Le monde est décidément bien silencieux devant les actes israéliens, que l'on ne saurait qualifier d'isolés. Tuer et exproprier sont les deux axes de la politique israélienne depuis ce fameux vote de l'ONU en novembre 1947. Ou encore comme le disent les Palestiniens, c'est la Nakba, la catastrophe. Et pourtant, ils continuent à la vivre des décennies plus tard sans réaction de la communauté internationale même pour appliquer ce qui relève du droit. Convaincu de cette impunité, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a ordonné hier la construction de 300 logements en Cisjordanie occupée, avec cette précision que cette mesure est immédiate, et que l'Autorité palestinienne considère comme un «crime de guerre», et devant laquelle même la communauté internationale parait sans voix, sinon quelques murmures. Normal quand celle-ci détourne le regard devant des actes ciblant certains édifices religieux, et autres symboles, qui n'ont rien d'isolés, et qu'il ne faut surtout pas attribuer à des déséquilibrés. Et c'est bien à propos que les Palestiniens ont dénoncé dans les «activités liées à la colonisation» des «crimes de guerre» qui s'inscrivent dans «un plan des dirigeants israéliens pour imposer le ‘Grand Israël' sur la Palestine historique et détruire la solution à deux Etats et la chance d'une paix». Un plan auquel Israël n'a jamais renoncé comme en atteste sa politique de colonisation menée de manière systématique depuis sa création. Les frontières d'Israël ont constamment été repoussées. Ce qui a fait dire à certains que l'extrémisme ne s'invente pas. Ou encore à d'autres que cette politique est dangereuse pour leur sécurité et leurs intérêts, sauf que le constat est établi depuis bien longtemps. Selon un chef israélien, «cette décision est une réponse sioniste, c'est de cette manière que nous allons construire notre pays» même si cela se fait en totale violation des lois. Les mises en chantier de constructions dans les colonies israéliennes de Cisjordanie occupée n'ont jamais été aussi intenses, et elles ne sont en aucun cas liées aux dernières élections israéliennes, ce qui aurait alors paru comme une exception, c'est pourtant l'inverse qui est vrai. Car les actes de colonisation ont augmenté de 40% en 2014, et les appels d'offres pour de nouveaux logements ont atteint leur niveau le plus élevé en dix ans, approchant une moyenne quotidienne de 50 logements, selon de nombreux rapports comme celui de l'ONU, ou d'organisations régionales pourtant promptes à s'exprimer sur d'autres situations, et même à joindre l'acte à la parole. Silence embarrassé si l'on considère que cette situation, en totale contradiction avec bien des discours, est aussi dangereuse, car de nombreux hommes politiques ont fini par constater vers quoi peut mener l'injustice et le désespoir. Cela se vérifie chaque jour et en de nombreux points de la planète. Et d'ailleurs, il n'a jamais été autant question d'une troisième intifada palestinienne, celles de décembre 1987 et février 2000 ayant permis au moins de contrarier la politique israélienne et amener le monde à sortir de l'oubli la question palestinienne, et cesser de la considérer sous l'angle humanitaire. Il en est en effet question depuis qu'Israël a tué le processus de paix et contraint à des choix nouveaux, en termes d'approche bien entendu, avec le recours à l'ONU et à la Cour pénale internationale (CPI). Il faudra bien un jour que le monde se montre conséquent avec ses propres discours. Et donc mettre un terme à l'injustice.