Comme prévu, la ministre de l'Education nationale, Nouria Benghebrit, a soumis, hier, son avant-projet de réforme de l'examen du baccalauréat pour examen au Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Malgré la polémique suscitée par cette question, la ministre en charge de ce secteur névralgique s'est engagée à poursuivre son œuvre jusqu'au bout, car il y va de l'avenir des « futures générations ». C'est ce qu'elle n'a de cesse signifié aux détracteurs de sa démarche, décidée dans l'objectif de réhabiliter cet examen décisif, duquel découlera l'élite nationale. Une commission nationale a été mise en place en vue de sortir avec des propositions susceptibles d'adapter le baccalauréat algérien aux exigences de l'heure. Benghebrit saura-t-elle défendre le bien-fondé de son projet comme elle a réussi la prouesse de convaincre les syndicats à signer un accord pour le règlement des problèmes du secteur par le dialogue ? Une question qui se pose compte tenu des réactions qu'avait suscitées son projet notamment de l'Association des oulémas musulmans qui a affiché son mécontentement à travers la presse, sous prétexte qu'il comporterait une proposition d'introduction du français comme langue d'enseignement des matières scientifiques dans le secondaire. Il faut savoir que le ministère l'Education nationale avait choisi de jouer la carte de l'anticipation en organisant, en juillet dernier, en collaboration avec le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, un atelier national sur le réaménagement du baccalauréat. Objectif : formaliser des éléments d'analyse et de réponse en mesure d'apporter des réajustements au format actuel du baccalauréat. Cet atelier s'est effectué en deux étapes. La première, une session plénière où a été fait un exposé sur l'historique du baccalauréat depuis 1962, l'architecture actuelle, le système d'évaluation (épreuves écrites finales). Lors de la seconde étape, il a été question de l'organisation et du déroulement des épreuves (nombre de jours d'examen, nombre d'épreuves par jour, type de disciplines sélectionnées pour les épreuves finales), la conception et l'élaboration des sujets et le financement de l'examen. Les travaux de ces ateliers étaient centrés, techniquement, sur les hypothèses de réaménagement, le principe de la progressivité, de la valorisation du travail continu et du système de pondération (coefficient), etc. Conclusions : nécessité de réadapter l'école algérienne aux besoins de l'heure, d'élever le niveau linguistique des élèves et surtout d'éviter à notre école d'éventuels tiraillements idéologiques. A titre de précision, les propositions de la ministre de l'Education nationale devront être approuvées d'abord en Conseil de gouvernement ensuite en Conseil des ministres avant leur mise en application à compter de la rentrée scolaire de 2016-2107. D'après ce qui a filtré sur le contenu de ce projet, il serait question de revoir la durée de l'examen, qui passera de cinq à trois jours seulement. L'arabe et la philosophie sont des matières transversales qui concernent toutes les filières. Elles devront être obligatoires pour tous les candidats quelle que soit la filière. La revalorisation de l'évaluation pédagogique de l'enseignant est aussi au menu. Dès cette rentrée, le contrôle continu effectué durant la troisième année secondaire sera pris en compte, selon les propositions contenues dans le document. De plus, à partir de 2018, le contrôle continu de la deuxième année sera également pris en compte dans le processus d'évaluation. Concernant le contenu des épreuves, il devrait progressivement porter sur des questions qui exigent plus l'analyse que la mémorisation. Le rattrapage, quant à lui, devrait être supprimé. Le but étant de sortir définitivement de la médiocrité. Donc place à la « qualité » que Benghebrit a toujours prônée dans ses discours. Le but est de sortir du bac généraliste et d'aller vers un bac spécialisé. Le tout dans l'optique d'assurer la « renaissance » de l'école algérienne dont l'application sera graduelle puisque elle s'étalera sur une période de cinq années. Le défi mérite l'engagement...