B ien qu'elles aient peu ou pas du tout critiqué les récentes dispositions adoptées par le dernier Conseil des ministres, les organisation patronales, réunies hier pour préparer la rencontre tripartie prévue en octobre prochain, ont assisté à un long «plaidoyer» en faveur de ces dispositions de la part du ministre de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb. «Toutes les mesures revendiquées depuis bien longtemps par le patronat ont été prises en charge par les dernières dispositions adoptées et les décisions contenues dans la loi de finances complémentaire. Nous avons mis l'entreprise au cœur des préoccupations et il n'y aura plus, désormais, aucune différence entre secteurs public et privé», a relevé le ministre. Rejetant toute notion «d'amnistie fiscale», M. Bouchouareb s'est attardé sur la décision autorisant les détenteurs de capitaux informels à intégrer le circuit bancaire, en indiquant qu'il s'agit là d'une opération de bancarisation qui se fait régulièrement de par le monde. Selon lui, cette bancarisation permettra de drainer des sommes estimées entre 1500 et 3500 milliards de dinars, mais ne constitue pas un objectif en soi, en ce sens qu'il s'agit d'un moyen extrabudgétaire pouvant participer au financement de l'économie nationale. D'autres sources de financement peuvent y contribuer également, grâce notamment au recours aux marchés financiers ou encore à «la création de fonds privés d'investissement», a ajouté M. Bouchouareb. Rappelons que certains experts économistes, à l'instar des animateurs du Cercle d'action et de réflexion autour de l'entreprise (CARE), pensent qu'avec ce genre de mesures, «le gouvernement fait encore comme s'il ne s'agissait que de gérer des difficultés économiques passagères là où des réformes plus structurelles sont rendues nécessaires pour commencer à jeter sérieusement les bases d'une économie qui doit plus que jamais se préparer au défi de l'après-pétrole». «Mesurette» Outre le sérieux risque de permettre aux trafiquants de blanchir leur argent sale, cette mesure ne saurait à elle seule mettre fin au phénomène de l'informel. La qualifiant de «mesurette», Habib Yousfi de la CGEA a déclaré que «ce n'est pas en défiscalisant que l'on règlera le problème de l'informel dans le pays». Pour sa part, le patron de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd, a rappelé que la bancarisation de l'argent informel a déjà été abordée par le CNES en 1995 et «ce n'est pas une tare de l'adopter aujourd'hui du moment qu'elle servira de soubassement à l'investissement». Pour sa part, le président de la Confédération algérienne du patronat (CAP) a relevé l'absence de mesures d'arbitrage devant servir au règlement des litiges existant notamment dans le secteur du BTPH. Le FCE s'est défendu, quant à lui, de vouloir monopoliser la représentation patronale en Algérie. «Nous n'avons jamais eu la prétention de représenter à nous seuls le patronat et nos propositions ne peuvent pas remplacer une vision lointaine pour une économie nationale émergente», a dit Brahim Benabdeslam. Le ministre de l'Industrie n'a pas manqué de lui emboîter le pas et d'affirmer, en ce qui le concerne, qu'il «ne privilégie aucune organisation à une autre», de même qu'aucune entreprise du FCE «n'a bénéficié d'un quelconque avantage en dehors du CNI ou du CPE». Notons, par ailleurs, que la rencontre d'hier entre le patronat et l'UGTA avait pour objectif de préparer la prochaine tripartite qui doit évaluer la mise en œuvre du Pacte national économique et social de croissance signé en février 2014. Ce pacte se veut un engagement de la part des pouvoirs publics, des opérateurs économiques et des partenaires sociaux pour la promotion et la valorisation de la production nationale. A ce propos, le ministre de l'Industrie et des Mines a annoncé qu'il soumettra, incessamment, un projet de texte identifiant les filières industrielles stratégiques et instituant les mesures de défense de ces filières ainsi que les avantages dont certaines activités liées à ces filières peuvent bénéficier.