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Le président Benkhedda : acteur et témoin de l'histoire de la Révolution
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Publié dans El Watan le 21 - 08 - 2017


Par Salim Benkhedda
Professeur en cardiologie
«Et ne cachez pas le témoignage : quiconque le cache a, certes, un cœur pécheur. Allah, de ce que vous faites, est Omniscient.» (Sourate al-Baqarah, verset 283)...
Devoir de mémoire
Témoigner, notamment sur la Guerre de libération, était pour mon père, Rahimahou Allah, une exigence morale aussi impérative que le fut la lutte pour la libération du pays. Voilà pourquoi – en dépit de son âge et de la gêne que lui occasionnait une acuité visuelle abîmée par la lecture et l'écriture à des heures indues de la nuit – il consentit l'effort de rédiger cinq œuvres, déjà publiées, sans compter un certain nombre de projets d'ouvrages inachevés.
Si j'écrivais, à coup sûr, et en toute bonne foi, je commettrais des erreurs. Mais si je n'écrivais pas, je commettrais une faute plus grande encore que ces erreurs probables : de par mon silence et mon inertie, je permettrais la perpétuation de fables et de légendes sur ce dont j'ai une connaissance certaine et que je peux rapporter avec le maximum d'exactitude et d'honnêteté requises dont je me sens encore capable. J'ai donc pris le parti de témoigner, sachant que la meilleure manière de faire le lit au mensonge, c'est encore de se taire.
L'écriture de l'Histoire, en particulier une histoire que l'on a vécue soi-même, n'est pas chose aisée. Elle peut donner lieu à la tentation de régler ses comptes avec des personnes que l'on n'aime pas, ou qui furent des adversaires politiques dans son propre parti ou dans des organisations rivales. Ce témoignage pourrait être altéré par le subjectivisme et quelquefois par la mythomanie.
Malgré la forte myopie dont il souffrait et les graves complications oculaires pour lesquelles il subit trois interventions chirurgicales, il passait des nuits entières dans son bureau à écrire à la main. Souvent, il me réveillait en pleine nuit ou au petit matin et me demandait de saisir pour lui, sur ordinateur, un texte dont il venait d'achever la mise au point, ou une idée qui venait de lui traverser l'esprit et qu'il voulait préserver de l'oubli. «L'informatique est un véritable don de Dieu», disait-il alors.
Il assistait régulièrement aux journées d'étude organisées autour du thème qui lui tenait le plus à cœur : l'histoire du mouvement national. Je pense que ce sont les activités au sein de l'Association historique et culturelle du 11 Décembre 1960 qui stimulaient sa mémoire en lui donnant de nouvelles opportunités – en plus de ses propres écrits – de porter encore témoignage de l'histoire de l'Algérie. Livrer entièrement et avec probité son témoignage à qui de droit, c'est-à-dire au peuple, notamment aux jeunes générations, est une lourde responsabilité autant que le devoir de mémoire est une impérieuse nécessité.
«Ecrire l'Histoire, expliquait-il, c'est consentir à parler des frères qui ont exercé des responsabilités, parfois lourdes, et à juger leur action. Ecrire l'Histoire, c'est être amené à évoquer en termes critiques des personnalités dont le nom s'est entouré d'un tabou quasi inviolable pour beaucoup[de nos concitoyens].Ecrire l'Histoire, c'est partir en guerre contre les scandaleuses altérations de la vérité historique et contre les préjugés tenaces, produit d'un long travail de sape par l'intoxication.
On se demande alors si on dispose de suffisamment de force morale et de probité intellectuelle pour aller jusqu'au bout dans la restauration de la vérité. (…) C'est un devoir de ne pas relâcher nos efforts pour apprendre aux jeunes générations que l'Indépendance de l'Algérie ne nous a pas été octroyée dans un geste d'on ne sait quelle magnanimité ou philanthropie par l'ancienne puissance coloniale ! Cette Indépendance est le fruit de notre lutte et de nos sacrifices. Elle a été arrachée, et arrachée au prix fort, dans une gigantesque confrontation. Pendant près de huit ans de mobilisation sans relâche, notre Nation a perdu les meilleurs de ses enfants au combat, sinon sous la torture ou sous le couperet de la guillotine, ou encore au cours de mises à mort collectives de toutes sortes d'expéditions répressives. C'est à cet impérieux Devoir de mémoire qu'il faut désormais s'atteler pour rendre justice à toutes celles et tous ceux qui ont fait l'offrande de leur vie afin que naisse un Etat algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes islamiques.»
Cette volonté de témoigner, avec toute la force de caractère et l'objectivité dont il était capable, était pour lui une nécessité vitale, élevée au degré du sacré. Cette chose solennelle ne l'empêchait pas d'avoir, le cas échéant, des points de vue personnels et de les exprimer librement, avec cran, avec la force de la raison, contre l'usage et les idées toutes faites, et peu importe si cela n'était pas en phase avec les sentiments du jour de l'opinion publique nationale, ni davantage du goût de nombre de ses amis. C'est le propre du sage… Comme le rappelle Nicolas Chamfort, «un philosophe[ou un sage] est un homme qui oppose la nature à la loi, la raison à l'usage, sa conscience à l'opinion.» Par exemple, au sujet du 1er Novembre 1954, il émit cette réflexion qui, pour des raisons évidentes, fit l'effet d'un pavé dans la mare :
«La précipitation de l'insurrection n'a-t-elle pas engendré des maux graves dont ont souffert, durant la lutte armée, le FLN et l'ALN, à savoir l'absence d'une direction nationale au cours des deux premières années de la Guerre [etc.] jusqu'au Congrès de la Soummam le 20 août 1956 ; l'autorité diluée entre l'intérieur et l'extérieur ; l'appel, aux centres de décision, à des éléments non révolutionnaires, voire aventuristes, souvent opportunistes ?... Et, dès l'indépendance, cette succession de crimes politiques :
- coup de force contre le GPRA en 1962 ;
- putsch du 19 juin 1965 ;
- coup d'Etat du 11 janvier 1992
- assassinat de Mohammed Boudiaf, etc.»
A propos de la crise berbériste, il restait intransigeant tout en expliquant pourquoi : «On ne peut mettre sur le même pied d'égalité la langue sacrée du saint Coran avec d'autres langues. Même maternelles.» «Les berbéristes qui revendiquent l'identité berbère et jettent l'apport arabe et islamique. sont influencés non seulement par les idéologies de la colonisation, mais aussi par l'idéologie communiste.»
«Le berbérisme est un problème créé de toutes pièces par le colonialisme français aussitôt qu'il eût occupé l'Algérie. Ce problème ne s'était jamais posé auparavant. Il a été conçu comme une recette de dissension, et c'est là, précisément, qu'apparaît le rôle fondamentale de l'islam qui, en faisant tomber les barrières ethniques et sociales, avait façonné cette identité culturelle de l'Algérie qui servira de matrice à l'éveil et au développement de la conscience nationale.» Précisément, Benyoucef Benkhedda était connu être un homme qui assumait ses opinions, notamment quand, par souci de vérité et de fidélité, il défendait énergiquement ses amis et compagnons d'armes : «Il nous appartient, dit-il, nous les rescapés de la Guerre d'indépendance,[à l'intention]de la génération actuelle, d'évoquer et de parler de nos morts avec respect et considération [car], avec leurs qualités et leurs défauts, ils font partie de notre patrimoine national. Parce que ces héros doivent demeurer pour tous des parangons de sacrifices et de dévouement dans la longue marche pour une Algérie libre, souveraine, respectueuse des droits de l'homme, sachons défendre ce patrimoine hautement patriotique ! Enrichissons-le afin de sauvegarder au mieux notre avenir et celui de nos enfants !» Il semble dire : «Si nous venions à mourir, songez à défendre nos mémoires...»
Merci de défendre nos mémoires !
Si nous venions à mourir, défendez nos mémoires !» On prête à Didouche Mourad cette parole devenue célèbre. Mon père en avait fait son credo. Alors, défendant la mémoire de son compagnon Saâd Dahlab et celle des membres du Comité central. Il témoigna en ces termes : «C'est à l'occasion des négociations de ces mêmes accords (d'Evian) qu'un homme de la trempe de Saâd Dahlab donna la pleine mesure de son intelligence et de son talent. Il se révéla un négociateur hors pair face à nos redoutables partenaires français rompus aux subtilités d'une tradition diplomatique multiséculaire.
Saâd Dahlab avait, à sa façon, rehaussé le prestige de l'Algérie. Il a droit à la reconnaissance de tous et non à l'ingratitude [et à l'oubli]. Quant aux détracteurs invétérés [des membres] du Comité central, ils seraient mieux inspirés s'ils comptabilisaient les effets désastreux qu'aura coûtés à l'Algérie leur gestion anarchique [des affaires du pays] depuis 1962.»
«On a déversé des tas de calomnies et dit tant de médisances sur le Comité central du PPA-MTLD et sur ses membres [les centralistes] à qui on reprochait, entre autres, leur «amour immodéré du pouvoir» et leur «soif inextinguible des honneurs et de la notoriété… Rappelons que – pour des raisons évidentes de sécurité, afin que l'ennemi n'arrivât pas à les identifier – depuis le Congrès historique de 1947, les membres du Comité central avaient toujours été désignés par cooptation. Ce sont ces hommes-là qui avaient conçu, organisé et dirigé la lutte du peuple algérien en vue de l'action du 1er Novembre 1954.
Certains l'ont poursuivie jusqu'en 1962, et même au-delà pour d'autres.»
«Le Comité central ne fut pas au-dessus de tout soupçon, et le plus grave fut certainement le culte du chef [Messali] qui finit par prendre, par moments, une forme de chirk. Il n'y a pas lieu ici de traiter de ses erreurs et de ses faiblesses, [mais disons que], comme [dans] toute formation politique, l'homme politique en avait quelques-unes à déplorer. Cependant, ceux qui continuent encore à le dénigrer et à ne voir en Messali Hadj que son côté négatif, ont-ils donné à la patrie ce qu'a donné [par exemple] un Bouda, un Belouizdad, un Radjef, un Lahouel, un Ben Boulaïd ou un Abane, pour ne citer que ceux qui ne sont plus de ce monde ?... N'oublions pas [non plus] Hachemi Hammoud et Aïssat Idir à qui nous devons rendre un hommage appuyé de respect et d'admiration : le premier pour avoir succombé en 1957 sous la torture des paras de Bigeard, le second pour avoir été brûlé vif, en 1958, par ses geôliers dans l'hôpital prison où il avait été transféré dans un état d'épuisement quasi-désespéré. Faut-il encore rappeler que ces hommes-là, ces militants, ont été les premiers à s'opposer au règne du pouvoir personnel incarné par Messali et ses pratiques anti-démocratiques et dont le peuple continue d'être la victime et qui continue, hélas, d'exercer ses ravages sur notre société depuis l'Indépendance ?... De ce point de vue, le Comité central fut une école [de démocratie] pour de nombreux cadres et dirigeants de la Révolution…»
«Quand on considère que le FLN a été le prolongement du PPA-MTLD, on ne peut s'empêcher de dire que, jusqu'à nos jours, nous ne nous sommes pas encore remis de cette blessure, et le problème de la libre discussion et de la démocratie au sein des instances supérieures du FLN et de l'Etat reste entier. Le Comité central [du PPA-MTLD] avait accumulé une expérience basée sur la connaissance intime du peuple et sur une approche concrète de ses problèmes. Dans beaucoup de pays qui se sont libérés du colonialisme, la continuité a persisté au niveau de la Direction entre ceux qui ont mené la lutte pour l'indépendance et ceux qui ont pris les rênes de l'Etat après son instauration [ou sa restauration], comme en Tunisie et au Maroc, par exemple. Il n'y a pas eu d'interruption entre les uns et les autres. Tel ne sera pas le cas de l'Algérie où la plupart des vrais libérateurs du pays se verront écartés de la gestion des affaires par ceux qui sont parvenus au pouvoir par l'intrigue et le complot, dans la foulée de la crise de 1962.»
Un jour, après avoir parcouru le livre du président du HCE, Ali Kafi, dans lequel ce dernier accuse Abane Ramdane de trahison, mon père entra soudain dans une telle fureur… «Un ancien chef de Wilaya… Un ancien secrétaire général de l'Organisation nationale des moudjahidine qui écrit des choses pareilles, c'est très grave ! La propagande de Fethi Dib fonctionne toujours !» Encore bouillonnant et grommelant, il s'attela à écrire un nouveau livre afin de témoigner. Il l'intitulera Abane, Ben M'hidi et leur apport à la Révolution.
Rappelons pour les plus jeunes que mon père connaissait très bien Abane Ramdane. Ils étaient ensemble au lycée de Blida et militaient très jeunes au sein des mêmes partis politiques. Il dira plus tard, à propos de ce témoignage : «Ces pages sont une réponse à Ali Kafi qui, dans un livre, avait laissé entendre que Abane avait été, pendant la Guerre de libération, un agent de la France. La qualité de l'auteur, qui a exercé de hautes responsabilités au niveau national, ne me permettait pas de garder le silence sur ces insinuations gravissimes. Certes, je ne dis pas que Abane [comme tout mortel], était infaillible. Il a eu ses faiblesses ; il a sûrement commis des erreurs, comme n'importe quel dirigeant du FLN… Et qui peut se targuer d'y échapper ?... Mais, laisser entendre perfidement qu'il fut un ‘‘agent'' de l'ennemi, il y a là une ligne rouge à ne pas franchir !»
Il n'avait pas hésité, à son âge avancé, à creuser sa mémoire et rédiger un livre, des mois durant, pour défendre la mémoire d'un militant de l'envergure de Abane Ramdane et rafraîchir en même temps cette ligne rouge que de sombres desseins ont ternie.
«Néanmoins, avec tout le respect et la considération que nous devons à la mémoire de Abbane, à l'œuvre qu'il a accomplie et à la contribution qu'il a apportée à la cause de l'indépendance, nous ne devons pas tomber dans le ‘‘culte du héros'' ou celui des ‘‘morts'', en honneur chez les peuples d'Occident qui érigent des statues et des stèles à la mémoire de leurs ‘‘grands hommes''. Cette pratique, qui tend à une divinisation de l'homme, est une forme de chirk, contraire à nos mœurs, à nos traditions nationales et à nos valeurs islamiques. Inspirons-nous [plutôt] des idées de Abane, mais n'allons pas jusqu'à l'adorer. Pour nous, Abane est dans nos cœurs. C'est en luttant pour le triomphe de ses idées que nous serons fidèles à sa mémoire et à ses idéaux qui demeurent plus que jamais d'actualité dans notre Algérie souffrante, des idées plus valables encore en temps de paix. Et quelles idées plus utiles, plus convaincantes que celles dont il a fait son credo politique :
- l'unité du peuple algérien ;
- la primauté du politique (du pouvoir civil) sur le militaire ;
- la primauté de l'intérieur (problèmes de développement interne) sur les problèmes de politique internationale.»
«Alors que l'Algérie se débat [aujourd'hui] dans les convulsions d'une tragédie sans nom, alors que la jeunesse algérienne est à la recherche de ses repères historiques, on ne peut s'empêcher de se demander quelle motivation a poussé Ali Kafi, secrétaire général de l'Organisation nationale des Moudjahidine, à diffamer et à calomnier un symbole de la Révolution, connu pour son œuvre historique d'unification des forces nationales, travail sans lequel la libération de l'Algérie eût été une chimère. Ali Kafi, serait-il tombé dans un piège, le piège de la division, arme redoutable entre les mains de l'ennemi qui a toujours tenté de dresser une population contre une autre : arabophones contre berbérophones ?... Si nous nous mettons à nous détruire mutuellement, nous, les combattants de la Guerre d'indépendance, ne risquerons-nous pas de discréditer la Révolution aux yeux de la génération nouvelle, aux yeux de celles qui suivront, et de faire ainsi, encore une fois, le jeu de l'ennemi qui n'a pas digéré, à ce jour, à travers la ‘‘perte'' de l'Algérie, l'une des plus grandes défaites de son histoire, et qu'il se garde bien d'avouer ou de reconnaître publiquement. Notre victoire sur cet ennemi fut une victoire éclatante et l'une des plus glorieuses de notre Histoire. Elle pourrait être [elle l'est déjà !] une leçon pour tout le monde : celle d'un petit peuple qui réussit à triompher d'une grande puissance moderne parce que sa cause était juste, et parce qu'il était uni.» Ainsi parlait Benyoucef Benkhedda.
Une autre fois, il réagit aux mensonges et calomnies de Yacef Saâdi à l'encontre de son ami Brahim Chergui, révolutionnaire de la première heure. Saâdi accusait Si Brahim, toute honte bue, d'avoir livré Ben M'hidi aux sbires du criminel Massu. Mon père s'enferma pendant plusieurs jours dans son bureau et réalisa un opuscule de plus de 100 pages. Je l'accompagnais jusqu'au centre des archives historiques où il remit une copie de son témoignage qui a été publié dans la revue du Centre national d'études historiques. En page 131, très catégorique, il souligne «qu'à aucun moment, cet homme, qui s'est acquitté loyalement de ses obligations envers l'organisation, n'a fourni à ses bourreaux les adresses des appartements et pied-à-terre où j'avais l'habitude de le rencontrer et, moins encore, ne les a convoyés à travers ces mêmes adresses.''Le pouvoir fait tout pour que les jeunes ne connaissent pas leur histoire…. Qui parmi les jeunes connaît aujourd'hui Hachemi Hamoud, Sid Ali Abdelhamid, Abdelmalek Temmam, Hachem Malek, Mohamed Sahraoui, Abderrahmane Baha et autres “politiques” de la Zone autonome d'Alger qui se sont joués de la 10e division parachutistes commandée par Massu ?»
épilogue
Notre génération jouxtant la leur, nous n'avons pas suffisamment de recul pour mesurer vraiment la grandeur et la valeur de l'œuvre de la génération précédente, celle de nos Pères. Nous savons néanmoins, et en sommes certains, que ces hommes et ces femmes n'avaient qu'un seul désir : servir l'islam et libérer la Patrie. Ils ont servi l'islam en libérant l'Algérie. Ils ont servi Dieu et la Patrie, jusqu'au bout de leur énergie. L'ampleur et le sens de leurs sacrifices, la portée et l'âpreté de leur abnégation, notre génération peut les deviner, mais elle sera incapable de les mesurer à leur juste valeur. La génération suivante, c'est-à-dire nos enfants, auront-ils le recul nécessaire pour apprécier la valeur de leurs aïeux, ces hommes et ces femmes qui ont fait de leurs mains, de leur sueur, de leur sang, l'Algérie indépendante ?... Certes, l'Algérie est politiquement indépendante depuis plus d'un demi-siècle… Mais est-elle souveraine ?... Les Algériens sont-ils aussi unis comme l'avait souhaité la génération de la libération du pays, dans l'unité et la fraternité ?... Se sentent-ils vraiment libres ?… En voilà des questions ! Et tant pis si elles dérangent !
En tous cas, les générations suivantes devront y répondre. Elles devront rendre justice à l'Histoire en rendant l'hommage qu'ils méritent à ces valeureux Algériennes et Algériens qui ont réalisé le rêve de l'Emir Abdelkader, celui d'El Mokrani, de Cheikh El Haddad, de Boumama, de Fatma N'Soumer, de Ben Badis, d'Amirouche, de Ben M'hidi, de Belouizdad, de Didouche, de Zighoud, de Benboulaïd, de Zabana,… quarante-cinq mille martyrs du 8 Mai 1945 et des millions d'autres martyrs encore, illustres inconnus, tombés les armes à la main durant la longue nuit coloniale, sous les coups de l'ennemi, percés par l'estoc ou tranchés par la taille, sinon dans les massacres qui jalonnèrent la brutale et longue conquête du pays, de juin 1830 à juillet 1962, de Maghnia à Tébessa et d'Alger à Bordj Badji Mokhtar, de Tindouf à Negrine, et de Béchar à Djanet, sinon encore exécutés en extrajudiciaire ou morts sous la torture !
Nous disons à tous les enfants de l'Algérie et à leurs futurs descendants de prendre soin de l'héritage que leur ont légué nos pères, nos grands-pères et nos aïeux. Ces hommes et ces femmes avaient, de leur mieux, servi l'islam et l'Algérie…
Qu'avons-nous fait, nous, pour l'islam et l'Algérie ?



Notes :
Fethi Dib. Chef des services spéciaux égyptiens. Joua un grand rôle dans la promotion de Ben Bella et le dénigrement du Congrès de la Soummam et la personnalité de Abane Ramdane. Le général Nasser, homme fort de l'époque, n'acceptera jamais l'indépendance du CCE et de la Révolution algérienne vis-à-vis du Caire : «La Révolution algérienne n'est inféodée ni à Moscou ni à Washington ni au Caire», pouvait-ont lire dans la plate-forme de la Soummam.
Les extraits sont des livres :
- Les origines du 1er novembre
- Abane, Ben M'hidi et leur apport à la Révolution
- Alger, capitale de la Résistance


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