Comment former les architectes pour qu'ils soient opérationnels le plus rapidement possible?» La question posée lors d'un atelier de réflexion organisé à l'USTO au profit des enseignants et des étudiants intègre le problème du décalage entre les enseignements prodigués à l'université malgré l'introduction du système LMD et la réalité du monde du travail. Maitrise d'œuvre, maitrise d'ouvrage, architecture, urbanisme, des notions qui ne font pas toujours bon ménage mais qui sont analysées à la lumière de la réalité économique du pays. Se considérant appartenir à la vieille école, G. Abadia, indique qu' «auparavant tout se faisait autour des projets, on se spécialise dans la pratique et c'est de fil en aiguille qu'on va tendre vers l'urbanisme». Cet ancien architecte qui a participé à la mission de construction dans les Aurès entamé en 1965, constate que cette notion de formation au projet, donc la possibilité d'intervenir à tous les niveaux, tend à s'estamper. Aussi, l'introduction d'outils numériques de plus en plus performants et qui ne sont pas seulement des outils de représentation mais aussi de conception, de réalisation, de gestion, etc. le font s'interroger sur la place de l'architecte dans le processus de création. Pour Fouad Sidi Attallaha, promoteur immobilier, «ce sont les outils pour appréhender la vie active qui manquent aux nouveaux diplômés». S'inspirant de sa propre expérience, il estime que c'est le profil de l'architecte pilote ou de l'architecte manager qui fait défaut car on peut avoir tous les diplômes qu'on veut mais si on n'a aucune idée des corps de métier de l'activité de bâtir, on reste handicapé. «L'architecte manager doit être capable de coordonner les corps de métier et de suivre tout le processus de réalisation allant de la prospection foncière à l'achèvement des projets», indique ce diplômé des années 1980 qui estime aujourd'hui que, durant le cursus universitaire, les étudiants doivent être familiarisés au monde du travail en fréquentant aussi longtemps que possible les bureaux d'études, les chantiers et même les administrations. Représentant le département d'architecture, Mme A. Foufa indique que des stages sont prévus au programme mais que pour des considérations diverses, leur durée se retrouve réduite à une semaine à peine, ce qui, reconnait-elle, est très insuffisant. Ancien de l'EPAU, membre fondateur du premier ordre des architectes et, plus tard, du syndicat des architectes agréés, Achour Mihoubi, s'insurge d'abord contre la distinction qu'on opère entre les architectes actifs et ceux qui ont choisi une carrière universitaire et propose une convention d'objectifs communs entre le syndicat, l'ordre et les professeurs universitaires tout en intégrant les étudiants.