Le championnat de football algérien affublé du titre pompeux de «professionnel» donnait déjà l'air d'avoir du plomb dans l'aile depuis au moins quatre saisons, tant les problèmes qui l'agrippent restent chroniques voire structurels en attente de soins en profondeurs. Aujourd'hui, le championnat est brutalement soumis à une trêve à rallonge d'autant plus incompréhensible qu'elle n'a pas été prévue à l'avance comme l'a été un certain oukase absurde imposé au clubs concernés par les compétitions africaines, sous prétexte qu'il faudrait respecter scrupuleusement la programmation. L'argument de l'élection présidentielle et de la campagne qui l'a précédé a du mal à convaincre les observateurs. D'autres pays dans le monde où le championnat de football engage de gros moyens humains, logistiques et aussi sécuritaires ne peuvent se permettent de chambouler le programme pour cause de vote. Seules les conditions météorologiques impossibles ou un état d'exception obligent à opter pour des reports. C'est que l'activité sportive professionnelle engage trop d'acteurs comme les télévisions et les annonceurs pour se permettre des trêves à l'envie. Sans parler de l'imposant magistère de l'Uefa qui ne badine point avec la rigueur. Il est évident que le football algérien est particulièrement mal en point au niveau domestique. L'équipe nationale présente en Coupe du Monde pour la seconde fois consécutive et unique représentante du monde arabe dans cette grande compétition planétaire en juin prochain n'est point le reflet de l'image du football national, en état de vulnérabilité permanente. Ainsi les instances du football devraient caser six journées en 29 jours afin de clore l'exercice actuel avant la date fixée par la Fifa. Une mission difficile lorsque l'on connait les déficiences en matière d'organisation de la Ligue. Les dernières journées du championnat seront particulièrement tendues voire explosives. Si dans le haut du tableau le nom du champion se profile déjà à l'horizon, en ce qui concerne la queue de peloton les ultimes journées devraient être cruciales pour l'avenir de certains clubs concernés par la relégation. Ces rencontres se jouent d'habitude sous haute tension et requièrent une attention particulière à différents niveaux. Cette trêve «spéciale» qui fait déjà grincer des dents les techniciens et entraîneurs compliquera immanquablement la tâche des organisateurs pour la suite. Sans parler des dégâts en termes d'image d'un exercice déjà un peu trop dévalorisé. Chose qui ne fera qu'accentuer la désaffection du public algérien, dont au moins une partie s'identifie déjà, et de manière ostentatoire, à des clubs de pays étrangers. M. B.