en trombe les localités de Oum Ladjoul et Aïn Djasser ; puis, un peu plus loin, un avion entame sa descente sur la piste de l'aéroport de Batna. Merouana et Sériana sont laissées à droite, et nous rejoignons la voie express (RN 13) Batna-Constantine. 23 km plus loin, la ville de Batna se dévoile tout de go après un barrage routier assez sévère dressé à l'entrée de l'agglomération. Après la descente du taxi qui vient de prendre place dans une aire assez coquette, le premier immeuble qui s'impose à la vue est celui abritant la radio régionale, ‘'Radio Aurès''. Le visiteur n'a pas trop à se bousculer dans les venelles pour chercher le centre-ville ou l'avenue principale. Il suffit de faire quelques pas nonchalants, à quelque 100 m d'ici, pour tomber sur les grands établissements (cafés, restaurants, magasins). Ce qui, dès l'abord, frappe la vue du visiteur, ce sont ces larges avenues qui lui font oublier qu'il est en train de circuler dans un couloir situé entre deux montagnes : Ich Ali et Belezma. L'agglomération de Batna est flanquée sur ses côtés de ces deux sierras envoyant de loin leur exubérante verdure. La ville est située à 1 020 m d'altitude, une position qui lui fait valoir un climat continental des plus rigoureux : torride en été (d'autant plus que la limite géographique du Sahara, symboliquement arrêtée à l'oasis El Kantara, est à 68 km d'ici), et glacial en hiver. Un cours d'eau coupe la ville en deux : il s'agit de Oued El Gourzi, qui va se déverser à Sebkhat Ezzemoul, une dépression située à 17 km avant Aïn M'lila. Oued El Gourzi ne reçoit pas uniquement les eaux de la montagne, mais malheureusement, il recueille tous les détritus, les eaux usées et des objets hétéroclites de la ville. Pourtant, Batna est une belle et charmante ville habitée par plus de 200 000 habitants. Les allées Ben-Boulaïd, lieux ombragés et pittoresques, vous font parfois oublier que vous êtes dans un site urbain. Circulation automobile calme et modérée, présence prégnante mais discrète de femmes et de couples venus se délasser à l'ombre des platanes, sur des terrasses bordant des boulevards spacieux et propres. Lors de la sortie des classes, de véritables marées humaines envahissent les principales artères de la ville. Lycéens et étudiants créent une animation toute particulière à proximité des établissements et aux arrêts de bus. La cité universitaire de Bouakkal est un point de ralliement de toute la jeunesse oisive pour des scènes de galanterie. C'est aussi un lieu d'exhibition des charmes féminins et des grâces juvéniles malgré une présence assez forte du foulard et du hidjab. Il paraît que le voile n'oppose aucune résistance aux blandices viriles dans l'aire chaouie. Les nouveaux forums de rencontre sont d'abord les cybercafés qui ont eu les suffrages de toute la jeunesse. Mais, il y a aussi beaucoup de pizzerias qui reçoivent les couples. Ces établissements sont en grande partie tenus par des Algérois et des Constantinois. Malgré ses aires et ses artères spacieuses, le centre-ville est caractérisé par le boucan et la foultitude de milliers de personnes et de centaines de véhicules qui y circulent. De grands magasins bien achalandés exposent leurs marchandises à même le trottoir. Ici, le secteur du commerce est ouvert à toutes les régions du pays : Bougie, Oued Souf, Biskra, Boumerdès, Tizi Ouzou, M'Sila,...A quelques dizaines de mètres du centre-ville, un marché permanent est installé et occupe plusieurs ruelles maillant le quartier. On y expose des vêtements de luxe, des produits locaux, merceries et jouets chinois, électroménager, puces et autres babioles. Après 17 heures, c'est la ruée vers les étalages. Femmes et hommes s'y bousculent pour fixer un choix ou juste pour demander le prix. Face à la gare de transport urbain, se dresse une foire permanente où se côtoient toutes sortes de marchandises. Le nouveau produit fétiche est certainement le téléviseur à écran plat géant adapté à toutes sortes de support (mur, table de salon, cours de la maison). À 64 000 dinars, les gens se rincent les yeux devant des images grandeur nature à forte résolution. C'est un petit attroupement qui se forme autour de ce curieux équipement de fantaisie. Dans cette venelle sombre et étroite qui prend naissance à partir de la grande avenue, le même bouquiniste que nous avions laissé ici il y a trois ans de cela continue à proposer ses livres aux passants. Il faut dire qu'en matière de qualité et de nature des ouvrages, il est mieux loti que la plupart des librairies qui ont pignon sur rue. Malgré le caractère cosmopolite de la ville de Batna, la présence chaouia est très ressentie dans la rue. Contrairement aux années 80, la langue chaouia est pratiquée à grande échelle : dans les bus, les magasins, les marchés et les jardins publics. On montre même une certaine fierté à la pratiquer. «Qui l'eût cru il y a une vingtaine d'années, nous fait remarquer un vieux commerçant bougiote ? Actuellement, des pièces de théâtre sont jouées en chaoui ; les chansons chaouies envahissent les rues de Batna, Khenchela et Aïn Bedha». Notre interlocuteur nous apprend que toutes les structures existantes en Kabylie ont leurs prolongements ici : partis politiques, associations culturelles et citoyennes. Agissant cependant dans un milieu complexe, parfois carrément hostile, ces organisations n'ont pas connu la même fortune qu'en Kabylie. À la ville de Batna colle, à tort ou à raison, l'étiquette de la capitale des ‘'décideurs'' du pays. Ville de Nezzar, Benflis, Redha Malek et Zeroual, elle est aussi la ville de l'‘'émir'' Sahraoui de triste mémoire, qui avait semé la terreur de Merouana à Teniet El Abed en tuant et égorgeant de simples citoyens ou des éléments des services de sécurité. Aujourd'hui, ses ‘'frères d'armes'' repentis sont éparpillés aux quatre coins de la ville, versés dans le commerce informel et dans la vente de la littérature de subversion.
Destin aurésien
Les géographes et les sociologues prêtent une forte personnalité au massif des Aurès. Son relief et sa population lui ont valu parfois le nom de la ‘'Kabylie du Sud''. L'universitaire Marc Côte écrit dans sa Géographie de l'Algérie' (publiée à la fin des années 60) : «L'Aurès se présente comme un haut bastion limité à l'Ouest par la grande dépression de Batna, à l'Est par la vallée de l'Oued Larab, et tombant très brutalement au-dessus des plaines sur ses faces Nord et Sud. Il domine de 1 300 m au Nord les hautes plaines situées à 1 000 m d'altitude, et de 1800 m au Sud la cuvette des Grandes Chotts (situées au niveau de la mer). C'est un massif montagneux difficile d'accès, peu aéré. Il est dissymétrique : les versants longs s'abaissant vers le Sahara, les sommets se dressant en promontoires face au Nord».
On a coutume de voir dans les populations des Aurès des gens austères et fanatiques, cultivant ‘'Taghannant'' jusqu'à ses extrémités. C'est bien sûr une image d'Epinal colportée connaissant probablement mal la sociologie de l'Algérie. Dans les Aurès, il y a des gens attachants, hospitaliers, fiers de leur terre, de ses monts et de ses vallons. Ils sont la majorité. Maintenant, qu'il y ait une ‘'logique'' aurésienne, une vision du monde propre à cette région, c'est possible ; c'est plus une richesse qu'une tare.
Le massif des Aurès supporte les deux points culminants de l'Algérie du Nord : Djebel Mahmed à 2 321 m et Djebel Chélia à 2 328 m d'altitude. La géologie de l'Aurès est bâtie sur la base des calcaires et des marnes. Le type de structure est fait de larges ondulations synclinales et anticlinales qui se succèdent. Les masses anticlinales sont aplanies, dominent les synclinaux largement ouverts vers le Sud et qui donnent quelque aération au massif. Tout l'Aurès central est ainsi bâti autour de l'axe symétrique que représente Djebel Azreg. Marc Côte constate : «Tout l'Aurès est en contraste. Le versant Nord porte des forêts de chêne vert et, en altitude, de belles cédraies qui couronnent les sommets des grands anticlinaux sur sol gréseux siliceux. Le versant méridional ne porte que des forêts xérophiles de pin d'Alep et de genévrier de Phénicie qui font place, plus loin vers le Sud, à la steppe, et dans le fond des vallées, aux palmeraies». L'Aurès fait ainsi cohabiter, à 30 km de distance, le cèdre et le palmier ! L'on moissonne le blé en juin dans le nord, en mai dans le centre et en avril dans les palmeraies. L'Aurès met directement en contact le Telle et le Sahara. Aucune région du Maghreb ne présente de telles oppositions. L'histoire tumultueuse de la région, depuis la conquête arabe jusqu'à la guerre de Libération (wilaya I), a forgé le caractère des habitants et la sociologie aurésienne.
Dans son livre sur La femme chaouia de l'Aurès (1929, réédité par Chihab-Awal en 1998 et préfacé par Tassadit Yacine), l'ethnologue Mathéa Gaudry écrit : «Farouchement indépendants, comme les gens de montagne, les chaouia furent, au cours des âges, toujours prêts à la révolte, et leur histoire impétueuse et négative entre toujours en tourbillon dans l'histoire du Maghreb. Aujourd'hui encore, la liberté leur est chose si indispensable qu'il n'est pas rare de les voir dépérir de langueur au cours d'une détention prolongée ; ils ne sont cependant pas ennemis de l'autorité ; ils la respectent même lorsqu'elle sait se présenter à eux sous la forme de la justice, car elle répond alors à leur sens impérieux de l'équité. Individualistes et égalitaires, ils sont cependant profondément unis à leur famille, à leur tribu, et resserrés dans l'indivision à la faveur de leur pauvreté. Animés du plus vif sentiment de propriété, imbus de particularisme et attachés à la parcelle de terre que les nécessités économiques les obligèrent à gagner par les armes, ils ne pourraient, comme font les Kabyles ou les Mozabites, s'en éloigner pour aller travailler dans les villes : la nostalgie les ramènerait aussitôt en Aurès». Cela se passait au début du 20e siècle. pendant la guerre et à l'Indépendance, outre l'émigration en France, un exode massif a eu lieu vers les villes du massif, note Marc Côte. C'est ainsi que Batna et Khenchela, situées au pied même de l'Aurès, sont les deux villes du Constantinois dont la population a le plus crû de 1954 à 1966. aujourd'hui, l'émigration continue, mais vers les villes lointaines qui offrent plus de débouchés de travail comme Alger et Oran. Cette émigration se fait souvent par relais : des familles rurales qui s'installent à Batna y remplacent les vieilles familles citadines qui sont partie à l'Ouest ou au Centre.
Sur la voie de Aïn Touta
Batna est traversée par la RN 3 qui prend naissance à Skikda et s'achève à Illizi. Elle coupe la ville en deux. Nous suivons cette route sur une dizaine de kilomètres avant d'aboutir à la commune de Chabet Ouled Chelih, site historique de l'ancienne ville romaine appelée jadis Lombridi aujourd'hui menacée par l'avancée des sables. Nous sommes sur une plaine tracée en sillon entre le mont Ich Ali (1 815 m) et Djebel Tichou (2 138m, faisant partie du Parc de Belezma). De l'autre côté, est cachée la ville de Merouana (ex-Corneille). Entre le sommet d'Echfa et le pic de Chafez, est implanté le petit village de Hidoussa, en amont de l'Oued Berriche. Pendant quatre années, ce polygone formé de Merouana, Hidoussa, Seggana et N'Gaous, fut un véritable coupe-gorge terroriste. La population y est traumatisé par le règne de la terreur intégriste qui avait fauché des dizaines de vies humaines. Nous abordons la ville de Aïn Touta (la Source du Mûrier) située sur une grande plaine à 910 m d'altitude. La voie ferrée Constantine-Touggourt passe par là. Un enseignant dans une école d'agriculture, originaire de la ville, nous parle de Aïn Toutra au passé et au présent. L'ancien village Mac Mahon, enserré entre trois montagnes (Bous, Bellezmi et Metlili) était plein de verdure ; ses sources éclataient de partout. Arbres fruitiers et maraîchages y étaient cultivés sur les rives de l'oued, à côté du chemin de fer. Maintenant, on n'est pas loin de Biskra qui est à 82 km d'ici. Poussière levée par le vent, constructions anarchiques en éternel chantier, circulation intense et interminable de poids lourds (la cimenterie est à une dizaine de km sur la route de Barika). En tout cas, un contraste inqualifiable entre cette ville troublée de la plaine et les quelques bienfaits de la nature à quelques bornes d'ici (eau, verdure, air frais de la montagne). Sur le chemin de Biskra, nous passons par la station des Tamarins.
La route trace des sinuosités aiguës au niveau de Djebel Bouza. Sur la droite, les gorges de Tilatou formées par les escarpements du mont Sebiba, déversent leurs eaux limpides dans l'Oued El Haï. La route descend, perd brusquement de l'altitude, pénètre comme par enchantement dans une brèche inattendue de montagne, sépare les crêtes de Malou Chergui de Malou Gherbi et met le cap sur une féerie, un spectacle qui aveugle les yeux par sa beauté et qui laisse le voyageur sans voix. Nous sommes bel et bien à El Kantara ! Une ville-oasis sise à 514 m d'altitude.
La lame de crête qui la surplombe à l'Est 1 032 m et celle qui la domine de l'Ouest à 942 m constituent de véritables colonnes d'Hercule. En faisant un voyage dans la région au 19e siècle, l'écrivain Eugène Fromentin écrit dans son récit Un été au Sahara : «Ce passage est une déchirure étroite qu'on dirait faite de main d'homme, dans une énorme muraille de rocher de 3 ou 4 pieds d'élévation. Le pont de construction romaine est jeté en travers de la coupure. Le pont franchi, et après avoir fait cent pas dans le défilé, vous tombez, par une pente rapide, sur un charmant village arrosé par un profond cours d'eau et perdu dans une forêt de 25 000 palmiers. Vous êtes dans le Sahara. Grâce à cette situation particulière, El Kantara, qui est, sur cette ligne, le premier des villages sahariens, se trouve avoir ce rare privilège d'être un peu protégée contre les vents du désert et de l'être tout à fait contre ceux du Nord par le haut rempart de rochers auquel il est adossé. Les palmiers, les premiers que je voyais ; ce petit village, couleur d'or, enfoui dans les feuillages verts chargés de feuilles blanches du printemps. Le soleil allait se coucher et dorait, empourprait et émaillait de feu une multitude de petits nuages détachés du grand rideau noir étendu sur nos têtes et rangés comme une frange d'écume au bord d'une mer troublée. Au-delà, commençait l'azur ; et alors, à des profondeurs qui n'avaient pas de limites, à travers des limpidités inconnues, on apercevait le pays céleste du bleu. Des brises chaudes montaient avec je ne sais quelles odeurs confuses et quelle musique aérienne au fond de ce village en fleurs ; les dattiers, agités doucement, ondoyaient avec des rayons d'or dans leurs palmes ; et l'on entendait courir des bruits mêlés aux froissements légers du feuillage, à des chants d'oiseau, à des sons de flûte».
Un trésor des traces du passé
La wilaya de Batna est l'une des régions les plus riches en patrimoine historique hérité de l'ancienne Numidie et de la colonisation romaine. Nous prenons la route de Khenchela (RN 31) pour nous rapprocher de Lambèse (appelée actuellement Tazoult) située à 10 km du chef-lieu de wilaya.
C'est une petite ville qui fut jadis le camp de la légion romaine d'Afrique du Nord, 3e légion d'Auguste. Une cour, sous forme d'esplanade, ouvre la vue sur le pratorium portant l'insigne de la 3e légion romaine au-dessus de la porte. Une voie partait de Lambèse jusqu'à Tébessa (Thevest) en passant par Timgad (Thamugadi).
Des tas de pierres romaines sont dispersées ça et là. Un petit musée contient des mosaïques et d'autres objets archéologiques. 28 km plus loin, toujours sur la route de Khenchela, un site nous envoie dans une autre époque directement liée à l'Antiquité et à la présence de l'empire romain. Une kyrielle de colonnes tronquées, la grande avenue (Decamanus), l'Arc de Trajan, le Forum (qui est le cœur même de Timgad), les latrines publiques dont les stalles sont séparées par des dauphins en pierres, les thermes, le théâtre et beaucoup d'autres places et équipements antiques sont là qui vous attendent pour témoigner de plus de deux mille ans de l'histoire d'Algérie. On peut même admirer les ornières laissées par les chars de l'époque. L'émerveillement à Timgad prend les allures de l'envoûtement.
Un autre vestige historique et non des moindres se trouve sur la droite de la route de Constantine. Avant de mettre les pieds à Aïn Yagout, un monument de l'histoire antique du pays vous invite à revisiter la vie et le génie de l'époque. Il s'agit du site Imedghassène qui développe à peu près le même style que le tombeau royal de Maurétanie à Tipaza. Des colonnes supportent les gradins aplatis. Elles sont au nombre de 60. Cet édifice aurait, d'après des archéologues, servi de tombeaux. Edifié en 150 avant J.C., il serait l'œuvre de Micipsa, fils de Massinissa. En tout cas, cet ouvrage est l'une des preuves vivantes de la finesse et de l'habileté architecturales de nos ancêtres.
Au vu de la densité des sites historiques se trouvant sur son territoire, la région de Batna peut être considérée comme un musée à ciel ouvert.
Les échelles de la nature
Le payas profond de l'Aurès est représenté par cette ligne fictive, légèrement ondulée, qui va de Ménaâ à Bouhmama, dans la wilaya de Kgenchela, en passant par Teniet El Abed, Arris et Medina. Le cœur battant de toute cette mosaïque est sans aucun doute la mythique Arris. C'est, en quelque sorte, la barycentre de cette configuration géographique et humaine propre au système montagneux auressien. Pour y arriver, nous empruntons la RN 31 qui vient de Batna, passe par Lambèse, Markounda, Tiguenzaz, Foum Ksantina et El Hadjadj.
La route monte laborieusement révélant à chaque virage des horizons découpés en dents de scie par les lames et les pitons des monts d'en face. Nous étions à 1 200 m d'altitude sur les hauteurs de Lambèse, nous devons encore monter jusqu'à 1 700 m pour que la route commence à amorcer la descente. La beauté des lieux, le panorama féerique et l'ambiance de l'authenticité vous enveloppent d'envoûtement et vous soustrait à vos préoccupations routinières et terrestres. Des sites plein de solennité, dignes d'un pèlerinage païen qui nous hèlent pour aller discrètement à leur rencontre. À partir du col de Bouighyal, perché à 1 682 m, le regard du visiteur plonge dans les premières pentes de la mystérieuse vallée de l'Oued Labiodh, laquelle, à 50 km plus au Sud, est sculptée en terrasses naturelles : ce sont les balcons du Rhouffi. Cette vallée prend naissance au point culminant du Chélia trônant à 2 326 m d'altitude. Le bassin hydrographique de l'Oued Labiodh est renforcé par les apports des monts Ichmoul et Zellatou, draine les villages et hameaux proches d'Arris : Medina, El Hadjadj, Bousedda, Tagrout Amar, Belhiout, Tahentout. Cette vallée se resserre aux gorges de Tighanimine, puis s'ouvre brusquement pour donner naissance à la pénéplaine sur laquelle reposent les bourgades de Taghit, Tiffelfel, Ghassira et Oued Labiodh. Les berges, les bourrelets et même les talus sont exploités par les mains calleuses et pleines de dextérité des hommes et des femmes auressiens. Car ici, il faut le souligner, la femme intervient dans la presque totalité des travaux des champs : semis, sarclage, arrosage, récolte. L'arboriculture fruitière, pratiquée sur des versants parfois abrupts, forme un tissu qui continue merveilleusement la forêt de cèdres perchée à 2 000 m d'altitude. La montagne d'Ahmar Khaddou, tournant sa face dans la direction de Biskra, mêle ses eaux à la vallée de l'Oued Labiodh, et tout le courant liquide ira se reposer dans le barrage de Foum Kherza. La vallée continue jusqu'à Chott Melghigh, dépresssion au sud de Biskra ayant une altitude négative (-37 m), et que le légendaire homme politique Rabah Bencherif voulait, au début des années 1990, transformer en mer intérieure via un canal qui viendrait du golfe de Gabès (Tunisie).
Les haltes d'Arris, du Rhouffi et le refuge de Kahina
Arris est une agglomération moyenne d'environ quarante mille habitants, une ancienne commune mixte du temps de la colonisation. Son territoire couvre la partie ouverte de la vallée à 1 200 m d'altitude, au pied du mont Taguechrirt (1 901 m). Depuis la plus haute antiquité, l'habitat s'est stabilisé dans la région d'Arris ; c'est pourquoi, une certaine harmonie de l'activité agricole, jouant sur l'association des céréales, du maraîchage, de l'arboriculture et l'élevage est fortement établie. L'urbanisation, rampante, sur la plus grande partie des Aurès, n'a pas encore détruit l'ancienne typologie de la construction propre au monde rural. Les chèvres et les moutons des bourgades limitrophes (M'zata, Bouseda, El Hamra, Tagrout Igrassirène,...) se rencontrent sur les rives du cours d'eau principal ou bien sur l'Oued El Anza, au pied de la lame rocheuse de Zellatou.
La vallée se rétrécit au fur et à mesure que l'on perd de l'altitude jusqu'aux légendaires gorges de Tighanimne qui sont excavées par la nature à 870 m d'altitude depuis l'ère tertiaire. Tout au long du défilé long et étroit qui prend parfois l'aspect d'un véritable canyon, des hameaux et des masures sont incrustés dans les parois rocheuses sous formes de repaires. On rencontre parfois des chaumières et des maisons suspendues aux sommets des crêtes comme on en rencontre très souvent en Haute Kabylie. Il en est ainsi de Tabahalit, Ghiuffi, Ouled Mansour, Ouled Mimoun, villages qui, à partir de leurs hautes murailles, dominent les premières percées du Sahara septentrional. L'état des routes et des pistes, l'aspect délabré et vétustes de beaucoup de demeures nous renseignent quelque peu sur le degré de développement de la région qui reste en deçà des espérances nées de la guerre de Libération. «Malgré la beauté et le charme incontestables, se lamente un enseignant, l'on ne peut pas vivre seulement d'amour et d'eau fraîche. Une véritable politique de désenclavement s'impose avec un soutien aux vergers familiaux. Après l'agriculture et l'hydraulique, ajoute notre interlocuteur, les pouvoirs publics doivent promouvoir le tourisme. Sachez que c'est un secteur en jachère qui n'a bénéficié d'aucune infrastructure, et vous constaterez de vos propres yeux les sites magnifiques de l'Oued Labiodh. Il faut être peut -être aveugle pour ne pas se rendre compte de cette réalité».
Travaillant à Arris, notre compagnon ne cesse de parler comme un poète amoureux des falaises, des galets et des eaux cristallines de la rivière. Mais, il s'inquiète sérieusement du chômage qui pèse sur la majorité des jeunes et des taux de déperdition scolaire dans les campagnes. Qui a dit que le trafic et la consommation de stupéfiants sont l'apanage des grandes villes et des zones frontalières ? La drogue a acquis ‘'droit de cité'' dans certaines zones très reculées des Aurès et certains bergers servent même d'intermédiaires très actifs. Des villages et hameaux situés près de Ghassira (Ouled Abed, Messaouda, Tiffelfel, Rounda, Taghit, T'Kout, ...) ont commencé à s'organiser au début des années 2000 en associations s'inspirant du Mouvement citoyen de Kabylie pour revendiquer leurs droits sociaux, économiques et culturels.
Avancés dans notre itinéraire, nous sommes déjà loin de la ville de Batna, située exactement à 94 km d'ici. Et ce sont les fameux balcons du Ghouffi qui nous interpellent de toute leur force aimantée. Sur ce balcon, véritable belvédère, nous dominons du regard le lit de l'Oued Labiodh dont l'eau serpente au fond d'une gorge. Les rives immédiates de l'oued sont garnies de palmeraies et de jardins auxquels s'ajoutent l'armoise, les touffes d'alfa et d'autres plantes ligneuses très variées. Sur les falaises, nous apercevons des grottes karstiques à plusieurs endroits et qui, nous apprend-on, étaient habitées jusqu'à un passé récent par des hommes.
Sur presque 30 km, l'Oued Labiodh reste profondément encaissé, allant de défilé en défilé. Il passe par Banian, Takroumt Aouana, atterrit à M'Chounèche, s'élargit à El Hable et, enfin, alimente le barrage de Foum Kherza, situé 20 km à l'Est de Biskra. Un affluent de l'Oued Labiodh, la rivière Chenaouara, abrite lui aussi des beautés mystérieuses et picaresques qui ne manquent pas de merveilleusement intriguer le visiteur. La vallée de Chenaoura prend naissance à Ras Berdoun (1981 m) et draines les villages de Boucetta, Hembla, Chenaoura, El Ksar et T'Kout. Ce dernier est réputé pour ses jardins aménagés et cultivés en sous-étages à l'ombre des palmiers. Une route venant de Ghassira passe par T'Kout et monte au col de Ferhous, puis descend dans la vallée de l'Oued Tadjemoul. Ici, on rencontre une immense grotte qui s'ouvre sur la façade d'une falaise : il s'agit du refuge de la Kahina, l'indomptable reine berbère. Ce refuge est suspendu à 800 m d'altitude et est surplombé par les monts Mezbel (1 566 m) et Taktioutt (1 931 m), le tout faisant partie de la gigantesque façade d'Ahmar Khaddou.
Et les délices naquirent à Menaâ
La Route nationale 87 longeant la vallée de l'Oued Abdi est parallèle à celle que nous avions suivie pour la découverte de l'Oued Labiodh. Cette fois, le chemin est un peu plus difficile. Nous allons monter le long de vertigineuses sinuosités jusqu'à 1 733 m d'altitude, juste avant le col de Teniet R'Sass. La route et la rive dans laquelle elle est creusée sont prises en étau entre deux grands sommets, le mont Boutlarmine (2 178 m) et le mont Mehmel (2 321 m). Nous traversons plusieurs bourgades installées dans un décor de verdure et d'exubérance à l'exemple de Tafsest, M'zala, Tletz et Tizougarine. Cap sur la petite ville de Teniet El Abed située à plus de 1 200 m d'altitude au milieu d'un massif forestier qui lui a valu beaucoup de drames pendant la décennie de terrorisme. La RN 87 reliant Batna à Biskra était devenue un véritable coupe-gorge redouté par les populations locales et par les passagers. De petits villages pauvres mais pittoresques continuent à jalonner cette route et cette verte vallée : Nouader, Arbia, Chir, Ayallalaoun, Chelma et puis la mythique Menaâ. Cette dernière agglomération trône sur une plaine fertile et est protégée par le mont Bous 1 789 m). Menaâ, la cité chaouie par excellence, lieu des origines et de l'authenticité berbères, assure la transition entre l'Atlas et le Sahara, entre le sec et l'humide, entre l'austérité des déserts et l'opulente exubérance des monts et des vaux de l'Atlas. Menaâ où la poétesse Anna Greki a passé son enfance. Elle avait suivi son père instituteur dans ce canton de montagne. Née en 1931 à Batna, elle est morte le 6 janvier 1966 à Alger lors d'un accouchement. Anna était une poétesse et révolutionnaire qui a embrassé complètement la cause algérienne. Elle le payera de sa liberté puisqu'elle fut emprisonnée et torturée. Instruite par le monde et la culture des Aurès, elle en reçut l'inspiration la plus féconde et la plus engagée. Dans son recueil Algérie, capitale Alger, elle écrit :
«Même en hiver, le jour n'était qu'un verger doux
Quand le col de Guerza s'engorgeait dans la neige.
Et si la montagne granitique sautait à la dynamite,
C'était l'instituteur, c'était dans les Aurès
À Menaâ, commune mixte d'Arris
Comme on dit dans la presse.
Mon enfance et les délices naquirent à Menaâ.
Et mes passions après vingt ans
Sont le fruit de leurs prédilections.
Du temps où les oiseaux tombaient des nids
Tombaient aussi des mains de Nadjaï
Jusqu'au fond de mes yeux chaouis»
A. N. M. in la depeche de Kabylie du 31/10/2009


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