Le verdissement de la viande et sa putréfaction, observés sur de nombreuses carcasses ovines, les premier et deuxième jour de l'Aïd El Adha dans la wilaya de Guelma, continuent à alimenter la chronique locale. «J'ai tout jeté à la poubelle ! Je n'ai pas eu la présence d'esprit de me rapprocher des services vétérinaires», nous déclarait, hier encore, un des nombreux pères de famille qui a eu la malchance de découvrir, horrifié, dans son congélateur, une viande putréfiée nauséabonde. Et de conclure : «Pour ma part, je connais trois autres personnes qui ont eu ce problème. Cela fait plus de 50 ans que je sacrifie le mouton de l'Aïd pour moi et ma famille, mais jamais une chose pareille ne m'est arrivée !» En effet, c'est l'énigme totale à Guelma et les ouï-dire des uns et des autres sur la place publique n'ont fait qu'alimenter le doute, d'autant que le problème est non seulement national, mais observé également chez nos voisins marocains! Mais qu'en est-il au juste ? «Oui, en effet c'est l'énigme totale, un grand point d'interrogation pour nous !», nous déclare à ce sujet Mohamed Amiri, inspecteur vétérinaire de la wilaya, et de poursuivre : «Depuis mardi passé, nous avons enregistré 84 cas de verdissement de carcasses et de putréfaction à travers la wilaya de Guelma, sur déclaration auprès du service vétérinaire. Bien évidemment, les déclarants sont identifiés ainsi que le lieu de l'achat.» Quant à l'agent ayant causé le phénomène, l'inspecteur vétérinaire avance plusieurs facteurs : «Ce que je peux vous dire à ce sujet, selon les déclarations des personnes qui se sont rapprochées de nos services avec des quartiers de viande témoins, c'est qu'ils ont d'abord observé des taches vertes sur la carcasse, qui se sont propagées par la suite avec émanation de mauvaises odeurs. Ce phénomène s'est amplifié dans les frigidaires et les congélateurs. Il s'agit probablement d'un ou plusieurs germes de putréfaction. Dans notre cas, ils se développent à de basses températures. Il faut attendre les résultats des analyses de 5 échantillons, que nous avons envoyés au laboratoire d'El Tarf. A mon avis, c'est à la faveur d'une exposition au soleil ainsi qu'à une forte température et humidité, notamment dans les cuisines, que la viande, préalablement souillée par de mauvaises conditions d'abattage, que les germes de putréfaction ont proliféré. Les températures extrêmes ont empêché la raideur cadavérique de l'animal et ont par conséquent favorisé l'inhibition naturelle des germes de putréfaction». En clair, pensant bien faire, les gens ont exposé les carcasses au soleil pour accélérer le séchage, pour ensuite les découper dans des cuisines surchauffées. Quant à la suspicion d'une alimentation malsaine ou l'utilisation de produits chimiques prohibés, notre interlocuteur en écarte toute probabilité. Notons enfin que le jour de l'Aïd, pas moins de 54 vétérinaires à travers la wilaya, ont procédé à l'inspection de plus de 3000 carcasses. Nous retiendrons dans ce contexte que près de 95 000 têtes ovines ont été sacrifiées ce jour-là sur le territoire de la wilaya.