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Un projet de datation directe
Art rupestre saharien
Publié dans El Watan le 21 - 02 - 2005

L'Algérie a signé, en juillet 2004, un programme de coopération avec la France portant sur la datation directe de l'art rupestre saharien avec des perspectives sur la création d'un musée de l'art rupestre et de l'histoire du Sahara à Alger.
Il s'agit de dater radiométriquement, en laboratoire, l'âge exact de cet art et, par conséquent, de confirmer la haute antiquité de la civilisation préhistorique du Sahara, l'une des plus anciennes du monde, une civilisation fondatrice pour l'Afrique et la Méditerranée qui date très probablement de cinquante siècles avant les pyramides, comme nous espérons le prouver par les sciences exactes, la physique et la chimie. Ce projet est placé sous la direction d'un chef de projet, Malika Hachid, qui en a eu l'initiative pour le compte du ministère de la Culture ; il fait appel à des institutions françaises et algériennes. Pour la partie algérienne, ce sont la tutelle de la direction du patrimoine culturel, l'Office du parc national du Tassili (OPNT) et l'Office du parc national de l'Ahaggar (OPNA). Pour la partie française, en étroite collaboration avec le service de coopération de l'ambassade de France, une instance de recherche française œuvrera en collaboration avec des physiciens, des chimistes, des spécialistes des méthodes de relevés et de restitution de l'art préhistorique, issus de divers laboratoires de recherche et de restauration. Ces chercheurs qui travaillent sur les grottes ornées de France, ainsi que bon nombre de continents, ont une grande expérience dans le domaine de l'analyse et de la datation des pigments picturaux et des minéraux, ainsi que la reproduction de l'art pariétal. La France est un des tout premiers pays au monde à avoir mis au point des méthodes de datation de l'art préhistorique. Outre cette expérience, les laboratoires possèdent l'équipement nécessaire aux analyses et aux datations en laboratoire. L'Algérie possède dans ses régions sahariennes, telles que l'Atlas saharien, l'Ahaggar et le tassili des Ajjer, l'un des fleurons du patrimoine culturel de l'humanité. Il s'agit de milliers de peintures et de gravures rupestres allant de la préhistoire à quelques siècles avant nos jours, en passant par l'Antiquité et la période dite médiévale. Ce sont ces précieux sites archéologiques qui ont valu au tassili des Ajjer d'être classé patrimoine mondial auprès de l'Unesco, en 1982. Outre leur aspect esthétique, ils reflètent une très grande diversité de peuplements du Maghreb et du Sahara, quand ces régions étaient encore vertes, mais, déjà, en cours d'aridification. Surtout, ils témoignent de civilisations qui ont joué un rôle précurseur dans le progrès de l'humanité, il y a de cela 10 000 ans. En effet, à l'instar du fameux Croissant fertile (qui s'étend aujourd'hui sur la Turquie, la Syrie, l'Irak, etc.), le Sahara a joué le rôle d'un centre fondateur non seulement en direction de l'Afrique, mais également de la Méditerranée. Dater l'art rupestre sera capital pour les grands problèmes qui se posent à cette civilisation saharienne. Tout le peuplement saharien, de la vallée du Nil à l'Atlantique, recevrait, enfin, un cadre chronologique irréfutable. Dans l'Atlas saharien, par exemple, préciser l'âge exact des milliers de gravures qui parsèment cette région, qui s'étend sur 700 km de Djelfa à la frontière marocaine, permettrait, du coup, de les mettre en relation avec l'émergence du peuplement berbère en Afrique du Nord. Jusqu'ici, seule une chronologie relative permettait de dater et de sérier les différentes périodes de cet art rupestre et c'est ainsi que deux courants scientifiques s'opposent aujourd'hui, l'un, lui attribuant près de 9 à 10 000 ans d'âge, l'autre, à peine, 7 à 6000 ans. Bien que nous ayons plusieurs indices archéologiques, autres que l'art rupestre, privilégiant la première hypothèse (par exemple les habitats de l'homme préhistorique, la poterie, les monuments funéraires et les squelettes qu'on y trouve...), en ce qui concerne les peintures et les gravures plus spécifiquement, il reste à le prouver et à mettre fin aux polémiques sur leur âge réel. Avec le tassili des Ajjer, l'Algérie a la chance de posséder l'art rupestre le plus complet de toute l'étendue du Sahara. Plusieurs pays occidentaux ont déjà procédé à la datation directe de leur art rupestre depuis, déjà, près d'une dizaine d'années. Dans ce domaine, les laboratoires français ont fait leurs preuves sur les belles grottes ornées de Chauvet et de Cosquer, par exemple. Dans le Sahara libyen, des équipes mixtes, constituées de chercheurs libyens et italiens, sont à pied d'œuvre. Bien sûr, la datation des peintures pourrait aboutir à une chronologie moins longue que celle que l'on escompte. Les chercheurs ne font pas de l'idéologie. En tant que citoyens, il leur serait, bien sûr, agréable d'avoir raison sur la datation haute (environ 9 à 10 000 ans avant nos jours). Dans un cas contraire, ce qui parait peu probable, ils s'inclineront devant la science. Quoique dans la recherche préhistorique tout résultat n'est que provisoire, car celle-ci n'est jamais achevée. Nous ne pouvons bien sûr, anticiper sur les résultats, mais le faisceau des données archéologiques et les possibilités d'analyse sont prometteurs. Nous avons bon espoir, car, au Sahara, on constate une nette convergence des indices paléoclimatiques et archéologiques. Par exemple, on sait que cette immense région (aussi grande que les Etats-Unis d'Amérique), qui a vécu une très longue période de sécheresse alors qu'une glaciation paralysait l'Europe, a vu le retour des pluies un peu avant 10 000 ans, un retour de l'humidité qui favorise celui des populations et des animaux. Quant aux témoins archéologiques, on sait que les premières poteries sont datées radiométriquement du XIe millénaire avant nos jours (Sahara nigérien). Lorsque le Sahara est redevenu humide, vers 10 000 ans, les hommes ont entamé un processus civilisateur et ils en ont, forcément, témoigné par le biais des images de l'art préhistorique. Pour en revenir à l'accord de coopération lui-même, il faut souligner le fait que ce projet de recherche a de particulier le fait qu'il s'inscrit dans une démarche cohérente de réalisation d'un projet d'intérêt et de portée nationale et internationale. Il est inscrit au ministère de la Culture dans la perspective d'une problématique portée par un pays, et, dans le cadre d'un partenariat franco-algérien sérieux et prometteur puisque fondé sur une grande définition et précision des termes et des niveaux d'intervention. C'est un projet de recherches scientifique respectueux des lois et des règles régissant la recherche scientifique et la protection du patrimoine culturel, dans ce sens où les interventions sont soumises à des conventions qui précisent les modalités d'exécution du projet. Le respect de ces lois et règlements ne doit pas être compris comme une contrainte mais comme la consécration d'un protocole, d'une conduite établie par un Etat qui doit, d'une part, protéger son patrimoine culturel et, d'autre part, capitaliser les efforts investis dans la recherche scientifique, efforts intellectuels et financiers. Ce projet de datation va permettre de rouvrir le dossier de l'art rupestre saharien partant d'une nouvelle perspective : la perspective algérienne, celle qui va vérifier, là où il faut vérifier, celle qui va échantillonner, là où il faut échantillonner, celle qui va poser les questions qui n'ont jamais été posées. S'agissant des procédés de datation physiques, nous avons la garantie qu'ils sont, en premier lieu, mis en œuvre par des chercheurs qui ont fait leurs preuves dans ce domaine. La science est aujourd'hui assez forte pour juger de la fiabilité de ces méthodes. Pour les peintures, il existe deux ou trois procédés. Le premier est bien connu puisqu'il est appliqué depuis longtemps aux objets archéologiques : la datation par carbone 14. Nous procédons à des prélèvements du pigment pictural, c'est-à-dire de la peinture qui a été appliquée par les peintres de la préhistoire sur les parois (d'où le terme de datation « directe »), qui sont ensuite traités en laboratoire par des méthodes physiques pour isoler la matière organique, logée à l'intérieur, volontairement ou non. C'est donc cette matière organique qui contient du carbone qui est soumise à la datation ; ce procédé a reçu de nombreuses améliorations et, depuis les années 1980, grâce à la mesure carbone en spectrométrie de masse par accélérateur (SMA), on obtient de très bons résultats à partir de prélèvements de taille infime de moins de un milligramme (de 0, 5 à 1 mg), sans aucun danger pour les œuvres rupestres. Si on ne trouve pas de matière organique contenant du carbone, on se tourne alors vers des procédés plus délicats et compliqués comme la méthode de datation par luminescence stimulée optiquement (OSL) qui a beaucoup évolué grâce au développement technique des appareils de mesure. Cette méthode faisant appel à l'excitation optique par longueurs d'ondes sélectionnées permet de mesurer le signal de luminescence dû à la dose de radiation accumulée par l'échantillon minéral étudié depuis l'instant que l'on cherche à dater. La remise à zéro est induite par l'exposition du minéral à la lumière du jour, également appelée « blanchiment ». Cet instant précieux que nous cherchons à mesurer correspond, en principe, à un effacement total de la dose de radiation préalablement accumulée par les minéraux, c'est-à-dire, dans notre cas, par la paroi qui porte les œuvres rupestres. Elle s'applique spécifiquement à des minéraux comme le quartz et les roches siliceuses, et convient, donc, aux parois de grès sur lesquelles a été réalisée la majeure partie des peintures du Sahara. Pour la datation des gravures, les procédés sont en cours d'expérimentation dans des pays comme l'Australie ou les Etats-Unis. Il y a fort à parier que leur mise au point ne saurait tarder. Alors nous serons prêts à dater les gravures rupestres de notre Sahara, notamment celles de l'Atlas saharien dont l'ancienneté pourrait étonner si on tient compte des récentes données de l'archéozoologie (l'étude des animaux sauvages et domestiques dans leur contexte environnemental et leur rapport à l'homme préhistorique) et leur
thématique. Ce projet ouvra aussi des perpectives sur la création d'un musée de l'art rupestre saharien à Alger. Cette idée prend appui sur une grande contradiction : nous possédons l'un des patrimoines rupestres les plus prestigieux du monde, pourtant, nous n'en avons ni l'inventaire ni les reproductions exhaustives et scientifiques. Si demain une catastrophe d'origine naturelle ou humaine (voir la destruction du Bouddha de Bamyan) survenaient au tassili des Ajjer ou ailleurs, que nous resterait-il qui soit utilisable sur le plan scientifique et patrimonial ? C'est le témoignage, unique, de nos origines les plus lointaines qui serait anéanti. Aussi, ce projet va-t-il nous permettre de poursuivre les inventaires entamés dans les parcs nationaux du Tassili et de l'Ahaggar, et dans l'Atlas saharien, où ce travail est bien avancé. La restitution documentaire de l'art rupestre du Sahara algérien prendra la forme d'un catalogue numérique, un travail qui s'inscrit dans le programme d'inventaire général du patrimoine du ministère de la Culture. Cet inventaire est une très lourde tâche. Certains pays occidentaux continuent d'inventorier leur patrimoine après des décennies de labeur. C'est pour cela que ces projets doivent être accompagnés d'une formation spécialisée de jeunes chercheurs qui se perfectionneront dans le cadre de ce projet de datation, de l'élaboration du catalogue numérique et la création du musée. En plus des relevés (photo numérique, photogrammétrie, laser...), nous envisageons de réaliser des fac-similés grandeur nature des parois les plus célèbres de cet art, par exemple, celle dite du « Grand Dieu », l'une des plus belles fresques du Tassili, longue de 16 m et qui raconte l'un des premiers mythes de l'humanité. Ou encore, la fresque gravée de Tiout, dans les Monts des Ksour (Atlas saharien), laquelle, située au bord d'une route goudronnée, fait l'objet de multiples dégradations alors qu'elle représente la première découverte d'art rupestre au monde, en 1848. Le musée central, à Alger, sera accompagné de musées locaux dans les wilayas d'Illizi et de Tamanghasset, ainsi que dans l'une des principales villes de l'Atlas saharien, avec l'adhésion et la contribution des autorités locale. Pour cette dernière région, le ministère de la Culture a remis à l'étude le projet de création d'un ou de plusieurs parcs nationaux avec comme principal but de protéger l'une des régions les plus riches et les moins connues du monde en art rupestre, une zone immense qui s'étend sur près de 700 km de long, depuis les Monts des Ouled Naiel et Djelfa, jusqu'aux Monts des Ksour et Aïn Sefra, en passant par le djebel Ammour, autour d'Aflou. Bref, des trésors ignorés tant sur le plan patrimonial, que de l'exploitation culturelle, en général, sans compter le tourisme à condition qu'il soit respectueux de l'environnement et des sites archéologiques. C'est autant de main-d'œuvre à former et à recruter, autant de chômeurs en moins. Si chercheurs et muséologues pouvaient disposer des moyens nécessaires, il serait souhaitable que ce musée, à Alger, reçoive une vocation régionale, englobant les pays voisins avec lesquels l'Algérie a partagé cette prestigieuse civilisation, il y a environ 10 000 ans, c'est-à-dire le Maroc, la Tunisie, la Libye, la Mauritanie, les pays de l'UMA en quelque sorte, ainsi que nos voisins et amis, le Mali et le Niger. Avec des pays comme le Maroc ou la Libye, riches en art rupestre, nous partageons le même type de réalités et de problèmes sur le terrain, exactement la même histoire marquée sur les rochers ici et là. Ce musée devra mettre en valeur le rôle que les Africains ont joué lorsque l'homme a entamé l'important tournant de la civilisation qui a jeté les fondations des temps modernes (domestication, agriculture, invention de la métallurgie, de l'architecture et l'urbanisme, etc.). Lorsque ce tournant s'accomplissait en Afrique, en Europe, les hommes ne survivaient que par la chasse et la cueillette. La réalisation d'une telle opération est, bien sûr, un projet d'envergure qui nécessite de grands moyens techniques et financiers, comme tous les projets d'envergure qui s'inscrivent dans la durée et dans l'intérêt des nations à valoriser leur histoire et leurs cultures. Dans le domaine technique, des pays comme la France, l'Espagne et l'Italie possèdent de solides expériences en matière d'art rupestre et de muséologie. En Afrique du Nord, des chercheurs sont à même de le mener à bon terme, mais il faut aussi une volonté politique. Il est important de montrer à notre peuple et à nos décideurs que l'Algérie, le Maghreb, toute l'Afrique du Nord furent dès leur plus jeune âge une terre à vocation multiethnique et multiculturelle avec une pluralité naturelle des ethnies, des cultures et traditions, des langues et des religions. Ces hommes et ces femmes qu'offrent les splendides fresques du Sahara algérien étaient les ancêtres des Africains sahariens et sahéliens d'aujourd'hui. L'art rupestre, mosaïque de ces peuples anciens, est une véritable leçon de tolérance dans un monde et une Afrique où les conflits sont incessants. A l'école, dans les manuels, les images de ces Noirs, ces Blancs, ces métis, ces Berbères ou Judéo-Berbères, puis des Arabes qui les ont rejoints au Sahara, inciteronst nos enfants à prendre conscience de l'indispensable solidarité autour d'origines communes, celle dont la culture peut créer les conditions. Nous souhaitons que la profonde réorganisation actuelle du secteur du patrimoine au ministère de la Culture soit accompagnée de la mise à disposition des moyens dont nous avons besoin pour aller de l'avant. Il est vrai qu'en adéquation avec les changements de notre temps, et, comme le font les pays du Nord, il nous faudra, aussi, apprendre à développer d'autres comportements, comme celui d'aller chercher les moyens complémentaires dans d'autres secteurs plus nantis que le nôtre. Il nous faudrait aussi, comme c'était le cas dans le passé, revenir à une coopération intense avec les pays étrangers à même de nous aider dans notre tâche. Nous espérons que la signature récente, à Alger, de ce programme de coopération pourra relancer les relations entre les deux pays dans le domaine qui nous concerne. En France, l'EDF a associé son image à l'Egypte et à l'égyptologie en finançant des travaux de recherches sur les pyramides. Nous souhaitons que de grandes entreprises algériennes ou étrangères fassent le choix d'être le partenaire de ce projet, sachant que œuvrer pour la mise en valeur du tassili des Ajjer, patrimoine prestigieux de l'humanité, ou aider à la création d'un musée à caractère régional ne peut que leur attirer la sympathie du grand public et la considération des Etats. C'est là un appel au mécénat d'entreprise, qu'il soit algérien ou étranger, le patrimoine étant celui de toute l'humanité. Lorsque l'art rupestre saharien sera daté, son importance en sera rehaussée et sa fréquentation touristique accrue ; aussi d'autres ministères algériens concernés par certains aspects de ces projets pourraient se joindre à nous.
Malika Hachid, Mourad Betrouni


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