Après avoir largement affiché un scepticisme quant à l'aboutissement d'un quelconque résultat de la réunion d'Alger, en raison de « l'entêtement » de l'Arabie saoudite à conditionner la réduction de sa production pétrolière à celle de l'Iran, les analystes à Londres évoquent à présent un « accord surprise ». L'impact de cette décision a été immédiat sur les prix du pétrole qui ont connu une augmentation de 6%. « Je pense que l'accord d'Alger a été une surprise pour les marchés », a déclaré à l'APS, l'expert Karen E. Young, professeur à l'Université des sciences économiques et politiques de Londres, London School of Economics and Political Science, soulignant que la réunion formelle de novembre sera décisive pour les pays producteurs de pétrole. L'analyste pétrolier, Edward Morse, évoque des « défis à plus long terme », qui restent à relever par l'Opep, notamment l'industrie du schiste américain qui « prospère » et risque de faire chuter les prix du pétrole. Au Daily Mail, des analystes ont jugé que l'accord « pourrait bien être un tournant important pour le secteur » et qu'il allait « probablement donner plus de confiance aux investisseurs à moyen et long terme ». The Independent a relevé que la décision a été une surprise pour les analystes qui ne s'attendaient pas à cet accord. « L'Opep a prouvé qu'elle avait encore du poids même à l'ère du schiste », lit-on. Dans The Guardian, des analystes ont évoqué un « engagement encore vague » et ont parlé d'une « tâche un peu difficile ». « L'accord de l'Opep de réduire la production est une surprise totale pour les marchés mais il est à noter que le brent n'a pas réussi à briser le niveau de 50 dollars le baril », a écrit The Guardian. « A la surprise générale, les pays de l'Opep ont réussi à s'entendre sur une réduction de la production, malgré le scepticisme de quelques participants à la veille de la réunion », a indiqué Vasily Karpunin à l'agence TASS. Une autre analyste russe de Vygon Consulting, Maria Belova, estime que l'accord de l'Opep ne constitue aucune crainte par rapport à la production russe de pétrole. « Tout dépendra des termes de l'accord conclu à Alger. Mais l'accord d'Alger ne représente pas une menace pour la Russie qui a enregistré ces dernières années une tendance à la hausse dans la production pétrolière », a fait remarquer Maria Maria Belova. L'accord de l'Opep a « boosté de manière sensible » les cours du brut, ont relevé, jeudi dernier, les médias russes. L'accord d'Alger a ravivé les compagnIes pétrolières La réunion « a vraiment pris les gens au dépourvu, nous ne nous attendions pas à une coupe dans la production, du tout », a déclaré Derek Mitchell, dirigeant du fonds Royal London Asset Management qui gère 122 milliards de dollars et détient des actions dans Shell et BP. « Un resserrement du marché pétrolier va soutenir les gains et contribuer à maintenir une partie des dividendes qui étaient risqués. Il y a, à juste titre, beaucoup de scepticisme sur la durée de la baisse, mais pour le moment, c'est une chose très agréable de se réveiller », a commenté Derek Mitchell. L'effet de la réunion d'Alger a été presque magique sur tout le continent européen. Un rapport publié jeudi dernier a montré une amélioration inattendue de la confiance économique en septembre dans toute la zone euro, a souligné Bloomberg. La plupart des marchés de l'Europe occidentale ont augmenté jeudi dernier. « Une décision mûre obtenue grâce aux efforts de rapprochement menés par l'Algérie », souligne le professeur Chems Eddine Chitour « C'est une décision assez mûre », a déclaré à l'APS le professeur Chitour, mettant l'accent sur l'importance du rôle joué par l'Algérie pour rapprocher les points de vue, notamment ceux de l'Arabie saoudite et de l'Iran. « L'Arabie saoudite et l'Iran ont les mêmes problèmes de financement de leur développement. Donc, la situation en termes économiques et financiers est la même et ils devaient s'entendre », a fait remarquer le professeur Chitour.