Celui qui était surnommé le « loup » bulgare, Trifon Ivanov, est décédé samedi dernier d'une crise cardiaque, à seulement 50 ans. Retour sur la carrière d'un joueur au look sans égal. Rare sont les joueurs bulgares à avoir marqué l'histoire du football. Il y a bien sûr les Hristo Stoitchkov et autres Dimitar Berbatov grâce à leur qualité balle au pied, mais aussi Trifon Ivanov, défenseur central rugueux au look complètement improbable, aux allures de Wolverine. L'ancien international bulgare fut l'une des stars de l'épopée de la Bulgarie, demi-finaliste au Mondial 1994. Le natif de Veliko Tarnovo débute sa carrière au sein du PFK Etar 1924. Formé comme attaquant, il est replacé en défense central. C'est à ce poste qu'il fait ses débuts en professionnel à l'âge de 18 ans, en 1983. Sa carrière est étroitement liée à deux pays, le sien, la Bulgarie, et l'Autriche. Joueur du mythique CSKA Sofia, il remporte trois fois le championnat national (1989, 1990, 1992) et une coupe (1989). Après un bref passage en Espagne, au Betis Séville puis en Suisse, au Neuchâtel Xamax, Trifon pose ses valises à Vienne. Joueur du Rapid entre 1995 et 1997, champion d'Autriche en 1996, il est titulaire le 8 mai de cette même année lors de la finale de Coupe des coupes perdu par son équipe contre le Paris Saint-Germain (1-0). Sa carrière en club se termine alors dans un relatif anonymat à l'Austria, l'autre club de la capitale autrichienne et enfin à Floridsdorfer, toujours en Autriche. Un joueur hors du commun Mais l'apogée de la carrière du « loup » Ivanov reste sans aucun doute le Mondial 1994, disputé au Etats-Unis. Tout commence, le 17 novembre 1993, au Parc des Princes. Lors du dernier match éliminatoire, la Bulgarie domine la France 1-2 dans les arrêts de jeu grâce à Emil Kostadinov. Trifon, numéro 3 sur le dos, est titulaire ce soir-là. Avec les Stoitchkov, Balakov, Letchkov et Penev, Ivanov contribue au parcours exceptionnel de la Bulgarie. Successivement, ils battent la Grèce, l'Argentine d'un certain Diego Maradona, le Mexique et surtout l'Allemagne, championne du monde en titre avant de s'incliner, 2-1, contre l'Italie en demi-finale. Outre une superbe Coupe du monde 1994, sa personnalité hors du commun a attiré la sympathie ou, au moins, suscité la curiosité du public dans les années 90. Hristo Stoichkov disait de lui qu'il « ne faisait pas de prisonniers » avec les attaquants adverses. Trifon a un temps aussi possédé un tank dans son parc automobile, qu'il a conduit « une ou deux fois, dans les champs, pour le tester », comme il avait confié à So Foot en octobre 2013. Le « Loup » bulgare n'avait pas la réputation d'un homme tendre et ses rapports difficiles avec ses différents entraîneurs ont peut-être été un frein à sa carrière. Lors de la saison 1994-1995, alors qu'il évolue à Neuchâtel, il balance à son entraîneur, l'ancien Strasbourgeois Gilbert Gress, un légendaire, « tu ne connais rien du tout au football ». A 50 ans seulement, l'ancien international bulgare a donc été emporté par une crise cardiaque, et laissera un grand vide chez les fans des nineties.