Les sodas et autres boissons sucrées provoqueraient jusqu'à 184.000 morts par an dans le monde. Ce terrible et effrayant constat est le résultat d'une étude publiée lundi dernier par une revue américaine. Une autre alerte qui n'empêchera pas les ménagères de se ruer vers les rayons des superettes ou Excellence de Rouiba côtoie Sprite, Ramy, Vita Jus. Ramadhan oblige, sur la plupart des tables trônera, un mois durant, en princesse à l'heure du f'tour, une bouteille de Hamoud Boualem. On devrait pourtant ingurgiter ces liquides avec un plaisir coupable. Mais comment s'en passer quand la publicité, de plus en plus présente et agressive sur nos écrans et sur les murs de nos villes, se nourrit des annonces des fabricants de jus et autres limonades ? L'avalanche de mises en garde a comme produit un effet d'accoutumance anesthésiant. Il faut surtout surveiller et réprimer l'alcool, au risque de se retrouver comme ce berger faussement vigilant qui tente d'éloigner le loup et laisse le chacal décimer tranquillement son troupeau. La prévalence de l'obésité a plus que doublé au niveau mondial entre 1980 et 2014. Elle touche 600 millions d'adultes, selon l'OMS. Et puis après ? Les régimes diététiques et la pratique du sport peuvent y remédier. Le diabète, des maladies cardiovasculaires et des cancers sont liés à la consommation des sodas dans 51 pays. Faut-il vraiment s'en étonner même si l'Algérie n'y figure pas ? Par simple bon sens, il y a longtemps que le lien a été établi entre la consommation effrénée de ces boissons et la recrudescence des cancers. L'aspartame, un édulcorant qu'on trouve surtout dans Coca Light et Pepsi Light, est pointé du doigt. Certaines études l'accusent ouvertement d'être cancérigène. « Tout ce que je cuisine vient de mon jardin. Une vie sans conserves ni boissons gazeuses », voilà le cri qu'entonnent les centenaires du monde entier. Tous les produits fabriqués à base d'acide sorbique, de benzoique ou de tartrazine suscitent la méfiance. Si elle n'est pas démontrée et étayée, elle est justifiée. Qui peut tranquillement prendre un repas si l'on s'amusait à détailler toutes ces matières aux noms barbares qui entrent dans sa composition ? Qu'est-ce qu'ils ne faut pas manger ? La malbouffe s'installe aussi chez nous avec tous ces fast-foods qui pullulent et le recours aux plats réchauffés. Viendra aussi le jour où dans nos villes, des enfants ne connaîtront jamais le simple plaisir de ramasser un œuf pondu, ni celui de voir une tomate doucement mûrir ? Ils seront par contre de plus en plus nombreux à s'en aller sur les chemins de l'école une cannette de Coca-Cola dans une main et un paquet de chips dans l'autre. Les chiffres parlent d'eux-mêmes et donnent consistance à ce que tout le monde savait depuis longtemps. « L'élimination de ces sodas devrait être une priorité planétaire », lance, dans ce qui s'apparente à un cri de guerre, un des chercheurs qui ont mené l'étude. En Amérique, Burger King, Wendy's et McDonald's ont déjà retiré les sodas des menus pour enfants. Longtemps, Coca-Cola fut le symbole de l'American way of life. Le pays de Jefferson n'envoyait pas que des Gi's aux quatre coins du monde ; ses films, ses jeans, ses musiques et cette fameuse boisson dorée et auburn se chargeaient de vanter sa grandeur et sa décontraction. Qui n'a pas succombé au breuvage ? Certains lui attribuaient même des vertus aphrodisiaques. D'autres, par snobisme, se désaltèrent à cette boisson et délaissent l'eau. Les panneaux publicitaires célébrant tantôt Pepsi, tantôt Coca s'affichent en bordure des routes, sur les frontons des immeubles et dans les enceintes des stades. La concurrence entre le groupe Coca-Cola, un des plus importants partenaires de la Fifa, et Pepsi se décline en milliards de dollars. Comme devant un laurier rose beau à voir, on se rend compte que le charme des fleurs ne doit pas faire oublier l'amertume de leur suc.