Le Conseil central se réunira ce mercredi (aujourd'hui : ndlr) pour décider de l'avenir de la direction palestinienne. Peut-on avoir une idée sur cette réunion cruciale ? Le Conseil central de l'OLP (CCOLP) est l'une des trois composantes de l'Organisation de libération de Palestine (OLP). Ses membres se réunissent tous les six mois. C'est la deuxième instance dirigeante après le Conseil national qui se réunit tous les trois ou quatre ans selon les circonstances. Il est chargé de suivre l'application des décisions de ce dernier. La troisième composante de l'OLP est le comité exécutif que préside Abou Mazen (Mahmoud Abbas, ndlr). Le CCOLP est un cadre national dans lequel les Palestiniens sont représentés en prenant en considération la composante du Conseil national. Ses membres sont désignés à titre individuel selon des mécanismes spécifiques de l'Organisation. On y trouve tous les courants politiques. Pourquoi cette intention de dissoudre l'Autorité ? Nous souhaitons que cette session soit sanctionnée par des décisions importantes. Sa tenue intervient après une période difficile caractérisée par un long processus de négociations qui est, depuis les accords d'Oslo, une forme de lutte et de résistance. La communauté internationale en particulier le quartette devait soutenir ce processus. Malheureusement, il n'a pas avancé d'un iota depuis plus de 20 ans. L'administration américaine qui s'est portée garante des négociations n'a jamais pu convaincre l'occupant de libérer le quatrième contingent de prisonniers palestiniens. Aux Nations unies, nous faisons face à un double discours, celui de l'Assemblée générale qui est unanime et en faveur de notre cause et celui du Conseil de sécurité où les Etats-Unis brandissent leur menace de veto à chaque fois qu'Israël est montré du doigt. Que faire devant ce blocage ? Le Conseil national tranchera. Comme nous sommes membres de la Cour pénale internationale (CPI), nous irons, presque malgré nous, déposer plainte le 1er avril. Cette plainte contre l'occupant portera sur l'agression contre Ghaza, le mur de séparation, les crimes contre l'humanité, la suspension des avoirs palestiniens, etc. Un tribunal new-yorkais vient de condamner la direction palestinienne. Il lui demande de dédommager les familles des victimes d'attentats perpétrés durant la deuxième Intifada. Comment expliquez-vous cette décision ? Elle nous a surpris. D'autant que nous traversons une crise financière et que nous n'avons pas été à l'origine de l'échec du processus de paix parrainé par l'administration américaine. Nous estimons qu'il pourrait s'agir d'une tentative visant à affaiblir notre position auprès de la CPI. Ceci dit, nous n'excluons pas de voir cette condamnation évoluer vers une accusation de terrorisme. Le secrétaire d'Etat américain n'a-t-il pas menacé Abou Mazen en lui disant « si vous continuez dans cette direction, vous allez vous perdre et perdre votre Etat ? ». La réponse d'Abou Mazen a été que nous avons nos instances. L'administration américaine qui parraine les négociations depuis plus de 20 ans vient maintenant nous dire que nous ne sommes pas prêts à établir un Etat ! Nous estimons qu'elle sort de son cadre. Comment voyez-vous l'après décision du Conseil national et les démarches auprès de la CPI ? La bataille paraît rude. L'occupant vient de prendre des décisions sur le terrain. En plus de la colonisation, il change l'appellation de la Mosquée d'Al Aqsa en Mont du Temple, il gèle notre argent, organise des exercices militaires d'envergure en Cisjordanie, mobilise des colons pour violer les domiciles des Palestiniens, enlever leurs enfants, arracher les oliviers,... Face à toute cette injustice et cette barbarie, nous nous sommes retrouvés seuls. Nous disons à tout le monde ceci : nous résistons et résisterons sur notre terre et nous n'abandonnerons jamais notre projet national et ce quelles que soient les décisions que pourrait prendre aujourd'hui ou demain le Conseil central de l'OLP ou la CPI. Nous connaissons parfaitement la nature de l'occupant. Aujourd'hui, il veut tromper la communauté internationale et nouer des alliances dans la région au nom de la lutte antiterroriste. Pour clore, nous disons à nos frères arabes que nous luttons au nom de toute la nation arabe contre un occupant raciste. C'est notre destin, nous l'assumons.