A. Lemili Aucun exutoire entre-temps, si ce n'est les salles des villes, voire des onze communes satellites, lesquelles, bien entendu, n'ont jusque-là servies qu'à accueillir un semblant d'activité dédié à la jeunesse locale, lorsqu'il arrive que l'on se souvienne d'elle, et, dans le meilleur des cas, à des meetings politiques, avec l'assurance de cibler les petites gens du pays profond, qui ne se font d'ailleurs pas prier pour rejoindre lesdites salles, attirés plus par les attitudes curieuses des membres des délégations hôtes que par le discours politique, et encore moins par parti pris partisan. Dans cet ordre d'idées, l'alternative pour la direction de wilaya de la culture a été de se rabattre sur la ville du Khroub, la seule à même de disposer d'un centre culturel «potable», lequel, faut-il le concéder, a accueilli une overdose d'activités dont la particularité est de n'avoir quasi régulièrement intéressé que très peu de monde. La raison ? La population khroubie en général et les jeunes en particulier ont de tout temps été en retrait de l'activité culturelle, à moins qu'ils ne soient conviés pour un spectacle de «haute» facture comme celui consistant en le passage d'une vedette du raï. Autant dire que par les temps qui courent, bénéficie du statut de star tout artiste auquel des circonstances particulières accordent ponctuellement des faveurs du fait qu'il ait récemment sorti un tube qui fait danser ou pleurer dans les chaumières. D'un autre côté, la cheville ouvrière à l'origine d'une désaffection qui aurait pu être sans doute moindre, est la communication, pour ne pas dire l'absence de communication, digne de ce nom et que l'Office des sports, la culture et le tourisme (Oscult), ce machin à vocations multiples, n'est jamais arrivé à installer et roder. L'Oscult, créé il y a un peu plus d'une année, se déchire quelque peu dans l'organisation de tous types d'activités, sa responsable ayant à sa décharge d'abord d'être une femme dans un univers totalement machiste, ensuite une artiste et enfin seule au front. Les services de la commune dont relève l'Oscult donnant l'impression de plus privilégier les aides, toutes natures confondues, non lucratives, ce qui relève quand même de l'utopie quand les parties sollicitées connaissent pertinemment le côté très dispendieux des activités pour lesquelles elles sont invitées à contribuer à titre gracieux. Durant tout ce temps, les responsables de l'Institut de France (IF) ont bien entendu gardé le cap, mais il n'en demeure pas moins clair que les riches programmes proposés chaque semaine au public servent plus le rayonnement culturel du pays dont ils sont les représentants que la culture locale. Quoi que de temps à autre, l'IF organise des spectacles consacrés aux cultures et arts du terroir. 2015 et la manifestation précédemment évoquée devraient permettre de rattraper le retard, mais faudrait-il encore que les habitants de la wilaya de Constantine partent à chances égales par rapport à ceux du chef-lieu de wilaya pour pouvoir assister sans discrimination à une activité bien précise. Ce qui ne risque pas d'être le cas. Il suffirait pour cela de retenir les propos lancés, il y a quelques jours, au cours d'une conférence de presse des membres du commissariat, en l'occurrence Mme Souici, responsable de la cellule de communication, pour comprendre que le bénéfice de l'essentiel des programmes iront aux personnes qui habitent à Constantine, à un degré moindre à ceux de Zouaghi et éventuellement de la nouvelle ville Ali-Mendjeli, pour peu que tout ce beau monde dispose de moyens de locomotion. À ce sujet, la responsable de la cellule de communication avait déclaré : «Pour ceux qui n'auront pas l'opportunité d'arriver jusqu'aux lieux où sont programmées les activités, des spectacles seront déplacés in situ dans leur zone de résidence.» Sauf que ce qui n'est pas dit, il parait pour le moins ubuesque de déplacer un orchestre philarmonique dans une salle omnisports ou sur une place public pour au moins une raison : l'acoustique et autant ne pas gamberger sur le reste des conditions logistiques. En fait, les organisateurs semblent d'ores et déjà douter de leur capacité à assurer un plan et un programme de transport cohérent qui permettrait de régler comme du papier à musique le déplacement de centaines, voire de milliers, de personnes d'un point à un autre d'autant plus que selon les propos tenus précédemment par les différents responsables ledit transport pourrait être fait gratuitement. Quoiqu'il en soit, la rupture est dans les têtes et il est peu évident que les habitants de la ville des ponts adhèrent massivement à la manifestation. Les possibles raz-de-marée populaires qui pourraient avoir lieu ne le seront qu'avec la présence sur scène de stars orientales de la chanson et évidemment les chebs Khaled, Mami, Billal, lesquels servent à chaque fois d'alibi aux membres du commissariat lorsqu'il s'agit de communiquer la nature des plateaux. A. L.