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Le pouvoir fait peur aux entrepreneurs privés
Clémence pour les uns, blocages et redressements fiscaux pour les autres
Publié dans El Watan le 23 - 10 - 2017

La question de la place de l'entreprise dans la société algérienne revient de façon récurrente dans le débat public. Si elle est de statut public, on évoque la nécessité de changer son mode de gestion. Si elle est privée, l'opinion est généralement favorable à sa promotion, mais en veillant toutefois à ce qu'elle reste de taille modeste en se confinant aux seules activités de sous-traitance, à certains services et au commerce de détail. Déborder de ces activités «réservées», c'est déjà faire l'objet de suspicion d'accointances avec certains cercles du pouvoir, qu'on évitera de désigner nommément.
L'entrepreneuriat, qu'il soit public ou privé, ne saurait pourtant prendre racine et se développer dans une société qui ne valorise pas ses entrepreneurs et qui bien souvent développe à leur égard de la suspicion quant à la moralité de leur réussite. Cette perception négative de l'entrepreneur privé se retrouve malheureusement au niveau des autorités politiques et administratives algériennes, qui ont de tout temps accordé un intérêt particulier au secteur public, les privés étant généralement relégués à des tâches de sous-traitance pour le compte des sociétés étatiques qui captent l'essentiel des commandes publiques.
Fortement imprégnés de cette mentalité collectiviste héritée de l'ère socialiste, les Algériens, autant que leurs dirigeants, continuent, aujourd'hui encore, à avoir une conception étriquée du privé. Une façon d'être qui les pousse à percevoir les patrons, non pas comme des créateurs de richesses, mais comme des délinquants potentiels que l'Etat devrait placer sous constante surveillance.
Otages d'injonctions politico-administratives constantes, ces créateurs potentiels de richesses seront de ce fait maintenus en état de vassalité permanente, alors que la législation en vigueur (article 37 de la Constitution notamment) accorde, on ne peut plus clairement, la liberté de commerce et d'industrie à tous les Algériens.
Cette entrave, qui, dans de nombreux cas, prend la forme d'un refus d'accorder aux entrepreneurs privés le statut valorisant de créateurs de richesses, fera de ces opérateurs privés des acteurs de seconde zone que les pouvoirs publics ne prendront même pas la peine de consulter sur des projets de loi ou des stratégies de développement en projet, quand bien même ils les concerneraient de près. Dans l'inconscient algérien forgé par les longues années de socialisme, les entreprises, quel que soit leur statut, doivent nécessairement être au service de l'Etat mais aucun de nos décideurs ne prendra le soin de donner aux gestionnaires concernés les moyens et la liberté de gestion requis, pour faire de leurs entreprises d'authentiques centres de création de richesses. Tous les entrepreneurs exerceront de ce fait leurs activités avec la peur constante d'être torpillés, pour une raison ou une autre, à tout moment.
C'est ce qui explique en grande partie la tendance à l'enrichissement rapide chez les entrepreneurs privés et la paresse managériale chez les entrepreneurs publics qui semblent avoir fait leur credo du vieil adage: «Pour vivre heureux, vivons cachés».
Les lourdes peines d'emprisonnement dont ont écopé les collègues qui avaient péché par leur excès d'esprit d'initiative sont là pour leur rappeler leur sort de «présumés coupables» et leur extrême fragilité face aux trop puissantes autorités politiques et administratives.

Incertitude
Une rétrospective des événements subis par les entrepreneurs privés depuis l'indépendance du pays apporte la preuve que ces derniers n'ont jamais fait bon ménage aussi bien avec les gouvernants qu'avec les gouvernés, dont l'opinion a été formatée par les discours et les pratiques collectivistes qui avaient officiellement prévalu de 1962 à 1990. Les syndicalistes de l'UGTA, qui avaient adhéré à l'idéologie de la CGT, cette centrale syndicale française d'obédience communiste, ont été les acteurs sociaux les plus hostiles aux privés auxquels ils mèneront la vie dure, notamment dans les usines appartenant à des privés algériens ou étrangers dont ils obtiendront très vite la nationalisation. On se souvient qu'aux premiers jours de l'indépendance déjà, le premier président algérien avait publiquement menacé «d'envoyer au hammam» les quelques entrepreneurs algériens en activité, qualifiés de ‘‘gros bourgeois''» et que c'est précisément à cette période que les quelques industriels dont disposait le pays avaient été pratiquement tous forcés à l'exil.
Cette mentalité n'a en réalité pas disparu aujourd'hui, en dépit du chemin appréciable parcouru par l'entrepreneuriat privé algérien. Par des coups d'éclat, le pouvoir politique rappelle périodiquement aux patrons qui estimeraient ne pas être concernés par cette logique hégémonique, qu'il peut frapper fort. Le cas des blocages subis par le groupe Cevital à divers niveaux et ceux dont souffrent de nombreux entrepreneurs, injustement sanctionnés par le Conseil national de l'investissement, qui rejette leurs projets, alors qu'il les accepte pour d'autres, ou le fisc, qui ordonne de troublants redressements fiscaux à l'égard de certaines sociétés, alors qu'il est plus clément pour d'autres, l'indiquent on ne peut plus clairement.
De cette tentation hégémonique les opérateurs privés parmi les plus faibles considèrent, aujourd'hui encore, que seuls les financements au moyen des fonds propres peuvent permettre aux entreprises privées d'échapper à l'interventionnisme politico-administratif. Les plus importantes d'entre elles pensent a contrario se soustraire à cet autoritarisme en comptant sur leurs réseaux de connaissances personnelles et leur allégeance aux décideurs du moment. Ni l'une ni l'autre de ces solutions n'étant la panacée, les privés algériens vivent dans un état d'incertitude permanent qui fragilise leur existence et refroidit leur volonté de s'insérer, comme ils devraient tous le faire, dans un processus de mondialisation, qui requiert, comme on le sait, des investissements coûteux et multiformes que seules des entreprises confiantes en leur avenir se risqueront de promouvoir.


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