Youcef Karafat, président de la Fédération nationale des boulangers, est catégorique : « Nous ne fabriquons pas de pain avec du sel non iodé. » Il lance même un appel au ministère du Commerce pour ouvrir une enquête sur ce sujet. Le représentant des boulangers met aussi en doute les propos de Nouri Tayeb, directeur commercial de l'Entreprise publique de production de sel (Enasel), qui avait déclaré, en marge du 1er Carrefour de boulangerie, tenu récemment à Oran, qu'une étude menée par le ministère du Commerce en 2015 avait révélé que 90% des boulangers utilisent du sel non iodé dans la fabrication du pain. Youcef Karafat s'interroge sur le silence du ministère du Commerce suite à cette étude car il s'agit de santé publique. « Je doute fort qu'il y ait une étude, on l'aurait su. Et si 90% des boulangers utilisaient le sel iodé de l'Enasel, le problème se situerait donc à son niveau », a-t-il souligné. « La majorité des boulangers utilisent le sel de l'Enasel pour éviter le contrôle des agents de la DCP », a-t-il expliqué. Selon lui, ces derniers sont rassurés dès qu'ils constatent que le boulanger utilise le sel de l'Enasel livré avec un certificat de contrôle. Evoquant l'opération de dosage du sel dans la fabrication du pain, Youcef Karafat explique que le boulanger respecte la loi qui prévoit 2 kg de sel pour 100 kg de farine. « Pour diminuer les charges, les boulangers diminuent parfois la dose de sel, tout en maintenant la qualité et le goût du pain », a-t-il affirmé. Il a plaidé, par ailleurs, pour la santé publique, car le manque d'iode dans l'alimentation peut entraîner l'hypothyroïdie. Hadj-Tahar Boulenouar, porte-parole de l' l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), impute la responsabilité à la DCP. Selon lui, « sur le marché, il existe un sel non contrôlé par les laboratoires et qui se vend moins cher ». « C'est une affaire de contrôle de marché du sel », estime Boulenouar qui s'interroge sur le rôle du secteur de la santé qui reste immobile. « Les Algériens consomment plus de 40 millions de baguettes de pain par jour. A aucun moment, ce ministère ne s'est penché sur le problème ou n' a alerté sur les effets néfastes de ce phénomène », fulmine-t-il. Le président de la Fédération nationale des consommateurs, Zaki Hariz, estime « exagéré » le pourcentage avancé par le directeur commercial de l'Enasel concernant les boulangers fabriquant du pain avec un sel non iodé. « Le problème est l'absence de contrôle et le non-respect des normes. Ici on utilise 2,5 à 3 g de sel pour une baguette de pain quand l'OMS préconise 0,5 g », explique-t-il. A le croire, le contrôle « est complètement défaillant ». « Le manque d'ouvriers qualifiés est pour beaucoup dans la dégradation du métier », a-t-il fait remarquer.