Face à l'urgence qui a prévalu à la nouvelle ville Ali Mendjeli et la commune du Khroub, dans la nuit de lundi dernier, les autorités de la wilaya de Constantine n'ont pas réagi proportionnellement à cette situation exceptionnelle. Dans pareil cas, une cellule de crise aurait dû être installée sur les chapeaux de roues tant la situation est grave. Or, rien ne fut. Au lendemain d'un réveil sinistre et endeuillé par la perte, par noyade et électrocution, de quatre personnes, le secrétaire général de la wilaya a convoqué, dans l'après-midi de mardi, soit presque 24 heures après la catastrophe, l'ensemble des présidents d'APC, chefs de daïra et directeurs de l'exécutif «pour dégager les mesures urgentes et préventives contre les risques d'inondation», lit-on dans un communiqué émanant du cabinet du wali. Rien que l'ordre du jour de cette réunion est en inadéquation avec la réalité. La réaction des autorités est tardive eu égard au lourd bilan des victimes, dont 170 blessés. Encore une fois, la célérité dans l'intervention a fait largement défaut aux autorités locales, qui n'ont pas anticipé cette catastrophe en dépit d'un bulletin météo alarmant concernant les wilayas de l'Est et dont les conséquences fâcheuses avaient été enregistrées, moins de 48 heures auparavant, à Batna, Souk Ahras, Sétif, Khenchela et Bordj Bou Arréridj. Constantine a peut-être réussi à conjurer le sort il y a quelques jours. Le répit était de courte durée, puisqu'elle fut rattrapée par les forces de la nature. Sa négligence a coûté des vies humaines et a plongé des familles dans le désarroi. Mais a priori, rien ne presse. Les familles qui se sont retrouvées sans toit peuvent dormir à la belle étoile et attendre que les officiels se réunissent, une journée après le drame, pour prendre des mesures, sermonner les services municipaux et n'entériner aucune décision. Les habitants se prennent en charge Une formalité que cette «réunion d'urgence» annoncée par la cellule de communication de la wilaya à travers un communiqué laconique adressé aux organes de presse. Et aux parties prenantes de ce huis clos de confirmer l'évidence : «Cette inondation n'est autre que le résultat de l'obstruction des avaloirs et des regards.» Personne ne s'opposera à cette analyse. Les responsabilités dans cette situation sont, par conséquent, établies. Les municipalités, si elles sont épinglées pour manquement à leur mission en pareil cas, seront-elles pour autant inquiétées alors qu'il y a eu mort d'homme ? De l'aveu de tous, les opérations périodiques de curage des avaloirs sont pourtant nécessaires et font partie de la gestion urbaine, surtout en cette période où les orages sont fréquents. La dernière instruction du Premier ministre en la matière a été manifestement ignorée. Il n'y a donc aucune urgence. Les habitants de la nouvelle ville l'ont appris à leurs dépens. Ils n'ont attendu aucune réunion officielle ou l'installation d'une quelconque cellule de crise pour se prendre en charge. Dès les premières heures de la journée, ils ont entamé le nettoyage de leurs quartiers inondés la veille. Munis de pelles et de brouettes, ils ont fait preuve de solidarité et de ténacité pour dégager les passages des tonnes de boue charriées par les eaux pluviales en deux heures.