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Katia Kameli. videaste et productrice : « Elargir le champ de l'art »
Publié dans El Watan le 24 - 04 - 2010

Passionnée par son art, elle s'attache aussi à le partager avec d'autres et notamment des jeunes.
Vidéaste, productrice, artiste, tout cela tend à l'esthétisation d'une émotion. Dans quel registre avez-vous réussi à vous exprimer le mieux ?
C'est beaucoup plus en tant qu'artiste vidéaste que j'exprime mes réflexions et intuitions. Mais mon rôle d'artiste est aussi d'élargir le champ de l'art. C'est ce que je tente de faire avec le travail de production. Un artiste génère des formes, des images, de la pensée. En montant une plateforme de production, je crée une situation dans laquelle d'autres réalisent des images qui me semblent nécessaires.
L'image et la recherche esthétique ont-elles toujours été pour vous une nécessité ?
Oui, si je réfléchis, j'ai toujours été très contemplative, et mon histoire personnelle m'a forcée très rapidement à me positionner et à donner mon opinion. J'ai toujours été fascinée par les narrations.
Vous êtes d'origine algérienne, est-ce que cette algérianité a toujours été au cœur de votre création ?
Oui. Mais je ne me retrouve pas dans une logique identitaire qui conçoit le monde sur le mode de la disjonction. Mon identité est plurielle. Mon père est Algérien et vit ici ; ma mère est Française et vit en France. Quant à mon travail, il est protéiforme. Il exprime l'entre-deux, l'intermédiaire où le signe d'appartenance est rejeté au profit de la multiplicité. Il s'agit souvent de déjouer le dualisme latent et sortir du « ou bien » : ou bien Algérienne, ou bien Française. C'est d'ailleurs ce que nous explique Stuart Hall, l'un des pères fondateurs des Cultural Studies : « L'identité culturelle n'est pas figée, elle est hybride et découle toujours de circonstances historiques particulières ».
Comment vous est venue l'idée du film Bledi, un scénario possible ?
De 1980 à 1991, je passais environ 3 mois par an dans ma famille en Algérie. Je suis revenue en 1998 avec beaucoup d'interrogations. J'ai retrouvé un pays modifié, j'irais même jusqu'à dire, mutilé. A ce moment, il était très compliqué de faire des images à l'extérieur de la maison. Je me suis d'abord concentrée sur l'espace intérieur, l'espace féminin donc, comme on peut le voir dans les films Nouba (2000) et Aïcha (2001). En France, pendant cette période, peu d'informations sur l'Algérie étaient disponibles. L'idée de Bledi, un scénario possible, est née de cette frustration. J'ai commencé à télécharger les unes des journaux. En suivant une intuition, je les ai ensuite décalquées, comme pour m'approprier le quotidien à distance. En fait, j'ai rapidement compris que j'étais en train de construire le story board de mon film. Le choix du calque comme support n'était pas innocent. Une fois superposé, il nous renvoie à la complexité du pays. C'est aussi pour cela que j'utilise différentes formes dans le film : Super 8 couleurs, noir et blanc, images fixes et images numériques.
Le fait d'intituler ce film sur un éventuel retour en Algérie de « scénario possible » équivalait-il à confirmer l'utilité et la possibilité encore de (ré)écrire une histoire ou son histoire via ce pays ?
Oui, parfaitement. Je considère souvent mon hybridité culturelle comme un « tiers-espace » dans lequel toutes les histoires sont bousculées, dérangées, placées en état critique. D'ailleurs en anglais, il existe deux mots de la même étymologie : history et story. Le premier définit la discipline, celle de la mémoire des hommes ; le deuxième signifie le récit, réel ou imaginaire. Ce sont ces croisements qui nourrissent mon travail.
Vos travaux vidéo surprennent très vite par les images fixes qui, au premier abord, peuvent troubler ?
Une image fixe dans un flux d'images en mouvement vient souvent pour souligner une situation, ou créer une pause, donc un moment de réflexion imposé. Donc, oui, on peut considérer ça comme une bulle ou un cocon. Je mets souvent le spectateur dans une situation d'immersion.
L'idée de créer et de gérer un workshop en Algérie est-elle née durant la réalisation de Bledi, un scénario possible ?
Oui, pendant le tournage de Bledi… j'ai passé quelques jours à la cité universitaire de filles de Ben Aknoun, introduite par des amies à mon cousin. Les étudiantes que j'ai rencontrées m'ont fait part de leur malaise quant aux images diffusées par l'Occident. Elles ne montraient pas la réalité qu'elles vivaient en Algérie. C'est de là qu'est venue l'idée du workshop Bledi in Progress.
Quelle en était la motivation première ?
Je me suis vite rendue compte du manque de moyens matériels et je voulais générer une situation de travail permettant de produire d'autres images de l'Algérie. Je voulais voir le point de vue des jeunes et redynamiser l'espace cinématographique et artistique.
Renouer avec le workshop Trans Maghreb confirme la réussite du premier atelier…
Oui, je n'avais pas conscience de la visibilité que ces films trouveraient. Mais l'impact de l'atelier s'est mesuré au-delà de leur réalisation. Il a été en quelque sorte un déclencheur pour les participants, une étape qui les a menés vers une professionnalisation. Par exemple, suite à Babel, Khaled Benaïssa a créé sa propre société de production à Alger, a poursuivi sa formation à la Fémis d'été et réalisé d'autres courts, dont Sektou qui a reçu, entre autres, le prix du Fespaco et celui du Panorama des cinémas du Maghreb 2010. Hassen Ferhani a, lui aussi, fait la Fémis d'été, et il étudie maintenant au Conservatoire libre du cinéma de Paris. Son film, Les Baies d'Alger, a été diffusé aux festivals de Clermont-Ferrand, Montpellier, Tanger, Montréal... Il finit le montage d'un nouveau film. Amina Zoubir a participé depuis à plusieurs expositions. Son film Khod et'roli wa choff était aussi en compétition au Panorama des cinémas du Maghreb 2010. Elle a reçu avec mention son master en nouvelles images à l'université Paris 8, et maintenant une résidence de montage chez Vidéochroniques à Marseille.
Selon vous, ce genre d'atelier est-il d'un apport conséquent, spécialement en Algérie ?
Oui, bien sûr. Il y a encore beaucoup à faire en Algérie, même si la situation est meilleure qu'en 2006. A chaque fois que je suis revenue, on m'a sollicitée pour refaire un atelier. J'espère que Trans Maghreb agira aussi comme un catalyseur pour les nouveaux participants.
Comment travaillez-vous dans ce genre d'atelier ?
Trans Maghreb porte l'idée d'ouverture, de circulation et de collaboration entre les trois pays d'Afrique du Nord. Le cinéma est un travail d'équipe, et c'est dans cette perspective que le projet a été construit en partenariat entre Belleville, Project'heurts et Aflam. Nous avons lancé un appel à projets. Un comité de lecture va établir une présélection des 80 projets reçus d'Algérie, du Maroc et de la Tunisie. La décision finale sera prise après entretiens.
Est-ce seulement de l'accompagnement ou y a-t-il des cours théoriques ?
Les deux. Les réalisateurs sélectionnés seront accompagnés par une équipe technique professionnelle durant toutes les étapes de réalisations (travail sur les scénarii, découpage, tournage, montage et mixage). Certains participants seront aussi sélectionnés pour assister sur les postes techniques et s'occuper du making off. Nous voulons aussi, cette année, inviter des intervenants extérieurs.
Ce genre de projet trouve-t-il réellement une aide des organismes publics des deux pays ?
Trans Maghreb est déjà soutenu par l'ambassade de France en Algérie et la fondation Azalaï, évidemment, cela ne suffit pas, et nous recherchons encore des subventions et des partenaires en Algérie, y compris du secteur privé. C'est d'ailleurs dans cette perspective que je serai prochainement à Alger. Il est essentiel que l'Etat algérien et les entreprises soutiennent ces jeunes en participant à construire une mémoire commune et du sens pour demain.
Quand doit débuter ce projet ?
Inch'allah, après le Ramadhan !
Et quand envisagez-vous de penser à vous ?
Oui, bien sûr, je poursuis mon travail personnel. Une exposition vient de se terminer à Casablanca avec une nouvelle vidéo, Dissolution. J'ai plusieurs projets en cours, dont une ambitieuse installation multi écrans. J'espère que ce sera une belle surprise. Je travaille avec une commissaire basée à Londres pour lui donner une bonne visibilité. Et je prépare des expositions collectives, dont une à New York à la rentrée.
Reperes
Katia Kameli est vidéaste. Brune, de taille moyenne, coupe de cheveux à la Louise Brooks, cette artiste et productrice, qui vit et travaille à Paris, est diplômée de l'Ecole nationale des beaux-arts de Bourges. Elle a été membre du collège Invisible, post-diplôme des beaux-arts de Marseille. Elle a, en 2006, « décidé de mettre en place une plateforme de production pour artistes et jeunes réalisateurs algériens en initiant le workshop Bledi in progress ». En sortiront de jeunes et talentueux réalisateurs en herbe qui confirment leurs promesses (Khaled Benaïssa recevra le grand prix du Jury au Fespaco 2009 avec Sektou) et poursuivent désormais leurs formations et leur projets.


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