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Les institutions ne sont plus obligées de passer par les bureaux d'études étrangers Mohamed Kameche. Directeur du Centre de développement des satellites (CDS)
- Comment a été conçu le premier satellite ? Est-il algérien à 100%? Quand on parle de conception, il s'agit beaucoup plus du génie de conception. Même les plus grandes entreprises, à l'image de Boeing, travaillent avec le tissu industriel, c'est-à-dire les sous-traitants. Réaliser un engin qui fonctionne correctement en orbite, c'est cela le génie de la conception. Dans notre cas, la meilleure formule est le modèle Airbus. Cette approche de travail avec le tissu industriel permettra plus tard de poser les grandes lignes pour la construction d'une zone industrielle à Oran, dans le pôle aérospatial. A ce moment- là, on aura des sous-traitants capables de réaliser les pièces nécessaires à la fabrication d'un satellite. - Donc, il y a un projet de pôle aérospatial ici à Oran ? Nous sommes en train de faire les audits des sociétés algériennes pour mettre en place une coopération très étroite dans le domaine du spatial. Nous avons sollicité des groupes industriels et plein d'autres qui font de la mécanique de précision. L'objectif premier est de travailler sur des échantillons de prototypes de systèmes, et si cela marche bien, on pourra faire quelque chose de beaucoup plus important. Aujourd'hui, les sociétés peuvent considérer que le projet n'est pas avantageux pour elles, car, au début, elles ne fabriqueront qu'une seule pièce. Mais si cette dernière est bien réalisée, l'entreprise pourra être sollicitée par d'autres compagnies étrangères. - A quand remonte la construction du premier satellite et combien de temps cela a-t-il nécessité ? Cela remonte au début des années 2000 et le satellite a été lancé en novembre 2002. C'était en coopération avec SSTL, une société britannique. Le programme portait sur le transfert du savoir-faire au profit de 11 de nos ingénieurs. A ce moment-là, on sortait d'une situation de crise due aux échecs des négociations avec les Français, on a donc dû travailler avec les Anglais sur le projet qui était surtout un projet de démonstration technologique. Très rapidement après, le deuxième satellite est né. Pour ce dernier, les objectifs ont changé, car il y avait alors tout un programme national qui a été élaboré, avec comme échéance l'horizon 2020. Le plan comprenait la fabrication d'un satellite dans les locaux d'Airbus, la formation de 30 éléments, et en même temps la fabrication du centre de développement des satellites qui va abriter la fabrication, l'intégration et les tests par l'équipe formée chez SSTL. - Et quelle est la différence entre le premier et le second satellites ? Le deuxième, c'est la responsabilité algérienne en quelque sorte. Le premier, malgré la participation algérienne, était un produit clé en main. Le second a vu la participation effective des Algériens. Ce qui est aussi nouveau, c'est que l'expertise est désormais locale. Car l'expertise, c'est l'assurance. Tout comme pour le véhicule, le domaine spatial fonctionne selon le même principe. Car, même si on maîtrise le produit, on n'est pas sûr que le lanceur va mettre le satellite sur la bonne orbite. On peut également se retrouver devant une situation inédite et délicate, où même à Airbus il n'y a qu'un seul bonhomme capable de donner la solution. Parfois donc, on est obligé de payer des expertises non consommables. Mais avec l'expertise algérienne, on gagne du temps et de l'argent. - Quel est le rôle de ces satellites ? C'est l'observation de la Terre pour l'aménagement de terrains et autres. Aujourd'hui, il y a une instruction du premier ministère pour que tous les départements et services passent par l'Agence spatiale. Donc, ces institutions ne sont plus obligées de passer par les bureaux d'études étrangers pour faire des études ou acheter des images. Désormais, il y a l'obligation de passer par le produit algérien. - Quelle est la fréquence de la couverture du territoire algérien par les satellites ? On est actuellement à trois satellites : une constellation à deux satellites, 2A et 2B, avec une résolution de 2.5 mètres en temps chromatique et 10 mètres en multispectral. Et il y a aussi Alsat 1B, qui est utilisé surtout pour suivre tout ce qui est catastrophes naturelles, désertification, etc. Ce dernier a une fauchée plus importante de 150 km, ce qui donne un corridor d'accès satellite de 600 km. C'est-à-dire qu'il refait la visite de chaque point sur la Terre en l'espace de trois jours. Avec la constellation des deux satellites, on peut accéder à n'importe quel point sur la Terre en une journée. - Donc, on peut suivre les incendies de forêt quasiment en temps réel… Absolument, aujourd'hui (jeudi 20 juillet) à 9h50 GMT, il va y avoir normalement le vidage des images sur Tizi Ouzou. - Quand est-ce que ce centre a-t-il été construit ? Il a été inauguré en février 2012. Il a pour fonction l'intégration, la fabrication des satellites et surtout les opérations d'exploitation et de contrôle des satellites. Il y a aussi l'aspect recherche scientifique pour veiller sur les dernières technologies de pointe dans le domaine de l'aérospatiale. - Qu'est-ce qui se fait en matière d'exploitation des données ? Tout se fait ici. On a le système de contrôle doté des antennes. Nous avons également un centre de réception à Ouargla, où des antennes sont implantées. Donc, les images sont soit réceptionnées ici ou à Ouargla avec des lignes spécialisées en réseaux. Ainsi, le transfert se fait directement à l'Agence spatiale, le centre d'application au niveau d'Alger. Donc, nous sommes ici pour le traitement, le post-processing et tout le reste. Notre travail est de répondre aux commandes, faire le suivi des satellites et prendre des images pour les transmettre. Pour ce qui est d'un certain niveau de traitement des images, les centres, en fonction de leurs besoins, répondent à la requête particulière d'un client. Notre rôle est de maintenir les satellites en très bonne condition, répondre dans les meilleurs délais aux requêtes des utilisateurs, et mettre à disposition les produits de qualité.