- Le gouvernement a annoncé le retour du crédit à la consommation au mois de juin. Vous qui êtes producteur, comment accueillez-vous cette nouvelle ? Il est clair qu'une telle décision est susceptible, d'abord, d'améliorer la qualité de vie de nos concitoyens, et de contribuer aussi à soutenir l'investissement productif. Les entreprises de production ne peuvent que se réjouir d'une telle mesure. Et c'est ainsi que l'entreprise algérienne contribuera davantage à la création d'emplois et de richesses. En économie, stimuler la consommation est une bonne nouvelle pour l'économie. Mécaniquement, les mesures d'incitation à consommer local sont à même de doper l'investissement pour répondre à une demande en constante évolution. Cela met les entreprises face au défi d'élever le taux d'intégration. C'est aussi l'autre effet d'entraînement entre la croissance de la demande et de celle de l'investissement productif. - A combien est estimée la demande nationale de produits électroménagers et quel est le taux de couverture de cette demande par la production nationale ? La demande est variable d'un produit à un autre. Pour ce qui est du segment du froid, la demande est évaluée à environ 700 000 pièces par an. La demande de produits de climatisation évolue au même niveau, tandis que la demande des cuisinières est estimée à environ 300 000 unités/an. Le segment des téléviseurs pèse pour 900 000 à 1 millions d'unités/an. Pour ce qui est de l'offre, Condor Electronics est à même de répondre à 40, voire 45% du volume global de la demande. Sans le crédit à la consommation, nos ventes évoluent annuellement de 10% tous segments confondus. Nous nous sommes fixés initialement l'objectif d'atteindre une croissance de 15% cette année. Cependant, si le crédit à la consommation intervient sous peu, nous nous attendons à une croissance d'environ 30% en 2015. C'est vous dire que cette mesure devrait doper la croissance du marché de 15%. - Pensez-vous à aller au-delà des frontières lorsque les capacités de production tourneront à plein régime ? Il est clair qu'une telle croissance stimulera davantage l'investissement et les ambitions de l'entreprise d'aller au-delà du marché national. D'ailleurs, Condor s'affaire d'ores et déjà à se placer en dehors des frontières ; sur le marché africain, dans certains pays arabes et même en Europe. Nous avons des projets de placer nos produits en France, en Tunisie et nous avons déjà lancé certains de nos projets au Soudan. Nous avons des contacts avancés avec d'autres pays africain, dont le Sénégal, le Cameroun et la Côte d'Ivoire. Nous avons l'ambition de devenir leader africain dans l'industrie de l'électroménager. - Quel est le taux d'intégration des produits Condor ? Les taux sont variables : 60% pour les réfrigérateurs, 45% pour les produits de climatisation, 25% pour les téléviseurs. Nous investissons constamment dans le but de rehausser ces taux d'intégration, bien que, comme vous le savez, pour certains composants, dont les compresseurs à titre d'exemple, nous dépendions de nos fournisseurs. - Pouvez-vous nous parler de l'évolution des résultats financiers de votre groupe ? Nous avons eu une croissance de 16% durant l'exercice écoulé, propulsant ainsi notre chiffre d'affaires (hors taxes et hors TVA) à 47 milliards de dinars. Les bénéfices nets ont cru de 20% durant le même exercice. Si cette tendance se confirme, nous nous attendons à une évolution de 20 à 25% de notre chiffre d'affaires pour 2015. La baisse de la valeur du dinar nous a obligé à reporter à 2017 l'objectif d'atteindre un chiffre d'affaire d'un milliard de dollars. Cette nouvelle donne a entraîné une hausse de 20% des coûts de nos intrants et un rétrécissement de nos marges. Nous travaillons à même de compenser ces pertes en jouant sur la hausse de la productivité.