Mustapha Zebdi, président de l'Association de protection et d'orientation des consommateurs et de l'environnement (Apoce), estime, dans cet entretien, que l'instabilité chronique des prix influe négativement sur le moral et la situation financière des consommateurs. Elle s'avère une véritable frustration pour les familles algériennes. La situation doit changer, insiste-t-il. Les consommateurs doivent s'impliquer davantage dans la régulation du marché. Il faut bannir, selon lui, la politique de « akhti rassi ». Votre association a dû être submergée de travail durant le mois de Ramadhan Effectivement. Nous avons entamé une étude du marché avant l'Aïd afin d'appréhender la flambée des prix. Nous avons aussi traité plusieurs requêtes de citoyens. Nous avons donc gardé le même rythme d'activité, si ce n'est plus. Au début, cela concernait tout ce qui est agroalimentaire et approvisionnement. A la veille de l'Aïd, c'est la hausse des prix des vêtements. Actuellement, nous tentons de déterminer les causes de la hausse soudaine des prix des gâteaux. Nous avons pris attache avec des opérateurs dans plusieurs secteurs pour essayer de nouer des relations dans l'objectif de solutionner certains problèmes. Nous avons pu trouver un local pour notre association, SDF depuis plus de trois ans maintenant. Nous avons sollicité par le passé toutes les autorités publiques pour avoir un siège, en vain. Nous avons donc décidé de louer un local pour pouvoir recevoir les citoyens dans des conditions convenables. Nous avons ouvert un grand dossier durant ce mois sacré, celui du café caramélisé, et décidé de prendre les devants et de ne plus se contenter de dénoncer. Nous allons mettre de la pression sur les opérateurs économiques pour que le café mis sur le marché soit conforme avec un étiquetage complet mentionnant toutes les compositions du produit. Nous sommes en train de vivre une grande arnaque. Le café subit un rajout de sucre sans que le consommateur le sache. Comment se fait votre travail d'équipe ? Durant la première quinzaine du mois sacré, j'ai travaillé. Je suis médecin de santé publique. Je partage ma journée entre l'étude des requêtes et le traitement des questions postées sur notre page facebook et notre boîte e-mail. Je répartis le travail entre les membres de l'association. Notre page facebook est assez consistante puisque nous avons plus de 40.000 abonnés. Je modifie parfois certaines publications. Quel constat faites-vous de ce mois en tant qu'association ? Nous sommes toujours en train de vivre dans une instabilité des prix qui est un phénomène répétitif influant négativement sur le moral et la situation financière des consommateurs. Cette instabilité est une véritable frustration pour les familles algériennes. Actuellement, nous sommes en train de subir une hausse des prix des fruits et légumes sous prétexte que c'est l'Aïd. Nous œuvrons effectivement pour que ces hausses soient plus raisonnables. Une hausse de plus de 50% est inadmissible. Il faut travailler sur ce point-là avec les autorités afin de réguler davantage le marché. Quel message adressez-vous aux consommateurs ? Je dirais aux citoyens qu'ils doivent être le maillon fort de la chaîne de distribution. Actuellement, il est le maillon le plus faible. Les associations de défense des consommateurs sont constituées de citoyens aussi. Elles ne relèvent pas des autorités publiques. Leur travail est fait sur la base du bénévolat. Les gens n'admettent pas cela. S'ils veulent qu'il y ait un changement, il faut qu'ils contribuent ne serait-ce que par la dénonciation. Arrêtons de toujours compter sur les autres. La situation doit changer. Nous devons tous être solidaires. On doit tous avoir le même langage et la même action. Dans les pays développés, les associations de consommateurs sans très puissantes. Elles peuvent bouleverser le marché. Chez nous, elles sont encore faibles parce que les gens se désintéressent et ne s'impliquent pas. La politique de « akhti rassi » doit être bannie. Un grand travail de sensibilisation reste à faire dans ce sens.