Batna a toujours figuré dans le peloton de tête des wilayas où l'on vote le plus. Cela s'est de nouveau confirmé hier puisque les citoyens de cette grande ville de l'Est algérien ont répondu présent à ce rendez-vous électoral du 17 avril 2014. Malgré l'appel au boycott lancé dernièrement par le Mouvement culturel amazigh (MCA) et le mouvement local B'zayed, les électeurs sont allés massivement aux urnes. A Bouakal, quartier populaire, les rues sont comme d'habitude bondées en ce jour férié. Chacun vaque à ses occupations, ce qui n'a pas empêché les gens d'investir, dès la matinée, les bureaux de vote. Déjà vers 10h, à l'école primaire mixte Abdallah-Redouane, on annonce un taux de participation de 12,26%, ce qui rassure quelque peu le chef de centre. Même constat au centre-ville où les allées Ben Boulaïd grouillent de monde. La plupart des magasins sont ouverts. Un important dispositif sécuritaire est déployé tout au long des grandes artères de la capitale des Aurès. Les bureaux de vote connaissent également une certaine effervescence. C'est le cas notamment à l'école Emir-Abdelkader (ex-école des Indigènes), l'un des plus grands centres de vote de la ville, où des groupes compacts de citoyens se sont formés, en majorité des hommes et des femmes âgées. Sur place, la présence de khalti Khdaoudj, la soixantaine, attire notre attention. Cette dernière, bien qu'elle arrive à marcher difficilement, a tenu tout de même à venir accomplir son devoir de citoyenne. Accompagnée par une jeune fille et par un policier qui l'aident à monter les escaliers, khalti Khdaoudj affiche ouvertement sa préférence pour le président sortant Abdelaziz Bouteflika. « C'est l'homme de la concorde civile. C'est lui qui a rétabli la paix dans notre pays. Avec Bouteflika, on est au moins sûrs de vivre en paix », nous a-t-elle déclaré. Les jeunes, en revanche, ont préféré peupler les cafés et autres lieux habituels qu'ils fréquentent. Pour leur part, les jeunes femmes, comme il est de tradition, étaient peu nombreuses durant la matinée, préférant attendre l'après-midi, après avoir vaqué à leurs obligations ménagères, pour se rendre aux bureaux de vote, comme nous l'explique le chef de centre : « Les ménagères viennent généralement l'après-midi pour voter. » A quelques encablures de là, à l'école primaire Fatima-Guidoumi, l'ambiance des grands jours est également au rendez-vous ; on aurait dit que les électeurs se sont donné le mot pour venir tous en même temps « prendre d'assaut » les bureaux dont le personnel se trouve très vite sollicité de toute part. Dans le calme et la sérénité A 14h, le taux de participation explose pour atteindre les 18,89% au niveau de toutes les localités de la wilaya. Ce qui éloigne le spectre de l'abstention qui planait jusque-là sur la ville tant les rumeurs qui ont circulé durant la dernière semaine de campagne étaient persistantes et voulaient faire croire que cette élection verrait un boycott sans précédent. « Le beau temps aidant, de nombreux électeurs devraient affluer dans l'après-midi vers les bureaux de vote pour ne pas rater ce rendez-vous avec l'histoire de l'Algérie », considère un septuagénaire, qui affirme n'avoir « jamais raté un scrutin depuis l'Indépendance ». Bien au-delà de tous ces chiffres, les observateurs de la scène locale ont surtout retenu le climat démocratique qui a dominé aux quatre coins de la wilaya de Batna. Votants et abstentionnistes s'échangent des boutades dans une ambiance décontractée. Le calme et le libre-arbitre ont, en effet, parfaitement prévalu dans les 385 centres et les 1421 bureaux de vote répartis sur l'ensemble du territoire de la wilaya. De l'avis de tout le monde, cette élection présidentielle aura réuni toutes les commodités nécessaires au succès de l'opération. Les encadreurs engagés par l'administration, les représentants des candidats en lice, les observateurs internationaux et les envoyés spéciaux de la presse ont travaillé dans de bonnes conditions. Aucun incident, aussi minime soit-il, n'a été signalé.