Beau sujet que l'environnement. Ecosystème, fonds marins, faune, flore, développement durable, organismes génétiquement modifiés...une légion de mots qui fait bien quand le sujet est abordé et que l'on puisse y coller. Dès lors, l'individu lambda devient sortable dès l'instant où il peut tenir dans une conversation sur le sujet. Cela fait bien et ça ne stigmatise pas outre mesure son bonhomme. Bien entendu, dans les chaînes de télévision spécialisées, Nicolas Hulot, José Bové sont même arrivés à donner un visage très amène à la lutte pour la protection de l'environnement de façon globale. Au jour d'aujourd'hui, aucune personnalité du monde du showbiz, les hommes politiques, les grands patrons et surtout les plus grands pollueurs ne se hasarderaient à ne pas en faire leur la cause. Bien entendu d'abord parce que c'est un sujet clean qui ne risquera jamais de se tarir, ensuite il a un pouvoir d'aseptisation. Prenons l'exemple des grandes firmes de l'industrie pharmaceutique, des produits phytosanitaires, de matériaux de construction, plus elles amochent l'environnement et plus elles polluent autrement l'ambiance en arrosant à tour de bras. Leurs responsables récupèrent le centuple de leur mise en dénonçant les méfaits des produits que leurs entreprises mettent sur le marché. Pour le moment en Algérie, la protection de l'environnement se limite à prendre soin d'espaces attenants à des établissements publics et autres institutions et, par ailleurs, à hauteur de quelques parcs et jardins publics, lesquels auront nécessité un pharamineux investissement. Il y a également les campagnes de reboisement, de toilettage de cités lesquelles, trois jours plus tard, retrouveront leur saleté habituelle et presque quasi naturelle. Quel constat faire ? La notion même de responsabilité parmi les citoyens est diffuse, voire inexistante alors qu'elle pourrait être le fondement même de l'affirmation de leur personnalité. Il serait bien entendu inenvisageable d'attendre que nos concitoyens prennent faits et cause pour la lutte contre les OGM, car faudrait-il encore qu'une association de l'environnement digne de ce nom, et dont la démarche essentielle va vers toute politique et programme visant à mettre en place et préserver un développement durable, puisse encadrer tout individu désireux de faire de cette voie la sienne. Bien entendu, tout cela devrait commencer au sein de la famille, notamment auprès des enfants qui ne vont pas encore à l'école, celle-ci devrait assurer la suite de manière précise, ordonnée compte tenu des moyens pédagogiques. Or, le nombre d'associations activant en ce sens, c'est-à-dire l'environnement, sont très peu nombreuses et si tant qu'ils s'en trouvent qui «bougent», ces dernières se limitent à une présence très officielle, et plus précisément quand elles sont actionnées, sinon elles ont pour dénominateur commun d'organiser des portes ouvertes les jours de la commémoration de la Journée internationale de l'environnement et, dans le meilleur des cas, celles de l'enfant ou de l'arbre. Au fond, toutes les associations n'ont pas les moyens de faire face à la volonté délibérée ou non des opérateurs économiques, industriels publics et/ou privés de dégrader l'environnement, comme elles n'ont aucune politique qui irait dans le sens de sensibiliser les millions de citoyens et plus particulièrement ceux des cités béton essaimées à la périphérie des grandes villes quant à l'amélioration de leur propre cadre de vie. Au-delà des espaces verts censés faire partie du décor et figurant d'ailleurs sur les plans et les maquettes de réalisation des grandes cités, il y a tout également les aires de jeu, les bassins d'eau, l'implication des associations gagnerait si leurs membres avaient un tantinet de force d'engagement, volonté de persuasion, de disponibilité, de don de soi pour mobiliser les habitants des cités-béton évoquées. L'autre triste exemple est donné par les bidonvilles érigés ici et là et dont des représentants se targuent d'être à la tête de l'association, ceux-là même qui sont les premiers à tenir le siège d'une mairie, une daïra, de fermer les voies de circulation au lendemain d'une distribution de logements sociaux parce qu'ils ne figurent pas parmi les bénéficiaires alors qu'ils vivent à flanc de montagne, de rivière et surtout à proximité des monticules d'immondices en plus de toutes sortes de rongeurs, rampants. Des monticules d'immondices qu'ils n'arrêtent pas d'amplifier et rarement, sinon jamais, d'éliminer pour préserver au minimum la santé de leurs proches, notamment les enfants. Des enfants qui, à leur tour, pourraient persuader leurs parents à témoigner plus de respect à l'environnement si eux-mêmes avaient eu la chance qu'on leur apprenne à l'école ce qu'est la couche d'ozone, les risques induits par une frénésie dans le domaine du bâtiment, la gestion de l'eau, la pollution par les transports, les comportements humains. À l'heure actuelle, les démarches faites dans le cadre de la préservation de l'environnement sont littéralement sorties du cadre du militantisme pour entrer dans celui de la professionnalisation. Toutefois, cet aboutissement ne saurait être envisagé sans ledit engagement militant. Ce qui relève de l'onirisme pour les Algériens, même si certains croient qu'avec la multiplication de petites entreprises de création et gestion des espaces verts lancées dans le cadre d'un dispositif social, le problème est réglé. D'ailleurs à la tête de la majorité de ces petites entreprises créées dans des circonstances bien précises, rares sont parmi les travailleurs et le premier responsable qui aient eu une formation en ce sens. Mais pourquoi s'en inquiéter puisque il y a unanimité sur la question entre acteurs sur le terrain et pouvoirs publics et, bien évidemment, démission sinon ignorance de la classe politique. A. L.