La République tchèque n'a jamais été un pays d'immigration. Un lieu de transit. Mais un transit qui met à mal les moyens de ce pays membre de l'Union européenne (UE). Au point que ses plus hauts responsables ont dû intervenir, mettre les pieds dans le plat, peut-être pas de manière adéquate, si l'on en juge par certains propos tenus aux milliers de réfugiés qui se trouvent sur le territoire tchèque, mais qu'ils jugeaient certainement opportune. La forteresse Europe a vacillé avec des frontières qui ont montré leurs limites, mais surtout leurs faiblesses. Car, constate-t-on, le système de contrôle des frontières était basé sur les autres, assurant le rôle de premier rempart, en territoire non européen, avec une police et des centres de rétention – c'est ainsi qu'on les appelle – pour bloquer, retenir et renvoyer chez eux tous les candidats à l'immigration clandestine. C'est peut-être à ce prix que certains pays de ce côté et du pourtour de la Méditerranée ont été déclarés fréquentables. Bien sûr que cela ne reposait sur aucun paramètre objectif, et très certainement, de tels éléments n'étaient pas intégrés dans la politique étrangère de l'UE, à supposer bien entendu qu'il y en ait une. Cette crise des migrants est en effet révélatrice de bien des approches dites communes, comme en attestent les propos du chef de l'Etat tchèque. Milos Zeman a affirmé que «la vague actuelle de migration en Europe prend racine dans l'idée absurde de l'invasion de l'Irak, qui était censé avoir des armes de destruction massive, mais finalement rien n'a été trouvé. Elle est également provoquée par l'idée folle de restaurer l'ordre en Libye et puis en Syrie». Et d'indiquer que «les Etats-Unis ne sont pas les seuls responsables de cette situation. Ils partagent la faute avec leurs alliés de l'Union européenne qui ont aussi coordonné les opérations contre la Libye». Voilà donc le chef d'un Etat membre de l'UE marquant sa distance avec ce qui a été mené en son nom, brisant même le silence autour de ces guerres qui ont eu pour effet de disloquer ces pays et de les morceler en plusieurs territoires échappant à toute autorité, celle d'un Etat tel que reconnu internationalement. De ce point de vue, des pays se sont tiré une balle dans le pied pour n'avoir à aucun moment envisagé les conséquences de leurs actes et de les subir. La moindre devrait-on dire, c'est bien cet afflux de personnes fuyant ce nouvel ordre et que l'Europe entend au moins contrôler, lui étant impossible d'agir à la source. Et encore, car, selon elle, cela ne concerne que les lieux d'embarquement, mais en aucun cas les points de départ des immigrants. Ce qui veut dire, au moins aider à mettre fin aux conflits qui en sont la cause principale. Et lui propose, dans le cadre de l'ONU, la création d'unités militaires chargées de détruire les camps d'entraînement terroriste. «Voici ce que nous devons faire pour l'instant, et pas pénétrer quelque part avec des chars, de l'artillerie et de l'infanterie.» Un véritable coup de colère contre ces coups de force qui ne sont pas sans conséquence. Sera-t-il entendu ?