Le monstre saoudien fait encore parler de lui. 14 chiites condamnés à mort par la famille wahhabite risquent d'être exécutés d'un moment à l'autre. Leur grâce a été rejetée par le roi Salmane et son fils, le prince héritier Mohamed Ben Salman. Leurs crimes : ils sont d'abord chiites, ce qui aux yeux des wahhabites est une aberration, un crime contre Dieu et son Prophète. En clair, ils les considèrent comme des hérétiques qui n'ont rien à avoir avec l'islam. En second lieu, ils ont manifesté pacifiquement dans la région de Qatif, à majorité chiite, pour exiger le respect de leurs droits et leur identité. C'est un très grave délit aux yeux des Al Saoud qui ne tolèrent aucune contestation et qui ont engagé une guerre totale contre le chiisme. C'est ainsi qu'ils ont agressé le Yémen, où ils sont tournés en ridicule par des combattants miséreux, armés seulement de leur foi, tout simplement parce qu'ils sont Houthis, une branche dissidente du chiisme. Ils pensaient faire une balade militaire, ils se trouvent ensablés dans une guerre qui dure. Dans la même logique, ils se livrent à des provocations contre le tout-puissant Iran, mais n'osent pas aller jusqu'au bout. Ils savent que les ayatollahs ne sont pas des enfants de chœur et qu'ils sont capables de les faire disparaître de la surface de la Terre. Riyad, en provoquant gravement les citoyens chiites du royaume, peut creuser la tombe du système. Les chiites sont concentrés dans la province orientale, c'est-à-dire là où se trouvent les principaux gisements pétroliers de l'Arabie Saoudite. On imagine les conséquences pour la famille royale, si cette région venait à faire sécession, ce qui n'est pas exclu. Craignant cette perspective, les Al Saoud tablent sur une répression violente pour faire taire toutes les velléités. Parmi les 14 condamnés à mort, figurent un jeune étudiant de 18 ans et un mineur qui a publié sur Facebook des photos des manifestants. Un acte qui ne mérite même pas une interpellation pour la police sous d'autres cieux. Mais la nature criminelle du régime saoudien a pris le dessus sur toute considération. Au point que 10 prix Nobel parmi les plus prestigieux ont jugé urgent de publier une tribune libre pour demander la grâce des 14 innocents. Seront-ils entendus ou assistera-t-on à une exécution de masse, comme le faisaient naguère les nazis et comme le fait aujourd'hui Daech ? Il est difficile d'être optimiste quand on sait qu'on a affaire à un régime qui a une haine viscérale pour tout ce qui est droits de l'homme, démocratie et liberté, et dire que les pays membres des Nations unies ont commis une forfaiture en acceptant la candidature de l'Arabie Saoudite à la commission des droits de l'homme. C'est comme nommer Adolph Eichmann, membre d'une organisation antisémite ou un membre du Ku Klux Klan, comme avocat des victimes de l'apartheid. Nous vivons dans un monde où l'hypocrisie est de rigueur et où le plus fort et le plus riche a toujours raison. M. Donald Trump, qui menace le Venezuela d'intervention militaire parce que, selon lui, les droits de l'homme ne sont pas respectés, n'a pipé mot sur ces chiites qui risquent la potence.