Même morts, les journalistes ne font pas l'objet du même traitement. Hamid Grine, accompagné de journalistes vivants et du wali, est allé déposer des fleurs sur la place de la Liberté de la presse pour la Journée internationale de la liberté de la presse. Sitôt parti, une autre délégation, FFS et autres, est venue déposer des fleurs sur la même place. Ses membres ont été interdits de le faire et une partie d'entre eux a fini au commissariat. Les journalistes morts n'ayant pu rien dire, ils sont retournés à leurs tombes avec les fleurs officielles. L'Algérie est à la 119e place du classement de la liberté de la presse et en régression ouverte sur les autres libertés. Hamid Grine est-il utile à la profession ou à l'histoire ? Non. Comme Miloud Chorfi, il est là pour faire du paysage médiatique un parking lisse de journaux de propagande à la gloire du plus fort, distribuant l'argent public là où il ne devrait pas aller. Sauf que la mécanique de cet ex-écrivain, pathétique dans son envie de plaire, qui a raté l'admiration du plus grand nombre et s'est recentré sur celle du roi, est plus perverse. En donnant des avis d'appel d'offres à des journaux insignifiants, il fausse tout : les appels ne trouvant pas preneur – puisque personne ne lit ces journaux–sont déclarés infructueux et passent au gré à gré, avec tous les dérapages que la méthode comporte. En ces moments de prise de conscience économique, Grine contribue donc à détraquer la sphère économique, retards de chantiers et surfacturations. En plus, pas de chance, c'est au lendemain de son «nous avons une liberté totale de la presse» que s'ouvre le procès du caricaturiste Tahar Djehiche à El Oued. Pour un simple dessin représentant le Président enseveli par le sable d'In Salah. Pas de quoi lever une armée. Mais il risque la prison. On aimerait bien lui offrir des fleurs, mais Grine est capable de prendre cela pour de la diffamation.