L'économie algérienne fait face à «une situation difficile qui vient rappeler la nécessité d'une mutation structurelle vers plus de diversification et moins de vulnérabilité aux chocs externes. Mais cette situation présente l'avantage d'offrir une fenêtre d'opportunité de quelque deux à trois ans grâce au Fonds de régulation des recettes (FRR) et aux réserves de change». Telle est la conclusion de la note de conjoncture économique et sociale pour le premier semestre 2015 élaborée par le Conseil nationale économique et social (CNES) au terme de laquelle les rédacteurs soulignent l'urgence d'engager une réflexion pour l'élaboration d'un plan d'émergence à l'horizon 2035. Le rapport, présenté hier en présence de membres du gouvernement et d'experts, à la résidence El Mithak, a mis l'accent sur dix points. Il s'agit, entre autres, de l'environnement international, des équilibres internes et externes, de la situation financière et du commerce extérieur, de l'évolution du PIB, des activités des secteurs de la sphère réelle, des prix, de l'inflation, du climat social et de l'environnement. Rappelant le contexte difficile de l'économie mondiale qui a entamé «un processus de déshydratation en 2011», Mohamed Bakalem, chef de division études économiques au CNES, a longuement évoqué, dans sa présentation, les différents indicateurs macro-agrégats enregistrés entre janvier et juin 2015. Ainsi, depuis le début de cette année, le déficit commercial connaît mensuellement un trend haussier alors que les importations n'ont connu qu'une baisse modérée. Outre ce déficit, le solde des comptes courants de la balance commerciale a enregistré un manque de 7,78 milliards de dollars contre un excédent de 2,17 milliards de dollars à la même période de 2014. Même tendance pour les exportations qui ont baissé de 42% (19,28 milliards de dollars contre 33,24 milliards au premier semestre 2014) contre une réduction de 9,98% seulement pour les importations (27 milliards de dollars contre 30 milliards). En termes de prévisions, les exportations d'hydrocarbures pourraient s'établir, selon la même source, à fin 2015, à 30 milliards de dollars «pour les prévisions les plus pessimistes», précise le présentateur du rapport, qui ajoute : «L'importance des dépenses publiques est pour beaucoup dans le creusement du déficit public, leur niveau a dépassé les 3807 milliards de dinars à fin juin 2015», soit près de 8% de plus qu'en 2014. Concernant la situation monétaire, le CNES relève une certaine stabilité en adaptation avec les tendances nouvelles de l'économie. Le Conseil relève dans ce cadre une légère contraction de la croissance monétaire de l'ordre de -0,3%. Idem pour la liquidité bancaire (-626 milliards de dinars). Autre indicateur inquiétant : l'inflation en tendance haussière (5% en juin 2015 contre 1,2% en juin 2014) depuis le début de l'année en raison essentiellement de la forte dépréciation du dinar par rapport au dollar. «Le niveau de l'inflation demeure fortement influencé par l'évolution des prix des produits alimentaires, notamment les produits agricoles frais, alors que ceux des produits manufacturés et des services ont enregistré des augmentations», explique encore le rapport, qui est revenu par ailleurs sur les évolutions dans différents secteurs. A noter que le CNES a introduit pour la première fois dans ses notes de conjoncture l'aspect environnement. Il a rappelé, dans ce cadre, les engagements de l'Algérie à l'occasion de la COP21 qui se tiendra du 30 novembre au 11 décembre à Paris. Intervenant après la présentation du rapport, le ministre de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb, a souligné qu'il ne s'agit pas de crise conjoncturelle mais de choc profond. Il a appelé à réviser le système national de statistiques de manière à produire des chiffres et des données selon les normes en vigueur, reflétant la réalité de l'économie.