Ali Bey Nasri, président de l'Association des exportateurs algériens (Anexal), nous parle depuis les Lieux Saints sur les conditions dans lesquelles se déroule sa « omra ». Une destination qui n'était pas du tout au programme, confie-t-il. Le Ramadhan touche à sa fin. Comment l'avez-vous vécu ? A l'heure où je vous parle, je suis à La Mecque. Je suis venu pour accomplir une omra. Un fait remarquable, ici il fait extrêmement chaud. On est venus avec Turkish Airlines. Le voyage s'est bien déroulé. Le séjour à La Mecque aussi, mais à Médine, il y a eu quelques problèmes. On n'a pas trouvé de chambres libres. Nous avons été contraints de passer la première nuit à la belle étoile. Le lendemain, on a loué une chambre qui nous a coûté plus de trente millions de centimes. C'est la résultante du laisser-aller de quelques agences de voyages algériennes. Pour ma part, j'avais sur moi un petit peu de devises, donc je n'ai pas eu de soucis. L'agence de voyages concernée a loué 18 chambres au lieu de 23. Donc on s'est retrouvés dehors. Je dois dire qu'à La Mecque, on a dû cohabiter avec cinq ou six personnes. Ce n'était vraiment pas évident. L'entretien laisse à désirer. Nous sommes venus implorer Dieu. C'est notre foi qui nous a menés ici. Il y a une très mauvaise organisation de la part des Saoudiens. Les pèlerins sont livrés à eux-mêmes, alors qu'ils avaient besoin d'orientation. En tant qu'exportateur, je constate qu'il existe d'énormes possibilités d'exportation des produits algériens vers l'Arabie saoudite. Par exemple, la datte algérienne n'est pas commercialisée ici, alors qu'il y a une très forte consommation de ce produit alimentaire à des prix élevés. Les boissons, le lait, sont aussi vendus à des prix exorbitants. Un litre de lait est cédé à huit riyals. C'est presque deux euros. Le jus est vendu à dix rials. Décrivez-nous un peu le moment de la rupture du jeûne. Les pèlerins transportés par les agences de voyages algériennes sont rassemblés dans un même lieu. Il faut noter qu'il y a une très forte présence algérienne. Ils sont en deuxième position après les Turcs. Pour El Iftar, on nous sert ce qu'ils appellent « soufra » au niveau de la mosquée. Des Saoudiens activant dans les œuvres de bienfaisance veillent à assurer un repas aux pèlerins composé essentiellement de dattes, un peu de cumin, une bouteille d'eau, un yaourt « zabadi » et une galette de pain. A Médine, c'est plus organisé. En accédant au « masdjid Ennabaoui », des Saoudiens accourent vers vous pour vous inviter à prendre part à un repas offert par eux à titre gracieux. Dans la mosquée, on étale un film en plastique qui sépare deux rangées et sur lequel on expose les petits plats au profit des pèlerins. Ce geste de solidarité est offert au prix d'une prière ou d'une imploration. On est loin du bourek et de la chorba. Ce sont des plats méconnus ici. Après les prières surérogatoires, les pèlerins peuvent prendre un repas consistant, même si la « sofra » est riche en calories. Votre pèlerinage a-t-il été programmé ? Je ne l'ai pas du tout programmé. Le destin en a voulu ainsi. C'est la première fois que je visite les Lieux Saints. Dieu merci. L'occasion s'est présentée et je l'ai saisie. Ce voyage m'a coûté 28 millions de centimes. Cela dit, la omra continue à être très coûteuse. Pareil pour le hadj qui n'est pas du tout à la portée de tous. Heureusement, la omra accomplie durant le mois sacré équivaut à un hadj. Quelles ont été vos principales prières et méditations ? J'ai reçu un appel de la part du nouveau gouverneur de la Banque d'Algérie en étant ici et qui est très prometteur. Je lui ai dit que Dieu protège notre pays. Que ma patrie retrouve sa stabilité économique et que les prix du pétrole reviennent à la normale, même si cette malédiction nous pousse à travailler davantage. J'ai prié Dieu pour qu'il nous évite le recours au FMI pour que nous puissions assurer le financement de notre propre développement. J'implore mon créateur pour que mon pays dépasse la crise aiguë qu'il subit actuellement. Pour ce faire, une confiance doit s'installer entre les responsables algériens, y compris les entrepreneurs algériens. Nous devons avoir pour but principal la prospérité de l'Algérie et le bien-être du peuple algérien. Nous avons les moyens et capacités requises pour concrétiser ces objectifs, Dieu merci. Les obligations de la omra sont-elles difficiles ? Oui, un peu. Il faut savoir qu'il fait très chaud. C'est 45 à 48 degrés. Après avoir fini la journée et les tarawih, les pèlerins peuvent accomplir aussi tahajjud tout au long de la nuit et ce, jusqu'au Fedjr. On monte après pour dormir un peu avant de se lever pour terminer les autres exigences de la omra. C'est un plaisir que d'être ici parmi tous les musulmans. Que Dieu agrée notre geste et nous comble de Sa miséricorde.