Performance ■ Anissa Bensalah évolue dans le genre forró, cette musique traditionnelle brésilienne. Pétillante, exubérante, un soupçon d'extravagance, naturelle et originale. C'est en ces termes que l'on peut qualifier Anissa Bensalah, cette Algéro-Brésilienne qui a animé, jeudi, à la salle Ibn Zeydoun, à l'initiative de l'Agence algérienne pour le rayonnement culturel (AARC), un remarquable concert, mêlant des sons et des styles dans d'extraordinaires phrasés musicaux. L'artiste s'est montrée pleine de charme et d'un talent avéré, invitant le public à découvrir et à explorer son univers musical particulier, fait autant de rencontres que de fusions improbables. Tout au long de sa prestation, une découverte pour l'assistance, la jeune artiste va ainsi déployer toute son énergie sur scène en donnant le meilleur d'elle-même pour faire plaisir à son public et répondre à son attente, celle de l'écouter et de la découvrir. Anissa Bensalah, qui a baladé son public avec sa voix puissante et poignante au timbre proche des Tziganes dans une ambiance samba et bossanova propre de la musique brésilienne, évolue dans le genre forró, cette musique traditionnelle brésilienne. Par moments, elle arrange une chanson arabe façon bossa et invente le jazz dans le style andalou. Sa voix tropicale, aussi bien émouvante que démonstrative, est mise au service d'un répertoire singulier. Une musique métissée, issue de ses origines algéro-brésiliennes. Cette jeune chanteuse à fleur de peau et débordante de vie a raconté, d'une chanson à l'autre, son histoire entre rythmes brésiliens (samba, baiao) et nord-africains (musiques de transe). Sa musique est une véritable fusion identitaire. L'un des moments forts du show, c'était quand Anissa Bensalah, à la voix captivante, a, à sa façon et selon sa sensibilité, interprété des textes du poète syrien Adonis, et ce, sur des compositions de musique brésilienne. Elle a, en outre, déclamé quelques vers du poète palestinien Mahmoud Darwich, traduits en français. L'autre moment fort du spectacle, c'est lorsqu'Anissa Bensalah a interprété Ya Rayeh, et c'est sur cette chanson qu'elle conclut sa prestation, qui n'était qu'une extraordinaire performance musicale. Un véritable show, qu'elle a partagé avec le public, qui a beaucoup apprécié son répertoire musical, riche en sonorités, et qui est, d'ailleurs, le fruit de son parcours identitaire multiple. A ce propos, Anissa Bensalah, née à Haïti, a aussi vécu à Dakar, Beyrouth et Paris. C'est pour dire la richesse de ce brassage musical, une diversité culturelle qui lui a permis de forger son propre style et son genre à elle, donc d'avoir une empreinte, une personnalité musicale, la sienne. Révélée par son premier album, Matriz, en 2013, album dont elle puisera la quintessence de son concert à Ibn Zeydoun, Anissa Bensalah dévoile des fusions raffinées : cet album chanté en portugais, en arabe et en français, permet à Anissa Bensalah de dresser un panorama riche et bien à elle. A travers son spectacle, Anissa Bensalah a offert au public un dialogue raffiné et intelligent de ses diverses origines.