Ali Benflis, dont le parti s'est déjà exprimé pour le boycott des élections législatives prochaines, a proposé hier à Oran ce qui s'apparente à une feuille de route pour garantir la transition politique en Algérie. D'abord faire en sorte de réunir tous les acteurs politiques, y compris les représentants du régime autour d'une table pour discuter sereinement d'un ordre du jour. Ensuite, organiser des élections «propres» avec l'instauration d'une commission et d'un encadrement véritablement indépendants garantissant la transparence durant tout le processus électoral. Les représentants du peuple issus des urnes devront adopter une Constitution consensuelle et, enfin, désigneront un gouvernement d'union nationale à qui incombera la tâche de réussir la transition. Cette assertion ne figure pas dans le discours, disons officiel, préparé pour la circonstance et qui sera conservé dans les archives du parti, car ce n'est qu'après s'être débarrassé des écrits qu'il a lus à haute voix qu'il a pris quelques minutes pour s'adresser personnellement à la salle. Cependant, on sait qu'à un moment ou un autre, depuis les années 1990, ces propositions ont déjà été exprimées par les vrais partis d'opposition comme le FFS ou par des personnalités politiques nationales, mais ce que Ali Benflis soutient, c'est que «quand on fait ce genre de propositions, le régime brandit immédiatement l'épouvantail de la main de l'étranger». Le porte-parole du Parti de l'avant-garde des libertés (PAGL) a donc mis en avant sa qualité de fils de chahid pour dire que «cette revendication vient du cœur profond de la nation». On comprend alors mieux le choix de la date, un 18 février, mais surtout la longue dissertation sur la notion de martyr qui a caractérisé une grande partie de son discours. La déclaration étant faite à Oran, il n'a évidement pas manqué d'évoquer des noms locaux dont l'incontournable Zabana. L'autre caractéristique de Ali Benflis réside dans la concession faite aux islamistes. La question de la place de la religion dans la vie politique est cruciale et un parti comme le FFS se base par exemple sur le contenu de la déclaration du 1er Novembre, mais Ali Benflis semble restreindre davantage le champ politique en plaçant son discours dans le cadre strict des «valeurs islamiques». Il n'est donc pas question de laïcité même adaptée au contexte local tel que formulée par le RCD. Pour le reste, tout en insistant sur la stabilité du pays et la nécessité, à ce propos, de s'unir derrière l'ANP et les forces de sécurité, l'ancien candidat doublement malheureux à l'élection présidentielle considère qu' il faut abolir les privilèges et que «les deniers publics doivent être sacrés et ne doivent être dépensés qu'avec le consentement des représentants du peuple librement et démocratiquement élus». Pour lui, le pouvoir actuel n'a pas fait bon usage des richesses du pays car il s'est en réalité soucié de sa propre survie. «Aucune stratégie n'a été adoptée face à l'amenuisement des réserves de change», avance-t-il comme argument après avoir constaté que «l'amnistie fiscale et le recours à l'emprunt obligataire n'ont pas abouti à des résultats probants». Il a en outre réitéré toutes les critiques formulées précédemment et qui se résument, toujours selon lui, au fait que «le pays n'est pas géré avec des institutions de la République qui ne remplissent pas leurs missions».