Etre à l'écoute des patients, donner espoir et ne jamais les condamner malgré la gravité de la maladie, se projeter dans l'avenir, parler le langage courant. Telles sont essentiellement les recommandations émises par Benchikh Nazim, professionnel dans la communication médicale, à l'adresse d'une vingtaine d'étudiants en médecine participant au «Youth Medical communication». Organisé les 19 et 20 octobre, par l'association Le Souk, club scientifique de la faculté d'Alger, l'événement se veut un moyen d'inculquer aux futurs médecins et professionnels de la santé les bases de la stratégie de la communication médicale entre jeunes. Dans une salle en verre, les étudiants, s'offrant un moment théâtral, simulaient des scènes probables entre médecins et patients devant les yeux scrutateurs du formateur et de leurs collègues. Comment annoncer au père la mort d'un nouveau-né mal formé, de quelle manière prendre en charge les inquiétudes d'une femmes âgée atteinte d'Alzheimer, et d'autres mises en scène savamment préparées ont donné au cours toute sa dimension sociale et surtout humaine. Car il ne faut jamais oublier que le métier de médecin est d'abord basé sur l'humanisme. «Il est urgent que les étudiants en médecine soient formés pour devenir des humanistes, connaissant l'âme humaine tout autant que le métabolisme des acides aminés», avait écrit Marie de Hennezel dans son livre Le souci de l'autrui, mettant en évidence une problématique qui avive l'inimitié entre deux acteurs de l'environnement médical, en l'occurrence, le médecin et son patient. Allant dans le sens de la psychologue française, Smaili Mounia, membre du Souk et l'une des initiatrices de l'événement, explique que cette formation leur a permis d'apprendre que la communication est un élément très important dans la prise en charge du patient. Il faut savoir que dans les milieux de la médecine, il est courant de dire que 80% des maladies sont psychosomatiques et seraient donc liées et provoquées par l'esprit. «Il y a bien des placebos parmi les traitements. Ces médicaments sans effet pharmacologique soignent bien. Preuve que la communication et la prise en charge psychologique sont parfois aussi importantes que le traitement lui-même», argue Nazim Benchikh. Pour ce qui est de l'événement, «la formation est surtout dédiée aux étudiants ayant intégré le cycle clinique, car ces profils sont en relation directe avec le patient. Les simulations et le jeu de rôle leur ont permis de cerner les différents types de personnalités et apprendre les techniques essentielles pour orienter ces dernières. Pour arriver à maîtriser ces techniques, il faudra être toujours à l'écoute du patient, mais surtout apprendre comment gérer notre intelligence émotionnelle», développe Mounia. «Il est important de savoir que la communication médicale est devenue un sujet d'actualité. C'est une problématique mondiale», renchérit Bouchelouh Tesnime. Et de poursuivre : «C'est à partir d'un constat, d'abord sur le plan personnel, que nous avons réfléchi à élaborer ce projet. Nous avons sollicité plusieurs personnes dans le domaine de la santé pour présider la formation, mais notre surprise fut grande. Car nous n'avons pas trouvé des professionnels dans le domaine, excepté le formateur qui s'y connaît parfaitement», déplore-t-elle. C'est dire le peu d'importance accordée à ce volet communicationnel entre soignants et soignés. De son côté, Nazim Benchikh regrette que cet aspect relationnel ne soit pas pris en charge par les facultés de médecine, assurant qu'aucun module consacré à la question n'est programmé tout au long du cursus universitaire. Installé au niveau de «The Adress», un bureau de travail collectif situé au 4e étage d'El Mouhammadia Mall -cédé par les propriétaires des locaux-, la formation destinée aux futurs professionnels de médecine offre «un point de repère afin que les étudiants en médecine puissent entreprendre dans le futur une relation d'aide porteuse d'espoir», affirme Nazim. «Le médecin est meilleur lorsqu'il a le goût des autres», écrivait le professeur en gastroentérologie, Paul Zeitoun. Rappelant l'objectif de la formation qui est d'apprendre aux étudiants de médecine ainsi que ceux de pharmacie à communiquer de la façon la plus adaptée avec le patient et sa famille, les membres de Souk comptent faire de ce projet «un programme entier contenant des conférences et des formations». Une initiative salutaire et qui acquiert toute son importance au regard des violences constatées régulièrement dans les milieux hospitaliers. Sans remettre en cause directement le personnel soignant, il faut dire que dans l'état où arrivent le patient et sa famille, et devant le manque de moyens et de places dans nos hôpitaux, il est plus qu'important que ces citoyens soient pris en charge par des professionnels capables de gérer les émotions et autres moments de fragilité psychologique. Dans le même ordre d'idée, pourquoi ne pas former également les agents de sécurité à ces techniques de communication afin d'en faire non pas des videurs mais des accompagnateurs.