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«Mettre à profit tout mon héritage»
Rédha Benabdallah . Musicien et musicologue
Publié dans El Watan le 21 - 10 - 2017

Insula, c'est l'histoire d'une rencontre entre l'Algérie et la Martinique sous le signe de Frantz Fanon. Racontez-nous ça...
Insula est né de l'amitié qui nous lie Maher et moi-même. Cette amitié a commencé il y a plus de 10 ans, sur les bancs de la Sorbonne à la rentrée 2006, nous étions tous les deux en première année de licence de musicologie. Il y avait 300 étudiants dans cette promo, un martiniquais et un Français d'origine algérienne, et c'était moi. Je pense que ça nous a beaucoup rapprochés !
On a appris à se connaître, connaître nos histoires, nos parcours et évidemment, nous avons parlé de Frantz Fanon, le penseur et militant anticolonialiste né martiniquais et mort algérien. Ce personnage nous liait grâce à ses origines et nous en avons fait la clef de notre inspiration pour la composition de notre musique.
Comment cette rencontre se transforme en musique ?
Nous composons une musique, un son, un timbre original, mêlant le oud, le piano, la tradition et la modernité. Ce projet musical nous permet d'aller au-delà de nos inspirations et styles propres en mettant à égalité les cultures algérienne et martiniquaise. C'est ce que Frantz Fanon voulait, l'égalité entre les hommes, entre les peuples, entre les cultures.
Très souvent, j'ai commencé à écrire une mélodie, en m'inspirant de tout ce que j'ai appris, de ma culture musicale algérienne, mais aussi de ce que j'ai appris dans la chorale de la Sorbonne ou en cours de composition. Puis Maher rajoute l'harmonie à ces mélodies, je lui propose des choses, il me propose des ajouts, des modifications et au final nous trouvons toujours le juste équilibre dans nos co-compositions.
Le plus important est que l'on arrive à percevoir la musique algérienne et martiniquaise à travers nos compositions mais aussi cette part d'inspiration personnelle qui donne également un cachet particulier à notre musique. Nous sommes conscients que le brassage entre jazz caribéen et musique maghrébine est quelque chose d'assez inédit et nous profitons de cela pour mettre en valeur nos patrimoines musicaux respectifs.
Vous sortez d'une tournée algérienne. Quelles sont vos impressions ?
Nous avons eu le plaisir de découvrir (redécouvrir pour moi) un public incroyable ! De ville en ville, nous nous sommes aperçus des caractères différents du public. D'un public incroyablement sérieux et attentif à Alger (très agréable pour un musicien) à un public chaud et festif à Oran (aussi agréable) pour ne citer que ces deux villes. Je pense que nous avons rempli notre contrat et que le public a été agréablement surpris par la nouveauté de notre style musical. Nous avons en tout cas donné toute notre énergie et tout notre cœur pour apporter du bonheur au public algérien.
On vous connaissait musicien de musique arabo-andalouse. Comment passe-t-on de l'interprétation codifiée de ce genre à un projet ouvert sur l'improvisation et le jazz ?
Plusieurs événements m'ont emmené vers le jazz. Le premier, c'est ce week-end de mai 2015 où nous avons passé tout notre temps à composer et tester notre duo piano-oud pour en ressortir avec 4 morceaux. Ça a été une révélation et nous avons décidé de nous lancer sérieusement dans ce projet.
De mon côté, j'enseignais beaucoup au conservatoire de Roubaix dans la classe de musique arabo-andalouse que j'ai créée en novembre 2013 et j'étais plongé dans ma thèse de doctorat à Paris-Sorbonne sur la nawba algéroise que j'ai terminée fin 2015 avec le titre de docteur en musicologie. J'ai consacré toute ma vie à la nawba et j'avais besoin de souffler et d'explorer d'autres styles. Il était temps de mettre à profit tout mon héritage de la nawba dans un projet de fusion avec le jazz.
Quels sont les projets d'Insula ?
Nous partons en tournée au Brésil dès novembre pour 5 concerts, dont un au Sao Paulo Jazz Festival et un au Blue Note de Rio. Nous jouerons également à Florianopolis, Belem, Porto Alegre et en Guyane à Cayenne. Nous terminerons l'année 2017 par un concert en Martinique, à l'Arobase, le 29 décembre.
L'année 2018 est en construction et de belles tournées dans le monde sont en train de s'organiser. Concernant les collaborations, nous avons envie d'aller à la rencontre de slameurs et slameuses, de musiciens classiques (l'idée d'un quintette à cordes nous traverse l'esprit) ou encore de musiciens traditionnels, jazz... Nous nous laisserons guider également par notre destin avec, je l'espère, de belles rencontres musicales surprenantes.
Que devient la kwitra ? L'avez-vous défini-tivement troquée pour le oud ?
Certainement pas ! Le oud a été pour moi le moyen de toucher au jazz, il est beaucoup plus facile de collaborer avec un jazzman en utilisant un oud plutôt qu'une kwitra, beaucoup plus restreinte en termes de possibilités techniques mais pourquoi pas une prochaine fois !
Je travaille actuellement avec un percussionniste algérien, Salim Beltitane, sur un projet en duo kwitra/percussions. J'ai composé une série de pièces instrumentales contemporaines qui explorent et exploitent toutes les possibilités techniques, harmoniques, timbriques de la kwitra. Idem pour les percussions traditionnelles utilisées dans un set de batterie avec des baguettes.
La deuxième partie de ce projet et la composition de mélodie sur les poèmes soufis de Cheikh al-Alaoui, en explorant des modes différents et des rythmes de danses traditionnelles algériennes et du Maghreb. Je lance d'ailleurs un petit appel aux réalisateurs algériens car la musique de film fait partie de mes projets et je crois savoir que la kwitra n'a jamais été vraiment explorée dans nos films, contrairement au oud charqi que l'on entend très souvent.
Comme musicologue, vous menez des recherches passionnantes sur la nawba . Pouvez-vous nous en parler ?
Ma thèse de doctorat se structurait en plusieurs points : les transcriptions de toutes les pièces de la nawba algéroise. A partir de ces transcriptions, j'ai réalisé une analyse modale de toutes les nawbate, basée sur les motifs mélodiques que composent tous les chants de la nawba. En parallèle, j'ai mis en lumière les contradictions des classifications du répertoire que l'on connaît depuis 1904. Enfin, à partir de cette analyse scientifique, j'ai reclassé plusieurs dizaines de chants, parmi les 350 chants environs, dans la nawba, le mode qui lui convient selon mon analyse scientifique.
Ma thèse est une proposition de classification et une théorisation des modes algériens à partir d'une analyse musicale scientifique, je n'ai aucunement la prétention de remplacer les classifications actuelles des maîtres mais seulement de mettre en lumière tout le travail musicologique qui reste à faire dans notre patrimoine musical. Cette thèse met du temps à être publiée car mes projets musicaux me prennent tout mon temps actuellement. Cela dit, je compte bien publier mes travaux début 2018, inchallah.


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