Le sénateur du Rassemblement nationale démocratique (RND), Amer Mohamed, fait l'objet d'une plainte pour des faits présumés d'«achat» de voix lors des sénatoriales de 2015, révèlent des élus du parti et membres du conseil national du RND. Ce qui n'était, en fait, qu'un simple conflit d'ordre partisan au sein du RND de Saïda, a débouché, début juillet, sur une plainte pour octroi d'«un avantage indu», selon l'article 25 de la loi 06-01 relative à la prévention et la lutte contre la corruption. Cette action en justice, presque inédite, a été intentée par Laïd Sahanoune, élu à l'APC et secrétaire général du bureau communal RND de Saïda, lit-on dans la requête déposée auprès du doyen des juges d'instruction près du tribunal de Saïda avec, en sus, constitution de partie civile. Il est ainsi reproché au sénateur du RND d'avoir «acheté» les voix de quelque 75 élus siégeant au sein des assemblées locales pour s'assurer le siège de sénateur lors du renouvellement partiel des membres du Conseil de la nation qui a eu lieu le 31 décembre 2015. Dans sa requête, M. Laïd affirme disposer de toutes les preuves attestant de ses dires et de divers rapports émanant de secrétaires communaux du RND des localités de Maâmora et Ouled Khaled. La pratique de la «chkara» (agent sale, ndlr) à l'occasion de rendez-vous électoraux avec son lot d'irrégularités supposées est ainsi portée, pour la première fois, devant une juridiction locale. Selon des membres du conseil national du RND de la wilaya de Saïda, le recours à la justice fait suite au conflit larvé opposant les représentants des structures locales au sénateur Amer Mohamed, également secrétaire général du bureau de wilaya du RND. Un conflit qui, selon un communiqué transmis au secrétaire général du parti, Ahmed Ouyahia, a pris récemment de graves tournures sur fond de «menaces» et de «purges» au sein de la commission des finances au sein de l'APW et du comité des marchés publics de la wilaya de Saïda. Contacté par nos soins, Amer Mohamed a d'abord insisté sur le fait qu'aucune mesure d'exclusion n'a été prise à l'encontre des militants de la base. «Toutes les décisions entérinées au niveau local sont conformes aux orientations du conseil national. Certaines mesures statutaires ont un caractère strictement interne et ont été prises dans un cadre organique et consensuel», indique M. Amer. Selon lui, les reproches faits par les membres du conseil national interviennent au lendemain des législatives de mai dernier, pour lesquelles plusieurs de ces membres se sont portés candidats et dont les dossiers ont été rejetés par la commission de candidature. Concernant la plainte déposée à son encontre, le sénateur RND de Saïda affirme ne pas être en mesure de se prononcer sur une affaire qui est entre les mains de la justice. «Je n'ai pas à me prononcer sur une affaire qui est désormais du seul ressort de la justice», dit-il. Il s'interroge cependant sur les motivations des plaignants et le temps mis, depuis décembre 2015, pour saisir la justice sur ces faits présumés. Ceci étant dit, les instances judiciaires de Saïda auront à traiter une affaire bien singulière, qui a trait à des pratiques souvent dénoncées par des responsables politiques de l'opposition mais qui n'ont jamais fait l'objet de saisine de la justice.