La sixième édition du Festival culturel international de musique symphonique (Fcims) se poursuit au Théâtre Mahieddine-Bachtarzi (TNA), avec au programme de la soirée de mardi passé, le Quatuor de Yokohama sinfonietta, du Japon, Karnas Trio de Pologne et le fabuleux Orchestre symphonique de la Radio nationale ukrainienne. Les mélomanes présents au TNA ont ainsi voyagé dans différents univers, valsant entre douce rêverie, découverte déconcertante et subjugation. Ainsi, le quatuor japonais a offert aux présents de doux instants musicaux avec la sonate pour violon d'Akira Ifukube : Violin et And then I knew ‘twas Wind de Toru Takemitsu pétrie du romantisme et de l'élégie de la nature de l'esprit de Debussy. Sur un ton plus trépidant le quatuor de Yokohama sinfonietta a interprété le souvenir d'Amérique, on Yankee Doodle, où la retenue a laissé place à l'extravagance. Pour leur part, le Karnas Trio a déconcerté le public par son approche expérimentale de Chopin et de sa propre composition, plus proche des tonalités Jazzy que des normes classiques, avec une grande liberté d'improvisation où la voix se joue du scat dans une ambiance feutrée loin des paradigmes classiques. Cette cinquième soirée du festival a été marquée par le passage des représentants de l'Ukraine. Le public a été subjugué par le sublime passage de l'Orchestre symphonique de la Radio nationale ukrainienne, dirigé par Volodymyr Sheiko. Le chef d'orchestre ukrainien a réussi à créer une atmosphère conviviale, faisant éclater les aspects guindés de la musique symphonique où la sobriété était exprimée seulement dans la rigueur et la justesse du jeu musicale. Le programme de l'orchestre ukrainien commença tout en douceur avec le quatrième mouvement Symphonie de Mendelssohn et le 2e mouvement de la Symphony n° 1 de Prokofief. Largement applaudi par les présents. Puis l'ambiance et l'admiration du public sont montées crescendo avec la virtuosité vertigineuse de la soliste Olena Shabelska, amplifiée par les autres musiciens de l'orchestre lors de l'interprétation du deuxième mouvement du concerto Marimba d'Emmanuel Sejourne. Le public, tombé sous le charme de la soliste et des musiciens ukrainiens, a été complètement envoutée grâce à l'allégresse avec laquelle ont été interprétées les autres pièces musicale choisies de Beethoven et Strauss. Le final du programme sera avec la célèbre partition du compositeur américain Leroy Anderson, qui a été un véritable feu d'artifices de notes scintillantes s'envolant dans les airs comme des milliers d'étoiles filantes, dont l'éclat se reflète dans les yeux des présents ébahis par la beauté ensorcelante de l'interprétation de cette pièce, qui exige une maitrise technique infaillible, comme sur le clavier d'une machine à écrire, tout en préservant la légèreté. À la dernière note, c'est un tonnerre d'applaudissements qui salue l'Orchestre symphonique de la Radio nationale ukrainienne et son maestro. Tout au long de son riche programme, le maestro Volodymyr Sheiko s'est adapté à l'esprit méditerranéen du public en décloisonnant les barrières entre la scène et le public créant une véritable conversation musicale interactive entre lui et les membres de l'orchestre. Le Maestro s'est même permis la fantaisie de diriger de sa baguette l'intensité des applaudissements, créant une atmosphère euphorique où les bravos étaient scandés à maintes reprises après chaque pièce musicale. C'est dans cet esprit de symbiose et du partage de la joie de vivre que l'ensemble des musiciens, la divine soliste Olena Shabelska et le maître de cérémonie Volodymyr Sheiko, ont décidé d'offrir debout en remerciement pour le standing ovation du public une ultime pièce, Le Chevalier de la rose de Richard Strauss, une ode à l'ivresse des sens, où les cordes caressantes enlacent l'ardeur des cuivres ponctuée de soupirs éthérés afin de sublimés ces instants fugaces où le temps est suspendus pour que jaillisse la musique dans toute sa splendeur. S. B.
