C'est un personnel politique à bout de souffle, disqualifié par les échecs dans tous les secteurs, politique, économique et social, parfois éclaboussé par des scandales, qui se propose aujourd'hui de sortir le pays de la crise. Les mesures présentées comme décisives et alignées dans le discours officiel ces derniers jours sont applaudies par les organisations périphériques mais sont perçues comme une gageure par la classe politique et l'opinion publique. Un pouvoir qui a dû s'y reprendre à deux fois, récemment, pour réussir une opération aussi banale qu'un remaniement ministériel, ne peut pas mener à bien l'entreprise complexe de la remise sur pied de l'économie nationale. Le pays a régulièrement reporté, notamment depuis une quinzaine d'années, le chantier de la reconstruction économique en raison de l'abondance de la rente pétrolière qui permettait de nourrir les populations et d'arroser les clientèles. L'effort a été oublié ou combattu, toute notion de production et de création de richesses a été bannie des préoccupations des dirigeants, dont l'énergie, le temps et la parole étaient exclusivement consacrés au perpétuel ouvrage politique, celui de se maintenir au pouvoir. Mais la fatidique «tendance baissière» des cours du pétrole a brutalement désarmé une équipe dirigeante qui avait la particularité de dépenser l'argent sans jamais le fructifier. Même les personnages de l'Etat qui jouissaient de quelque prestige de gestionnaires pragmatiques avaient adhéré à l'école de la paresse, lors de la dernière campagne présidentielle, en appelant les jeunes à utiliser les fonds de l'Ansej non pas pour travailler, mais pour se payer un rang social immédiat. Puisque la raison et la responsabilité n'ont pas guidé les pas des équipes en charge du destin national, c'est la crise financière qui impose un retour brutal à la réalité, laquelle ne peut pas être politicienne, mais économique et sociale. C'est le bien-être des populations qui amène une stabilité politique et il n'y a aucun régime autoritaire qui peut survivre à un chaos social. L'interrogation qui revient dans les débats à l'occasion de cette rentrée chargée d'incertitudes est de savoir si un bon directeur de campagne électorale peut se révéler un bon manager à l'heure des défis économiques. La question reste en suspens. Alors que tout le poids de la relance a été mis, samedi dernier, sur les épaules des walis, sommés d'accompagner les entreprises et de vaincre la bureaucratie, la première opération entreprise par les autorités locales est d'organiser ce week-end des volontariats pour nettoyer les chefs-lieux. Pour un début de redressement national, cette action ponctuelle de propreté dans les villes est méritoire mais pas décisive. La véritable œuvre de salubrité publique est d'alléger le paysage politique des figures ayant activement participé à installer le marasme et produire l'échec. Entendre Ghoul parler de tourisme et Grine promouvoir tamazight, ou Sellal et son ministre de l'Industrie prétendre que ce sont les walis qui vont résoudre la crise de gouvernance nationale, constitue une véritable épreuve et un motif d'inquiétude, sinon de désespérance pour les citoyens.