On ne connaîtra pas de sitôt les raisons qui ont fait que le vol AH 5017 de la compagnie SwiftAir, affrété par Air Algérie, se soit écrasé au Mali. Les deux boîtes noires en possession des enquêteurs français seront ramenées en France pour être analysées. «Il est prématuré d'établir une hypothèse sur le crash du vol d'Air Algérie», affirme, à la presse française, Rémi Jouty, directeur du Bureau d'enquêtes et d'analyses (BEA), chargé de déterminer les causes de l'accident. Il faudra donc attendre le bon vouloir des autorités françaises pour avoir la moindre petite information sur le crash du vol AH5017 qui, jusqu'à preuve du contraire, était sous pavillon algérien. Y a-t-il une volonté de se désengager de cette affaire ou bien le fait que les autorités maliennes aient sollicité l'aide française interdit une implication plus sérieuse des autorités algériennes ? Jeudi, bien après que les militaires français aient investi les lieux du crash, – aidés par leur présence dans ce pays depuis 18 mois –, une équipe d'enquêteurs algériens s'était rendue aussi au Mali. Quid de ce que les enquêteurs algériens ont fait ou trouvé ? Nous ne savons pas grand-chose, puisque les officiels algériens n'ont pas voulu déroger à la sacro-sainte communication par bribes, demandant de temps à autre au ministre des Transports de prendre la parole pour redire ce que les officiels français ou les Burkinabés ont déjà déclaré des heures à l'avance. Où est donc passé le PDG de la compagnie Air Algérie qui, en tant que premier responsable du pavillon, se doit de communiquer, ne serait-ce que pour s'adresser aux familles des victimes et exprimer ses regrets ou sa compassion ? Le fait de dire que l'Algérie a été la première informée de l'accident suffit-il pour la dédouaner du reproche de ne pas être aux premières loges sur le déroulement de l'enquête ? Est-ce une volonté algérienne de laisser la France, le Mali et la Minusma gérer seuls le dossier ou bien l'a-t-on délibérément écartée ? La partie française qui, dès le début est en charge de l'enquête, semble vouloir garder l'exclusivité, au point de décider de tout, même du transfert de tous les corps des passagers vers la France pour identification. Le président français, François Hollande, avait fait l'annonce de cette décision face aux familles des victimes françaises. Mais qu'en est-il des victimes des 14 autres nationalités ? A-t-on demandé l'avis de leurs familles respectives ? Ces dernières pourront-elles s'opposer à une telle décision ? Les autorités algériennes ont-elles été informées de la décision française ou doit-on craindre que François Hollande ait fait cette annonce sans même penser avertir le pays dont l'avion s'est écrasé ? Si tel est le cas, il y a lieu de penser qu'il est plus que temps de revoir notre manière de penser et de pratiquer la diplomatie. L'Algérie mérite mieux que d'être traitée de la sorte.