Ce n'est pas un déni de la réalité que de soutenir que dans le sport algérien les dirigeants n'ont pas à se faire de soucis à l'heure de la reddition des comptes. Pour la simple et unique raison qu'il n'y a plus cette culture de rendre des comptes à des instances dûment outillées pour se prononcer sur le sujet. Ce n'est pas aussi faire parjure à ces mêmes instances, notoirement en déficit de légitimité, si l'on signale une gestion approximative où on feint ne de ne pas distinguer une politique d'un programme. Où on confond gestion et laisser-aller ! La planification rationnelle doit bien attendre. C'est l'exemple que nous donne le football national, qui n'arrive pas à préparer sa présence en Coupe du Monde dans la sérénité. Contrairement à ce qui se fait dans les autres sélections où on réunit les conditions favorables pour réaliser des performances, l'Algérie semble procéder autrement. Le flou entretenu autour de l'avenir du sélectionneur national pose un sérieux problème dans la gestion d'une équipe nationale. Et ne pas avoir tranché la question relative à l'avenir -maintien ou séparation- d'un sélectionneur à l'orée d'un Mondial risque de compromettre le présent de toute la sélection. Ce n'est pas un hasard si on constate qu'ailleurs, elles sont nombreuses les fédérations à avoir décidé de prolonger le bail de leurs sélectionneurs. Chez nous, le «management» repose sur une autre conception. On fait comme si représenter les couleurs nationales dans les compétitions régionales et mondiales les plus médiatisées est une simple affaire courante. Et à force de collectionner défaites et contre-performances, on a fini par ne plus travailler pour gagner. On se contente de vendre le rêve d'aller gagner sans avoir réuni les conditions d'une performance, ni celles qui permettraient à une sélection de mieux évoluer. La fabulation prend dès lors le dessus sur ce qui devrait être une gestion rationnelle de la discipline. Le tout sur fond de prise d'otage du sport national où l'argent, généralement celui ducontribuable, coule à flots pour des résultats ridicules. C'est manifestement une nouvelle maladie qui s'invite chez nos dirigeants où on cède facilement à la tentation de crier victoire avant même de disputer la compétition. On fait même mieux dans le sens où on annonce les résultats ciblés dans les finales avant même de passer le test des primaires. Et comme ils n'apprennent rien de leurs échecs, ils nous promettent des résultats meilleurs. Pas dans le moyen terme, mais dès les mois prochains. Pourtant, aucun enseignement n'a été tiré des récents et récurrents échecs. Sur ce terrain, les fabulateurs ont un bel avenir ! Ils mettent la discipline en avance d'un amateurisme. A. Y.