L'espace public est, de nos jours, de moins en moins sûr pour les enfants non accompagnés. La forte motorisation, la pollution et la dégradation des mœurs et des rapports sociaux sont autant de risques encourus. Les familles préfèrent garder leur progéniture à la maison en permanence pour éviter les mauvaises surprises. Les jouets se sont conséquemment substitués aux jeux collectifs d'antan. Afin de les distraire, les parents, aujourd'hui plus qu'hier, accèdent facilement aux caprices de leur progéniture en la matière. Plus casaniers que leurs aînés, les bambins «indisposent» beaucoup leurs parents. Ces derniers se rabattent sur les jouets pour les occuper. Les maisons de cadeaux et les boutiques dédiées aux effets pour enfants fleurissent un peu partout. Le marché regorge de joujoux. Il y en a pour tous les goûts et tous les prix. On en trouve des babioles locales et beaucoup de produits d'importation. Ce sont, surtout, les gadgets estampillés «made in China» qui prédominent. Ils représenteraient, selon les spécialistes, plus de 90% du marché national du jouet. Les nounours de coton, les mannequins en plastique, les miniatures de voitures et de camions, les petits pistolets à eau, les poupées, les figurines de dessins animés, les livres de coloriage, les puzzles ornent les rayons des magasins. À l'achat, les parents sont généralement peu regardants sur la qualité et les caractéristiques de l'objet. «Le prix, la facilité de l'usage et le goût de l'enfant dictent leur choix», explique Khaled, jeune boutiquier au quartier populaire d'Ihaddaden à Béjaïa, en soulignant que les acquéreurs ne s'interrogent que très rarement sur d'éventuelles implications pour la santé de leurs chérubins. Bien évidemment, les industriels suggèrent toujours aux parents de surveiller les parties de jeu, mais dans la réalité ils sont peu nombreux à en tenir compte. Le but recherché étant justement de s'en libérer pour pouvoir vaquer aux occupations quotidiennes. Beaucoup de ces gadgets sont assemblés par de petites vis ou fonctionnent avec des piles chimiques. D'autres sont bourrés de fils électriques ou contiennent des aimants. Brisé, le jouet constitue un danger certain pour la petite enfance. C'est pourquoi il convient d'être attentif à cet aspect de la chose. Les médias, à travers la couverture de plusieurs affaires relatives au retrait de jouets jugés dangereux du marché, contribuent progressivement à une prise de conscience collective à ce sujet. «En général, mes clients penchent pour les peluches, les poupées en tissus, les ballons en plastique, les petites baignoires et les jeux d'assemblage, en raison de leur longue durée de vie», note Adel, un marchand de la ville de Kherrata. Retenons que la préférence manifestée ici pour des jeux visiblement inoffensifs est principalement dictée par la durabilité et non par un quelconque souci de sécurité. Un déficit de vigilance qu'on doit absolument combler pour éviter bien des drames. Les services des Douanes sont appelés à redoubler de vigilance pour empêcher l'entrée de ces produits sur le marché national, et les parents ne doivent plus, désormais, compter sur les jouets pour «occuper» leurs petits. Une fois mis en vente, agents de la répression des fraudes doivent aussi accorder davantage d'importance à la question. Désormais, la menace n'est plus circonscrite à la rue et aux espaces communs, elle est dorénavant partout. Les parents doivent constamment veiller, eux-mêmes, pour le bien-être de leurs enfants. K. A.