A quelques jours d'une réunion sous haute tension des pays membres de l'Opep, l'Agence internationale de l'Energie (AIE) tente un coup psychologique : les cours du pétrole devraient atteindre 80 dollars le baril d'ici 2020, contre un peu plus de 45 dollars aujourd'hui pour le Brent, un niveau qui représente moins de la moitié du dernier pic du cours atteint en juin 2014. De quoi aggraver les peines de certains membres de l'Opep, accrochés presque à la seule bénédiction d'une Arabie Saoudite plus que jamais intraitable sur sa stratégie de défense des parts de marché. Un rapport de l'AIE, publié vendredi, rappelle à qui veut l'entendre parmi les pays de l'Opep qu'aucune remontée spectaculaire des prix n'est envisageable avant 2020. A moins que les tensions géopolitiques au Moyen-Orient s'aggravent, ou qu'un revirement imprévisible dans la stratégie saoudienne vienne à surgir. Le rapport de l'AIE laisse néanmoins entrevoir une éclaircie à l'horizon 2020. Pour cette agence, le salut viendra peut-être de l'Inde pour les 25 prochaines années. En effet, l'Inde sera le principal moteur de la hausse de la demande de pétrole au cours des 25 prochaines années, annonce l'Agence internationale de l'énergie dans un rapport consacré exclusivement au troisième consommateur mondial d'or noir. «L'Inde devrait contribuer plus que n'importe quel autre pays à la hausse de la demande mondiale d'énergie sur les prochaines années, ce qui souligne son influence toujours grandissante en Asie et sur la scène mondiale», lit-on dans le rapport de l'AIE. Ainsi, alors que les doutes commencent à se faire sentir quant à la santé des économies émergentes, cette organisation de l'OCDE vient dissiper les craintes et fait tourner les regards vers l'autre géant asiatique, l'Inde. L'AIE précise que la dépendance de l'Inde au pétrole importé passera de 80% aujourd'hui à 90% d'ici 2040, ce qui rendra l'économie indienne encore plus vulnérable à la volatilité des prix du pétrole. L'éveil spectaculaire du géant asiatique serait progressif, ce qui retarderait encore de quelques années son impact sur la croissance de la demande mondiale de pétrole. L'impact le plus éminent sur les marchés pétroliers interviendra à l'arrivée du pétrole iranien dès janvier 2016, selon certaines prévisions. Alors que l'Opep contribue déjà fortement à la déprime du marché en produisant bien au-delà de ses quotas fixés à 30 millions de barils/jour, le retour de l'Iran sonne une nouvelle rechute des prix aux conséquences pour le moins désastreuses sur les économies des membres de l'Opep.