Résumé de la 4e partie n Pomme d'api avait dix-sept ans depuis déjà cinquante ans ! Et il n'aurait pas donné mieux que d'épouser toutes les jeunes filles de son âge. Avouez qu'il fallait un grand fonds de gaieté à Pomme-d'Api pour résister à cela. Il faisait là comme nous tous quand nous avons quinze ans : il enviait les gens de la trentaine. Il en voulait à la fée de le retenir frais et imberbe dans cet âge inférieur. – Quand donc vieillirai-je ? s'écriait-il. Et si la fée était venue lui dire que ce fameux âge mûr n'était que la jeunesse dépouillée de fleurs et d'ardeurs, il l'aurait, oui-da, bien reçue ! Joli Pomme-d'Api, vous n'êtes pas heureux, et je comprends bien que vous n'aimiez pas fée Perruque. Cependant, de temps en temps, elle l'attirait dans son palais. La première fois qu'il était descendu sous la pierre du Sablon, il avait été ébloui : les lustres des galeries étaient en sucre candi, et les colonnes en sucre de pomme de Rouen ; les tables, les armoires et les commodes des chambres étaient en marqueterie de diamants d'Alençon. Mais un certain jour, en passant auprès d'un cabinet qu'il avait toujours vu fermé, et dont la porte se trouvait par malheur entr'ouverte, il aperçut, – vous devinez quoi ? – cent cinquante perruques alignées comme les femmes de Barbe-Bleue, et sur les consoles, tout autour, deux à trois mille pots de pommade, de parfums, d'eaux de senteur, d'onguents, de poudres, le tout exhalant une odeur à renverser un perruquier. Pomme-d'Api ne dit mot sur le moment et fit semblant de n'avoir rien vu ; mais le lendemain, quand il repassa avec la fée devant la porte du cabinet : – Qu'y a-t-il donc là ? lui demanda-t-il ; vous ne m'avez jamais montré cette chambre. – Rien, rien, rien, répondit la fée Perruque en rougissant : c'est un cabinet, c'est un cabinet où je fais... un cabinet où je dépose... un cabinet où je mets mes balais et mes plumeaux. – Hum ! hum ! dit le malin en mettant l'œil et le nez à la serrure, comme ils sentent bon, vos balais, chère fée ! Ils sentent la pommade, ils sentent la pommade ! Et toutes les fois qu'il repassait devant le cabinet : – Ça sent la pommade ! disait-il en se pinçant le nez, ça sent la pommade ! La malheureuse fée tombait dans le désespoir, car elle aimait toujours Pomme-d'Api, et elle voyait bien que tout ce qu'elle avait fait jusque-là pour lui plaire avait tourné contre elle ; et pourtant quelles séductions n'avait-elle pas essayées ! A suivre Charles-Philippe de Chennevières-Pointel