Des cas de corruption et d'arnaque avérés sont quotidiennement signalés par les souscripteurs aux 600 logements promotionnels aidés à Souk Ahras et les promoteurs chargés de la réalisation redoublent de voracité face à des fonctionnaires peu initiés à leurs entourloupes. Au lieu des 20% d'apport personnel des souscripteurs, les entrepreneurs donnent libre cours à leur imagination pour imposer des sommes importantes, calculées au pif. L'un d'eux fait carrément dans l'improvisation et érige, de son propre chef, des logements pour deux catégories de souscripteurs : l'une devant se conformer au supposé «prix officiel», déjà gonflé de 140 000 DA, soit une totalité de 560 000 DA et une autre devant payer un million de dinars, avec comme récompense 10 m2 de plus. Pis, la demande de versement de ces sommes est antérieure au taux d'avancement des travaux requis. «L'un des entrepreneurs, absent depuis des lustres du chantier, gère l'accueil par personnes interposées et opte pour un double langage s'agissant des recettes illégales qu'il engrange via son notaire», a déclaré Toufik C., l'une des victimes de l'arnaque. L'un de ses accompagnateurs ajoute que les frais d'inscription chez le notaire dépassent l'entendement et oscillent entre 40 000 et 60 000 DA pour les plus chanceux. Concernant les promoteurs, une autre astuce est mise en application, où l'entrepreneur, de connivence probablement avec le notaire, signifie à ses victimes que la signature des actes de vente sur plan (VSP) est tributaire d'un autre versement de 60 000 DA pour le paiement de l'assiette foncière. Celle-ci est pourtant payée par l'Etat. «Je ne sais pas si les autorités locales, ainsi que le directeur du logement sont conscients du grave préjudice porté par ce groupe de promoteurs à leur crédibilité ; imaginez qu'en plus de toutes ces sommes faramineuses volées à de pauvres malheureux, le frère d'un entrepreneur, tout imbu de sa personne, demande aux souscripteurs d'autres sommes pour récupérer les frais de téléphone mobile et un autre que les permanenciers soient payés par ces gens», a commenté Hamid D., une autre victime. Approché, un technicien de la direction du logement a dévoilé une série d'anomalies dans la construction. «Je le dis, je l'affirme et je le confirme, l'espace appartement n'est pas le même que celui inscrit sur les documents officiels, voire sur le VSP lui-même et là tous les éléments qui relèvent des dispositions pénales sont réunis, citons notamment la fausse déclaration, le faux et usage de faux, la falsification et l'abus de confiance», a-t-il indiqué. Le même technicien a parlé de corruption et de vol d'entrepreneurs formés, estime-t-il, en lobby puissant dont les ramifications n'épargnent, ni administration, ni circuit judiciaire, ni direction du logement. Un des promoteurs a fait cette déclaration publique à ses clients : «Allez vous plaindre au wali ou à la justice, vous reviendrez amoindris et sans respect aucun et nous ferons, quand même, notre liste avec nos conditions.» Une véhémence, un dédain et une assurance perceptibles sur le terrain et une autorité qui en est fortement affectée.