Vingt heures passées de quelques minutes, al Medfaâ retentit pour annoncer la rupture du jeûne au bout de pas moins de 18 heures d'abstinence. Les rues sont désertes, les moteurs s'arrêtent de tourner et le silence s'installe. Place aux bruits des cuillères et des assiettes. La soirée est trop courte, et chacun fait de son mieux pour terminer son f'tour le plus tôt possible, à même de gagner quelques minutes sur la terrasse d'un café, dans un salon de glaces, une grande surface ou accompagner les enfants au parc d'attractions. Les minutes s'égrènent et les ménagères se plient en quatre pour nettoyer la table, laver la vaisselle, habiller les enfants pour espérer s'extirper du rythme effréné des tâches ménagères. Au même moment, les premiers véhicules refont leur apparition et les premières « grappes » de fidèles se forment pour aller accomplir la prière de Tarawih. Les rues s'animent et les familles affluent vers les centres commerciaux et les lieux de loisirs. Et là le choix est varié. Alors que certains préfèrent les visites familiales, d'autres se rabattent sur le centre des loisirs de la « sablette », les Pins maritimes, le cirque Amar, la placette de Kettani ou l'esplanade de la Grande-Poste. Après une longue journée caniculaire, des parents sortent leurs enfants. A cette heure, les services d'hygiène qui n'ont pas encore repris du service, ont du pain sur la planche. Les ordures ménagères s'amoncellent au point où il est difficile de circuler sur le trottoir. A la place d'un bol d'air, ce sont les odeurs nauséabondes qui agressent les narines. Les va-et-vient des passants(es) donnent l'occasion à certains badauds adossés aux murs ou « parqués » sur les bordures de la chaussée, de donner libre cours à leur langage ordurier. Ils ne respectent personne, au point où il est difficile de sortir en famille. Obscénités, insultes, remarques désobligeantes, pour ces énergumènes, l'esprit du mois sacré n'est valable que durant la journée. La soirée tire à sa fin, et au moment où on commence à rentrer chez soi, d'autres « fêtards » prennent le relais. Cette fois-ci c'est à coup de pétards, de feux d'artifice et de produits explosifs que ces derniers « achèvent » la soirée. Sous d'autres cieux, cela est synonyme de tapage nocturne et de perturbation des citoyens. Pourtant, les explosions sont entendues à des centaines de mètres à la ronde. Question : qui est censé mettre un terme à ce genre de comportements, qui doit veiller à la préservation de l'ordre public et la quiétude des habitants ? La réponse est somme toute évidente. Et pourtant...