La victoire a toujours raison. Elle donne raison au coach qui gagne. Les choix qu'il fait sont bons ou mauvais, selon le résultat. En cas de succès, même quand ils sont mauvais au départ, ils sont bons à l'arrivée. Alors, à quoi ça sert de prendre de bonnes options, si, à la fin, la défaite est là ? Surtout si l'élimination de l'équipe est la sentence finale. Bon, l'Algérie s'est qualifiée pour les quarts, et ce fut l'essentiel. Et, épaule d'agneau méchoui sur le couscous, elle l'a fait avec la manière et le bon esprit. Nos Verts ont joué un match d'hommes et les Fennecs furent des lions. Contre la puissance physique des félins Sénégalais, il y avait mardi soir ce petit quelque chose qui leur avait manqué avant. Les Algériens ont donc retrouvé cette «grina» algérienne, cette niaque des combattants qui savent ajouter au défi athlétique l'intelligence des situations de jeu. Il y avait de la hargne sous les crampons et deux buts de pieds adroits et impitoyables. Sénégal-Algérie fut surtout une bataille aérienne que Brahimi et ses frères ont remportée grâce à leurs sauts prodigieux de puces ! Puissance sénégalaise dissipée par une résistance algérienne : effet Joule garanti ! Le mathématicien Gourcuff, qui connaît évidemment cette loi de la physique, a même reconnu qu'il n'avait jamais vu dans sa carrière de footeux et d'entraîneur une physionomie de match pareille. Une partie où le ballon était souvent dans les airs. Homérique fut donc la partie durant laquelle le roseau algérien a parfois plié mais sans jamais rompre. Enseignement fondamental de ce premier tour, cette équipe a de l'esprit, du cœur et de l'estomac. Autre morale de la belle histoire, son Breton d'entraîneur qui savait mourir pour ses idées, sait finalement être souple. Il s'adapte aux aléas du jeu, à l'adversaire. Fait peu courant, il a troqué son sempiternel 4-4-2 contre un 4-1-4-1 qui convient le mieux à la pression et aux temps forts du rival du moment. Contre les Lions de la Téranga, Gourcuff a fini par faire du Halilhodzic ! Changement dans la continuité. Mais dans quatre jours, ce sera une autre paire de manches. On saura alors, contre un antagoniste issu du groupe «D» des nuls parfaits, de quel bois se chaufferont les Algériens. Et, plaise à Dieu, à quelle sauce son futur challenger sera mangé par des Fennecs qui veulent boire dans le Saint Graal. Déjà que les augures sont bons. L'EN dispose d'un jour de préparation de plus que son futur belligérant. La pelouse, bien qu'imparfaite, est meilleure que celle de Mangomo. L'hôtel, plus confortable. Et, par-dessus tout, un moral au firmament. Alors, que demande le peuple des wantoutristes ? Vaincre encore, même sans gloire. Pour que le triomphe en finale, soit un jour de vraie... gloire. N. K.
