L'intoxication, ces derniers jours, d'une dizaine de personnes dans la wilaya de Batna est vraisemblablement due, en attendant les résultats de l'Institut Pasteur, à la consommation d'un produit en l'occurrence le cacher de consistance douteuse. Une telle affaire n'est pas sans rappeler celle de triste mémoire de la fin des années 1990 dans la région de Sétif qui eu effet d'onde de choc sur deux ou trois autres wilayas occasionnant plus d'une quarantaine de morts et près d'une centaine de personnes sévèrement atteintes. Dans cette affaire toujours, les services de la DCP avaient joué le jeu et procédé bien avant sa survenance à la fermeture des locaux du producteur concerné pour des défauts de fabrication. Celui-ci est passé outre et, par voie de conséquence, a carrément continué son activité dans la clandestinité, et ce, jusqu'au drame évoqué. Quinze années sont passées et les habitants de l'est du pays semblent se retrouver, même s'il est d'une nettement moindre dimension, face à un remake de ce qui c'est passé dans la wilaya de Sétif. Quelles conclusions en tirer ? D'abord que la situation a évolué dans le bon sens dans la mesure où si, épars, les cas d'intoxication notamment en cette période demeurent d'Est en Ouest et du Nord au Sud, désormais de moindre ampleur et autant le dire, même s'il n'y a pas lieu d'en tirer gloire, sans grande et réelle gravité. Exception faite de ce qui s'est passé à Batna, il n'en demeure pas moins que place doit être laissée au plus grand étonnement devant la frénésie d'achat des Algériens au cours de cette première quinzaine du mois de Ramadhan et inversement le peu d'incidents survenus et ayant porté atteinte à leur intégrité physique. Ce n'est pourtant pas faute de multiplications d'étals de commerces informels alignant des produits aussi douteux que leur exposition aux poussières, soleil, proximité d'animaux errants, de mains diverses pour les tripoter, les arroser ou changer leur position dans le but de leur conférer une meilleure exposition en plus, évidemment, du risque que tous ces produits en question ne soient pas du jour. Ce qui n'est pas sans danger pour ceux entrant dans une préparation domestique et exigeant recours de divers intrants à l'origine déjà douteuse. Dans tout ce capharnaüm que peuvent finalement faire les services du contrôle, auxquels il est si facile de jeter l'anathème, quand en premier le citoyen, ce client éternel et inconscient se désengage totalement de sa propre protection. Du pain à la montagne de pizzas rouge hyper-colorée, à la cargaison de petit-lait déjà prêt dans des bouteilles en plastique dont il faudrait s'interroger sur les conditions de collecte, en passant par tous les pains et autres brioches dont les dorures ou les surfaces saupoudrées de sucre fin, de miel (en réalité d'une substance sucrée) tout s'achète, toute se vend et forcément le plus gros se jette. Que pèseraient, par voie de conséquence, toutes les mises en garde des services concernés et plus particulièrement des ministères du Commerce, de la Santé et des campagnes engagées en ce sens pour sensibiliser les populations et surtout appeler à la prévention si entre-temps ces dernières (populations) passent outre parce qu'otages de leurs entrailles d'abord et à l'encéphale lobotomisé. Pourtant, ce ne sera pas faute de conscience, une fois le jeûne rompu, que nos concitoyens comprendront qu'ils ont joué avec le feu et sans doute, pour d'autres, frôlé de justesse un risque réel. Mais à ce sujet, il n'y a pas de mouron à se faire, ils reprendront la même attitude et surtout les mêmes risques le lendemain. Rien que pour cela, il semblerait malhonnête d'imputer d'autorité aux responsables des pouvoirs publics la survenance de tout incident si en premier et en sa qualité de principal concerné le consommateur ne prend pas les mesures, ses mesures, de protection d'usage et surtout les plus élémentaires. Enfin, l'absence dans le débat des associations de protection des consommateurs est confondante. A. L.