Alors que les dirigeants du monde entier arrivent à Paris pour participer à la Cop21, la Conférence des Nations unies sur le réchauffement climatique, les défenseurs de la planète et citoyens – interdits de marche en raison de l'état d'urgence – ont formé une longue chaîne humaine statique de la place de la République à la place de la Nation. Les travaux de la COP21 ont commencé hier en fin d'après-midi en séance plénière, pour définir la feuille de route des négociateurs avant l'ouverture officielle ce matin. 40 000 personnes, dont 10 000 délégués, sont attendues chaque jour jusqu'au 11 décembre au Bourget où se déroule la COP21. Il est attendu de cette conférence un accord des 195 pays pour ne pas dépasser un réchauffement mondial de 2°C d'ici la fin du siècle. Dans l'hypothèse la plus favorable, les Etats représentés à la COP21 s'engagent à une clause de révision de leurs engagements tous les cinq ans. Soit un accord universel et juridiquement contraignant de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre, comme l'a souhaité hier le chef de l'Etat français, François Hollande. Un pari qui n'est pas gagné. «Les conditions sont réunies pour un succès mais il n'est pas encore acquis», a déclaré le ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius, qui s'est félicité que 183 pays dont l'Algérie, représentant 95% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, aient fait des promesses chiffrées de réduction de leurs émissions. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a «appelé les dirigeants du monde à trouver un terrain d'entente», soulignant qu'«il n'y a jamais d'accord parfait». «Il n'y a pas de plan B car il n'y a pas de planète B», a-t-il insisté. Les menaces qui pèsent sur la planète sont l'aggravation de phénomènes déjà visibles, comme la fonte des glaciers, la disparition d'espèces, l'intensification des épisodes météorologiques extrêmes... Pour contourner l'interdiction de la marche pour le climat prévue hier à Paris, la coalition Climat 21, regroupant 130 organisations, a appelé à former une chaîne humaine dans capitale française. 4 tonnes de chaussures place de la République La marche pour le climat avait été annulée à la suite de l'interdiction de manifester décrétée dans le cadre de l'état d'urgence imposé en France après les attentats. Plus de 10 000 personnes ont participé à cette chaîne humaine de la place de la République à la place de la Nation – un parcours de trois kilomètres – selon les organisateurs, 4500 selon la préfecture de police de Paris La chaîne humaine a commencé à se former le long du boulevard Voltaire, qui relie la place de la République à celle de la Nation, en passant par le Bataclan où 90 personnes ont été tuées lors des attentats du 13 novembre. «C'est le moment pour le monde entier de se donner la main», a déclaré Iain Keith, directeur de campagne pour Avaaz, un des organisateurs. Par ailleurs, des milliers de personnes ont couvert hier matin la place de la République – qui s'est imposée comme lieu d'hommage et de recueillement depuis l'attentat contre Charlie Hebdo, au début de l'année – de chaussures. Des chaussures d'enfants, des bottes, des baskets pour symboliser les manifestants qui n'ont pas pu se rassembler. Parmi les chaussures d'anonymes de tous âges, celles de personnalités, celles du pape François, les baskets du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et d'autres personnalités de divers horizons. Les chaussures ont été retirées de la place par Emmaüs, bénéficiaire de l'initiative, à partir de midi. «Plus de quatre tonnes» de chaussures ont été collectées depuis une semaine, explique Emma Ruby Sachs, directrice adjointe d'Avaaz, mouvement mondial de mobilisation citoyenne, à l'initiative de l'opération. Ce parterre de chaussures est «un monument symbole de la détermination des gens à être écoutés», a-t-elle ajouté. En marge de cette initiative pacifique, des échauffourées ont eu lieu entre un groupe de manifestants masqués – clamant : «Etat d'urgence, Etat policier. On nous enlèvera pas le droit de manifester» – et les forces de l'ordre dans le secteur de la place de la République.