Les structures sanitaires disponibles à Alger ne sont pas suffisantes pour la prise en charge des personnes souffrant de maladies psychiatriques graves, a indiqué, jeudi dernier, à Alger, le professeur Farid Kacha. « Parmi les habitants d'Alger, plusieurs d'entre eux souffrent de maladies psychiatriques graves nécessitant une prise en charge pendant toute la vie », a indiqué le Pr Farid Kacha, président de la Société algérienne de psychiatrie, en marge des 19es journées nationales de psychiatrie. Selon le Pr Kacha, « il y a environ 300 lits dans les différentes structures hospitalières d'Alger, ce qui est insuffisant pour la prise en charge de tous les patients qui viennent pour une hospitalisation ». Il a précisé que l'établissement hospitalier spécialisé de Chéraga dispose de 150 lits alors que celui de Drid-Hocine en compte 70 tandis que les services de psychiatrie des hôpitaux de Bab El Oued et de Mustapha-Pacha disposent chacun de 50 lits. « Il faut construire un nouvel hôpital spécialisé en psychiatrie à Alger car les établissements existants sont hérités de la période coloniale », a préconisé le Pr Kacha, ajoutant que d'autres wilayas ont déjà bénéficié de structures spécialisées modernes pour la prise en charge des patients. De son côté, le Pr Abderrahmane Belaïd, chef du service de l'établissement hospitalier spécialisé de Chéraga, a admis que les structures de santé mentale dans la wilaya d'Alger reçoivent de plus en plus de patients en consultation. Selon lui, « il y a de plus en plus d'intérêt pour la prise en charge des maladies psychiatriques qui sont des motifs de consultation de nombreux citoyens », estimant que cette prise en charge témoigne aussi « de la préoccupation de la société civile » devant l'ampleur de ces maladies. D'autres intervenants, à l'instar des professeurs Benmassaoud et Aït-Ameur de l'établissement hospitalier spécialisé de Chéraga, ont mis l'accent dans leurs conférences sur l'implication de la famille dans la prise en charge des malades. Ils ont considéré que le système familial est souvent le premier groupe relationnel engagé dans la souffrance. des familles refusent de donner les médicaments prescrits à leurs enfants Beaucoup de familles refusent que leurs enfants présentant des troubles du comportement prennent les médicaments prescrits par les médecins, a indiqué, jeudi dernier, à Alger, le chef du service pédopsychiatrie de l'établissement hospitalier spécialisé de Chéraga, Madjid Tabti. Le Pr Tabti, qui s'exprimait en marge du colloque international sur les maladies psychiatriques, a exhorté les familles dont les enfants présentent des troubles du comportement à faciliter la tâche des spécialistes dans la prise en charge de cette catégorie de malades et à ne pas leur refuser les médicaments prescrits par le médecin traitant. Déplorant les difficultés rencontrées par les médecins dans la prescription de médicaments destinés au traitement des enfants et adolescents qui souffrent de troubles du comportement, le spécialiste a assuré qu'un nombre important de familles refusent « catégoriquement » ce traitement, estimant qu'il est destiné aux maladies psychiatriques. Le refus par ses familles de donner les médicaments à leurs enfants ne fait que « compliquer leur cas », affirmant que contrairement à ce que les familles pensent, le traitement destiné aux personnes présentant des troubles du comportement ont prouvé leur efficacité et contribué à l'amélioration de leur qualité de vie. Ces médicaments, a-t-il précisé, sont soumis à un « contrôle médical strict et dont la commercialisation a été autorisée par la tutelle », appelant à tirer profit des expériences d'autres pays en matière d'encadrement du traitement et de prise en charge des maladies psychiatriques chez l'enfant et adolescent.