Mohamed Rahmani Passée la campagne censée éradiquer le commerce informel, c'est un retour en force de cette activité illicite pernicieuse pour l'économie nationale, mais aussi pour la santé publique. En effet, ces vendeurs qui ont élu domicile sur les trottoirs et les espaces publics qu'ils squattent à longueur de journée, sous l'œil impassible des agents de police postés pour sécuriser les lieux, fourguent leurs marchandises sans se soucier ni de l'origine de ladite marchandise, ni de sa conformité par rapport aux normes admises et encore moins de ses effets nocifs sur la santé des consommateurs. Ces marchands se contentent de vendre le plus possible en baissant les prix pour faire encore plus de bénéfices sans payer un sou à l'Etat. Ces produits, pour la plupart contrefaits, représentent un véritable danger pour les consommateurs qui sont trompés par les étiquettes portant des marques mondialement connues. Attirés par le prix relativement bas par rapport à ceux pratiqués dans les magasins, les citoyens achètent sans se douter que ces articles sont de pâles copies et sont faux avec en plus un risque pour leur santé. Les produits en question sont importés de Chine et sont en apparence semblables à ceux fabriqués en Europe. Design, emballage, flacon, sigle, et même la griffe sont identiques et peuvent induire en erreur le plus avisé. La contrefaçon a investi le secteur du cosmétique et de la parfumerie et le marché est inondé de ces produits à Annaba, où on en trouve à chaque coin de rue, et même dans certains magasins qui s'y sont mis en pratiquant des prix plus ou moins chers que ceux proposés par les vendeurs dans la rue pour faire croire au client à leur authenticité et qu'il s'agit de produits certifiés d'origine. Une arnaque pratiquée par des commerçants véreux et sans scrupules qui ne s'embarrassent pas trop et font croire à leurs clients, surtout la gent féminine, que leurs produits sont les meilleurs parce que d'origine garantie. En vérité, ces produits, pommades, gels, crèmes pour la peau, pour le visage, pour les cheveux, shampooings et autres pour les soins corporels, sont dangereux et peuvent provoquer des maladies de la peau et parfois même des cancers selon des spécialistes. Mais cela n'inquiète guère les consommateurs qui se bousculent, attirés par les prix et les marques affichées, chacun voulant son produit et croyant faire une affaire. Comme si cela ne suffisait pas, on est passé à la vitesse supérieure puisque maintenant ce sont des fourgons pleins à craquer de ces produits et articles stationnés dans la rue et qui vendent leurs marchandises à la criée. Des produits qui ne sont nullement contrôlés et qui continuent à être vendus sans pour autant que cela ne suscite quelques réactions des autorités censées réprimer ce type d'activités. Les marchandises en question arrivent par conteneurs et atterrissent à El Eulma (w. de Sétif) ou à Tadjenanet dans la wilaya de Mila, où on trouve de tout, principalement le made in China, des produits contrefaits qui ne répondent à aucune norme et que les importateurs payent en devises fortes. La question qui se pose est comment ces marchandises ont pu pénétrer sur le territoire national alors qu'elles sont censées avoir été contrôlées au niveau des frontières aériennes, maritimes ou terrestres ? Cette défaillance en amont a permis ce foisonnement de produits dangereux que les Algériens consomment sans se douter que cela peut nuire à leur santé, croyant que les marchandises en question ont été contrôlées et donc bonnes à être utilisées. À la direction du commerce d'Annaba, à la sous-direction du contrôle de la qualité et de la répression des fraudes, on nous a fait comprendre que la vente sur la voie publique n'est pas de leur ressort et de ce fait ils ne peuvent contrôler la conformité de ces marchandises ou produits. L'espace public, les rues et les trottoirs relèvent de la commune, qui peut réquisitionner la force publique pour interdire cette pratique commerciale illicite. Cette institution réagit par à-coups pour rétablir un semblant d'ordre pendant quelques temps pour ensuite mettre en veilleuse cette campagne et «l'oublier». L'absence d'associations de consommateurs qui devraient conseiller les citoyens et attirer leur attention sur la dangerosité de ces produits, sur les effets nocifs sur leur santé a encouragé les revendeurs à investir encore plus le marché si bien que, de nos jours, on ne trouve presque plus de produits authentiques car tués par la contrefaçon. À ce jour, aucune association ou groupe n'a appelé à boycotter ces produits et le consommateur, n'étant pas suffisamment informé, continue à se faire arnaquer par ces commerçants sans foi ni loi. M. R.
