On disait du Traité de non-prolifération nucléaire (TNP) qu'il avait un caractère discriminatoire et que seuls les pays signataires étaient soumis à ses obligations. En réalité, de véritables contraintes sont imposées aux pays qui veulent accéder à l'énergie nucléaire sans chercher à posséder l'arme atomique. D'autres souhaitent la dénucléarisation d'espaces géographiques. Mais pour que cela soit possible, il faut l'adhésion de tous et par conséquent mettre fin à un secret qui n'en est plus un. Rien n'y fait. C'est pourquoi une réunion des pays signataires du TNP s'est terminée vendredi sur un échec, les Etats-Unis et leurs alliés rejetant une initiative arabe sur la création d'une zone exempte d'armes nucléaires au Proche-Orient. Ne serait-ce pas là un échec annoncé même après presque quatre semaines de tractations, Washington, Londres et Ottawa ayant indiqué qu'ils s'opposaient à une partie du projet de document final qui fixait au 1er mars 2016 la date limite pour convoquer une conférence sur la création de cette zone et clore en quelque sorte un débat lancé en 1995 ? Mais pour que cela puisse avoir lieu, il faut établir un état des lieux qui passe obligatoirement par l'identification et la localisation des arsenaux nucléaires et, par voie de conséquence, connaître les pays qui produisent et détiennent de telles armes. Donc pour cela, mettre fin au flou ou encore à cette fameuse ambiguïté nucléaire dont seul Israël se prévaut pour nier une évidence. Un statut bien spécial, couvert par une loi qui interdit aux Israéliens d'en faire état. Un ancien Premier ministre israélien a eu droit à un simple rappel à l'ordre. C'était le 13 décembre 2006 et Ehud Olmert avait alors laissé entendre qu'Israël possédait l'arme nucléaire,. Encore que, pour certains, c'est de l'histoire ancienne puisque cela remonte à 1967. Quant au programme en question, il a été lancé en 1954 grâce à la complicité de pays occidentaux. Et l'un de ceux qui en ont fait état est un technicien israélien de la centrale de Dimona. C'était en 1986 et cela lui a valu près de vingt ans de prison. Le fait est là. Israël disposerait de 200 ogives nucléaires, indiquait le 7 mars 2012 l'Institut international d'études stratégiques (IISS) de Londres. En outre, Israël n'est pas signataire du TNP et échappe donc aux obligations qui en découlent. C'est là justement le problème auquel se heurte la conclusion du TNP devant faire du Proche-Orient une zone exempte d'armes nucléaires. En 2010, la déclaration finale d'une conférence de suivi prévoyait qu'une réunion devait se tenir à Helsinki en 2012 pour parler du projet de zone dénucléarisée au Proche-Orient. Mais elle n'a jamais pu avoir lieu, en raison justement de l'obstacle israélien. Le chef de la délégation égyptienne a souligné qu'«après de grandes attentes, nous sommes empêchés de renforcer le TNP par trois délégations». Le délégué iranien a quant à lui, accusé Londres, Washington et Ottawa d'avoir sabordé la réunion «uniquement pour sauvegarder les intérêts d'un pays non partie au Traité qui a menacé la paix et la sécurité de la région en se dotant d'une capacité nucléaire». Pour un responsable de l'ONG Arms Control Association, cet échec «va probablement accroître la frustration croissante des pays non dotés de l'arme nucléaire devant le peu d'empressement des pays dotés à désarmer». Quant à Israël, il s'en est félicité et a exprimé sa «gratitude» aux Etats-Unis. Comment alors gérer ce que les pays du Proche-Orient ne manqueront pas de dénoncer comme un déséquilibre dans une région considérée comme une poudrière. D'autant que toutes les grandes puissances s'accordent à estimer que le conflit du Proche-Orient est une réelle menace pour la paix et la sécurité mondiale. La dénucléarisation étant donc exclue, n'y aurait-il pas alors risque de prolifération ?