Environ 6,3 millions d'Ivoiriens sont appelés à voter, demain, lors d'un référendum sur une nouvelle constitution voulue par le président Alassane Ouattara. Le taux de participation en sera le principal enjeu. « Oui à la modernité », « Oui à la paix » prônent les affiches placardées dans le pays par le pouvoir pour lequel le projet de constitution doit permettre de stabiliser le pays. Selon le pouvoir, la nouvelle constitution évacue le concept d'« ivoirité » en clarifiant les conditions d'éligibilité du président. Pour l'opposition, le texte est « rétrograde » et « monarchique ». Le texte prévoit la création d'un poste de vice-président. Si la constitution est acceptée, le président doit nommer un vice-président qui aura toutes les chances d'être considéré comme son successeur. En outre, la constitution crée un sénat, institutionnalise la Chambre des rois et chefs traditionnels et étend le domaine de compétence du Conseil économique et social à l'environnement. Pour le président de l'Assemblée nationale, l'ancien chef rebelle Guillaume Soro qui a des ambitions présidentielles, c'est « la stabilité de la Côte d'Ivoire que le président Ouattara recherche », précisant que le pays « a souffert 25 ans d'instabilité ». Pour le politologue Jean Alabro, « autant l'actuelle constitution (de 2000) était contre Ouattara, autant celle-ci est pour Ouattara et son camp. Il organise sa succession ». De son côté, l'ensemble de l'opposition (deux coalitions distinctes) a appelé au boycottage. « Comme quelqu'un l'a dit : « Pourquoi se contenter de participer au digestif alors qu'on vous a exclu de l'entrée et du plat de résistance », a ironisé Pascal Affi Nguessan, le président du Front populaire ivoirien (FPI), fondé par l'ancien président Laurent Gbagbo, principal parti d'opposition. Il estime que le texte a été préparé « en catimini » et souligne que ni l'opposition ni la société civile n'ont été consultées. Baptisée « le Front du refus », l'autre coalition de l'opposition développe les mêmes idées. Elle a vu un de ses meetings interdit à Abidjan la semaine dernière. Quelques centaines de manifestants ont été dispersés et ses leaders brièvement interpellés. L'attitude des autorités a été épinglée par l'ONG Human Rights Watch qui estime qu'« avec à peine sept jours pour faire campagne, des ressources insuffisantes, un manque d'accès aux médias contrôlés par l'Etat et la suspension, à la veille de la campagne, de deux journaux proches de l'opposition, les partis d'opposition ont du mal à défendre leur point de vue auprès de l'opinion publique ».