Les artistes sont de fabuleux ambassadeurs de leur pays d'origine. Mehdi Elias Baba Ameur, 29 ans, désormais musicien affirmé en Italie, communique une véritable émotion lorsqu'il se présente comme «un Algérien musulman», dans les grands concerts. Les notes envoûtantes de son violoncelle font le reste… Enfant, il n'aurait jamais pensé, que sa vie allait devenir un conte de fée grâce à un musicien italien qui a décelé un incroyable talent en lui, lors d'un concert à Alger.Fils d'une famille instruite et conservatrice, son grand-père était grand mufti de la mosquée d'Alger, Mehdi n'était pas destiné à devenir, un jour, un violoncelliste de renom qui jouerait dans les meilleures salles de la ville éternelle, tant le monde de la musique lui semblait lointain. «J'avais 11 ans, quand mon père, ayant reçu des invitations pour un concert de musique classique, m'y a emmené. J'ai été émerveillé par tous ces instruments, mais le violoncelle a tout de suite capturé mon attention d'enfant curieux...j'ai commencé à prendre des cours au conservatoire, puis à l'Institut national supérieur de la musique à Alger», nous raconte avec enthousiasme Mehdi Elias, avec la fraîcheur et l'émerveillement d'un enfant, mais avec l'assurance d'un jeune homme sûr de lui, qui gère seul sa carrière artistique en Italie et ailleurs. Cet enfant prodige n'allait pas décevoir ses parents, loin de là… En 2005, il est devenu le plus jeune musicien permanent à l'Orchestre symphonique national d'Algérie et a pu évoluer sous la baguette de différents chefs d'orchestre algériens et étrangers. Mais c'est grâce à un violoncelliste italien, Maurizio Gambini, que l'adolescent algérois a pu débarquer au conservatoire de Santa Cecilia. Conscient de cette chance inouïe, mais méritée, Mehdi travaille d'arrache-pied à perfectionner son jeu. Il ne met pas beaucoup de temps à devenir membre permanent de l'orchestre de ce conservatoire romain. Des années d'études avec les meilleurs professeurs de musique, durant lesquelles il décroche plusieurs licences et titres académiques, ensuite, commencent pour lui les spectacles en solo ou au sein d'un orchestre. Mehdi, a un autre coup de chance en 2009, lorsqu'on lui proposa d'accompagner la voix du pape Benoît XI, avec son violoncelle, dans le morceau Advocatanostra de l'album Alma Mater, avec les chœurs de l'Académie philarmonique de Rome et de l'Orchestre symphonique de Londres. Cet album a eu un grand succès et a été diffusé dans le monde entier. Encouragé par ses enseignants et ses admirateurs, il crée en 2012 sa propre fondation, qui se veut un pont vers le monde et la diversité. Beyond Borsers (Au-delà des Bourses) un nom prometteur qui lui permettra de constituer un ensemble musical multi-ethnique et multiconfessionnel, composé de 5 jeunes musiciens provenant de différents pays (Corée du Sud, Bulgarie, Iran, Italie et Algérie). Les mélomanes algérois découvrent ce groupe attachant, en mai 2016, à la salle Ibn Khaldoun, lors du 17e Festival culturel européen. Le violoncelliste et son ensemble représentent l'Italie et interprètent des musiques traditionnelles méditerranéennes. A Rome, Mehdi a tout de même son petit public algérien, qu'il régale lors des fêtes nationales célébrées à l'ambassade d'Algérie.